Retour de 26 trésors royaux béninois : « aucun souci à avoir quant à leur valeur sacrée », rassure Gilles Gohy

Dans quelques semaines, 26 trésors royaux béninois regagneront leur terre indigène. Cela suscite des sentiments de joie et de fierté au sein du peuple. Ces contentements observés ci et là sont toutefois couverts de doutes et d’inquiétudes. En effet, des citoyens ne prétendent pas que les fameux objets culturels aient toujours leur puissance spirituelle. « Et si les œuvres étaient désacralisées, donc anéanties de substance mystique ? », craignent certains citoyens.

En bon intellectuel défenseur des valeurs endogènes, le socio-anthropologue Gilles Expédit GOHY lève l’équivoque et rassure l’opinion publique. À l’issue d’une interview accordée ce 29 octobre 2021, à la radio nationale, l’Universitaire a expliqué qu’un objet auparavant sacré qui aurait été malencontreusement désacralisé peut aisément être re-sacralisé.

« Le savoir de resacralisation existe toujours, poignant, bien entretenu et pérenne. Et le savoir-faire y afférent est aussi bien appréhendé, à la grande satisfaction des dignitaires et gardiens des Temples et Ésotérismes », a-t-il laissé retenir pour persuader qu’il n’y a donc aucun souci à avoir quant à la valeur intrinsèque des œuvres d’art de retour le 10 novembre prochain.

(Lire ci-dessous, l’intégralité de la tribune du professeur relative à l’interview accordée à la radio de l’ORTB)

À l’issue de l’interview que j’eus le privilège d’accorder à la Radio de l’ORTB, ce 29 octobre 2021, je fis l’agréable constat suivant, corrélativement à une préoccupation légitime : il y a encore beaucoup de personnes franches et spontanées au Bénin, soucieuses de participer à toutes les dimensions de la vie sociale du pays.

Hormis leur unanime satisfaction relative au retour au Bénin, le 10 novembre 2021 des 26 objets culturels et cultuels, leur préoccupation sus mentionnée est récurrente : et si ces objets tant attendus au Bénin étaient déjà désacralisés, donc vides de substance mystique fécondante?

Devant la pertinence de la préoccupation, j’ai alors, en bon intellectuel défenseur des valeurs endogènes béninoises, jugé opportun de publier ce texte pour anticiper sur le désarroi potentiel des autres personnes qui n’ont pas pu m’exprimer au téléphone leur désarroi.

D’autres voix de traditionnalistes autorisées pourront le confirmer, car voici ce qu’il faut retenir.

Advenant le cas où les 26 objets attendus auraient été erronément désacralisés, il n’y a pas de souci à avoir : un objet auparavant sacré qui aurait été malencontreusement désacralisé peut aisément être re-sacralisé, c’est-à-dire, peut retrouver sa charge de déité initiale grâce aux savoir et savoir-faire subséquents. En fait, au Panthéon des valeurs endogènes, est toujours accessible aux Initiés, le répertoire des savoirs et savoir-faire. C’est ce répertoire qui rend toujours fonctionnel et opératoire le Verbe Fondateur Primordial. C’est ce qui permet la survie pérenne des connaissances endogènes qui ont ainsi résisté aux temps et aux agressions corrélatives.

Dans le cas précis du Bénin, le savoir de resacralisation existe toujours, poignant et bien entretenu : il est donc là, pérenne !
Et le savoir-faire y afférent est aussi bien appréhendé, à la grande satisfaction des dignitaires et gardiens des Temples et Ésotérismes.

Traditionnellement mis à la disposition du dignitaire consacré à la survie du savoir pour le savoir-faire, il se diffuse normalement par transmission d’un initié à un autre, dans l’arène culturelle.

Le sens et la puissance de la déité ainsi rappelée à la rescousse, ne sont dépréciés en rien puisque la charge spirituelle de la déité, éternelle, a simplement été activée, comme une souche bienveillante.

Il n’y a donc aucun souci à avoir quant à la valeur intrinsèque de ces objets culturels de retour dans leur pays, le 10 novembre 2021.

C’est ce que J’AI encore pensé !

Professeur Gilles Expédit GOHY,
Sociologue – Statisticien Démographe et Politologue,
Universitaire Spécialiste en Gouvernance et Démocratie, Maître de Conférences en Sociologie du Développement,
Ancien Directeur Adjoint de Cabinet du Ministère de la Communication et de la Poste,
Auteur du livre « Éducation et Gouvernance Politique au Bénin du Danxômè à l’ère démocratique », en vente à la librairie Notre Dame de Cotonou et aux Éditions L’Harmattan à Paris.