???? Évasion de l’ex-maire d’Abomey-Calavi: Georges Bada en cavale au Ghana, pas en Europe

• Il est sorti du pays par une voiture 4×4 série BU à destination du Togo

• Liste des policiers déjà arrêtés dans l’affaire et gardés au PSI à Akpakpa

• Des failles graves dans l’appareil sécuritaire, Talon attendu pour des réformes

Condamné à six ans de prison pour abus de fonction dans l’affaire  » 39 hectares », l’ancien maire de la commune d’Abomey-Calavi, Georges Bada s’est évadé dans la nuit du jeudi au vendredi 18 mars 2022. C’est loin des geôles de la maison d’arrêt d’Abomey-Calavi où il était détenu que Georges Bada a appliqué le plan dupliqué de  »prison break ». Depuis janvier 2022, Georges Bada était admis au Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu-Hkm) pour des soins. Annoncé dans un état grabataire par certains de ses proches, le pensionnaire de la prison civile d’Abomey-Calavi avait son idée bien enfouie dans la tête. Il s’agit de son plan d’évasion. Dans la nuit du jeudi au vendredi dernier, c’est du Cnhu-Hkm que Georges Bada a fui dans des circonstances floues. Alors que ça va dans tous les sens sur la toile, la réaction de votre Journal Le Potentiel s’est attelé à rassembler quelques informations de sources dignes de confiance. Première chose. L’ancien maire d’Abomey-Calavi Georges Bada a quitté le Cnhu-Hkm dans la nuit du jeudi au vendredi 18 mars à bord d’un véhicule 4×4 de couleur noire série BU. C’est cette voiture qui a servi de transport pour l’ex-maire dans sa fuite. Selon nos sources, ce véhicule 4×4 déjà à l’intérieur de l’hôpital vers 20h et une fois sortie du Cnhu-Hkm a directement conduit Georges Bada au Togo expressément, mais ce n’est pas par Hillacondji, plutôt via le Couffo, commune d’Aplahoué en traversant les villages de Gbèzé et Zondogahoué pour tomber directement sur Tohoun (premier village du Togo). Mais où se trouve actuellement l’ex-maire devenu le  »first wanted » de l’Administration pénitentiaire depuis la fin de la semaine écoulée ? Contrairement à la fausse rumeur distillée sur les réseaux sociaux, Georges Bada n’est pas en Europe, du moins pas pour le moment. Selon nos sources qui décrivent la trajectoire de l’ancien maire en cavale, Georges Bada s’est mis à l’abri au Ghana après avoir transité par le Togo voisin. Au-delà de ces informations attestées par nos sources, plusieurs raisons permettent de remettre en cause les messages qui annoncent Georges Bada en Europe.
Primo. Dans le système de base de données du consulat de la France où les visas s’obtiennent, le fugitif Georges Bada n’a obtenu aucun visa ni au Bénin, ni au Togo, ni au Burkina Faso, ni au Niger, encore moins au Nigeria qui sont des pays limitrophes. Mieux, le nom de Georges Bada ne figure nulle part sur la liste des voyageurs lors d’une opération expresse auprès des compagnies. Lors des vérifications des listes des voyageurs ayant pris la compagnie Air France par exemple au Bénin et dans les pays limitrophes sus cités, le nom de Georges Bada ne figure nulle part. Aussi, au niveau de la police des frontières, en Europe, aucun enregistrement de l’arrivée de Georges Bada n’a été constaté dans les pays de l’Union Européenne. Vraisemblablement, l’information selon laquelle l’ex-maire en cavale serait en Europe est fausse.
Secundo. Pour obtenir un visa Schengen, même pour les personnes VIP avec des passeports diplomatiques, il faut au moins 48h. Comment alors un prisonnier qui s’est évadé du Cnhu-Hkm au petit matin du vendredi 18 mars a-t-il pu obtenir un visa pour se rendre en Europe déjà samedi, soit en moins de 24h ? Visiblement, les promoteurs de cette fausse information visent des objectifs cachés. Le moins que l’on puisse dire, si l’on s’en tient à nos sources dignes de foi, est que l’ancien maire Georges Bada est actuellement au Ghana après avoir traversé les frontières béninoises pour se rendre au Togo. Il est donc toujours sur le continent, en Afrique de l’Ouest.

Des policiers arrêtés, des sanctions corsées à prendre

Depuis l’évasion de l’ancien maire de la commune d’Abomey-Calavi Georges Bada, l’administration pénitentiaire a pris des mesures. Des arrestations ont eu lieu dans la foulée. Il s’agit notamment des agents de la police républicaine commis pour garder Georges Bada au Cnhu-Hkm. Assouma Yacoubou et Judicaël Dohou. Ce sont là les noms des deux policiers mis aux arrêts suite à l’évasion de Georges Bada. Les deux hommes en uniforme sont enfermés au Peloton de Surveillance et d’intervention à Akpakpa en attendant une procédure judiciaire où ils seront présentés au procureur. L’agent de police Judicaël Dohou est dans de beaux draps. Il avait déjà été arrêté, dans un passé pas si lointain, dans une autre affaire d’évasion à la prison civile d’Abomey-Calavi. Le malheur frappe-t-il à nouveau à sa porte ? En plus des deux policiers arrêtés, certaines sources annoncent que l’épouse de l’ancien maire Georges Bada aurait été arrêtée. Mais jusqu’à l’heure où nous mettons sous presse, il est difficile d’attester de la fiabilité de cette information. L’affaire d’évasion de prisonniers est symptomatique d’une panne dans le circuit judiciaire. De simples arrestations des deux policiers commis pour la surveillance de l’ex-maire Georges Bada sont loin de répondre au malaise. D’autres sanctions plus corsées doivent être prises dans cette affaire d’évasion. On se rappelle, il y a quelques mois, lorsqu’il y avait eu des situations d’évasion à la prison civile d’Akpro-Missérété, des têtes étaient tombées. Des mesures d’emprisonnement des régisseurs des prisons avaient été prises et l’ancien directeur général Gilles Yekpé avait été débarqué de son poste. L’Administration pénitentiaire a encore des mesures fortes à prendre dans cette affaire d’évasion de l’ex-maire Georges Bada.

Des réformes de Talon attendues

La récurrence des cas d’évasion de prisonniers doit inquiéter, et ce, jusqu’au sommet de l’État. L’évasion ne se décrète pas. L’évasion ne s’opère pas du jour au lendemain. Un prisonnier qui veut s’évader s’attelle discrètement sur des jours à préparer son évasion. Il mobilise presque dans tous les cas, des réseaux de complicités et identifient les failles du système de surveillance afin de s’évader. L’un dans l’autre, cette affaire d’évasion d’un ancien maire (un  »gros morceau » comme on le dit) démontre qu’il y a des failles à tous les niveaux. Les services de renseignements ne sont pas tout à fait exempts de reproches. Le Président de la République Patrice Talon devrait être en train, fin stratège qu’il est, de penser à des réformes au niveau de ces services. Cela y va de la sécurité publique.

Rose .H