Situation des enfants privés de liberté : Esam et 13 autres Osc plaident pour la reprise des visites dans les prisons
L’Ong Enfants Solidaires d’Afrique et du Monde (Esam) et 13 autres organisations de la Société civile réunies au sein du Collectif des organisations de la société civile du Bénin intervenant en milieu carcéral ont organisé le mardi 13 décembre 2022 un atelier de plaidoyer en vue de la reprise des visites dans les prisons et maisons d’arrêts au Bénin après la suspension liée au Covid-19. Cet atelier qui a eu pour cadre l’Hôtel Bénin Royal de Cotonou a été initié dans l’intérêt supérieur des centaines d’enfants en conflit avec la loi et privés de libertés au Bénin.
Le Collectif à travers cet atelier plaide pour le renouvellement de l’assistance sociale sanitaire, juridique et judiciaire aux personnes privées de liberté en l’occurrence les enfants. Dans son mot de bienvenue, le représentant de l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture a rappelé les différentes organisations que réunit le Collectif. Il s’agit entre autres de: Enfants solidaires d’Afrique et du monde (Esam), Changement Social Bénin, Prisonniers sans frontière, Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture, Action des femmes avocates du Bénin, Dispensaires amis des prisonniers et des indigents, Amnesty Bénin, Association des femmes juristes du Bénin, Association des femmes juristes du Bénin, Franciscains Bénin, Organisation pour la défense des droits de l’homme et des peuples, Médecins du monde, Widad Bénin. Lesquelles organisations représentées à cet atelier ont exposés à tour de rôle les résultats de leurs différentes interventions contre la torture dans les prisons et maisons d’arrêts.
Dans son discours d’ouverture de cet atelier, le représentant de l’Ong Esam Mathias Yehouéssi est revenu sur les raisons qui motivent cette assise. « La présente mobilisation intervient suite aux difficultés que nous rencontrons pour accéder à nouveau à l’ensemble des 11 prisons du Bénin. Nous nous sommes heurtés aux renouvellement des autorisations qui nous donnaient officiellement l’accès au milieu carcéral, les familles éprouvent elles aussi les difficultés similaires » a fait savoir Mathias Yehouéssi. En effet, lorsque le covid 19 a été qualifié de pandémie mondiale le 11 mars 2020 le gouvernement du Bénin à travers une note circulaire a suspendu toutes activités des intervenants pénitentiaires à moins qu’elles ne s’inscrivent dans le cadre de lutte contre la pandémie. Depuis un moment les mesures barrières ont connu de restrictions. Force est de constater que la mesure qui interdit toutes activités des intervenants pénitentiaires n’a pas été levée à ce jour. « L’interdiction formelle des visites des lieux où les enfants sont privés de liberté est toujours en vigueur. Les autorisations d’accès aux lieux de détention n’ont plus été renouvelées pour certains encore moins autorisées pour d’autres » fait savoir le représentant de l’Ong Esam. Ils sont des centaines d’enfants (ceux nés pendant l’incarcération de leurs mères ou qui sont portés par celles-ci lors de leur arrestation), en détention vivant dans les établissements pénitentières du Bénin, loin des regards extérieurs, loin des bienveillants regards des Osc qui défendent leurs intérêts. En résumé, la situation des enfants privés de liberté demeure un problématique. Et cet atelier à en croire Mathias Yehouéssi est une démarche de plaidoyer auprès du ministre de la justice pour la reprise des visites en milieu carcéral. Le Collectif des organisations de la société civile du Bénin intervenant en milieu carcéral formulent à l’endroit du ministre de la Justice : de prendre les mesures nécessaires et appropriées pour autoriser à nouveau les organisations de la société civile à effectuer des visites périodiques, indépendantes et sans restriction dans tous les lieux de détention, notamment les prisons et maisons d’arrêts du Bénin et les autres lieux de privation de liberté ; veuiller à l’adoption de garanties et de réglementations normatives et institutionnelles permettant aux Osc d’accéder aux lieux de détention, en les autorisant à reprendre des visites dans les conditions décrites dans la première recommandation ainsi qu’à mener des entretiens avec les personnes détenues en privé, garantir leur accès à l’information et mener des actions et fournir des services en faveur des droits des personnes privées de liberté ; garantir que les règles et règlements adoptes sur l’accès des Osc soient transparents et comprennent des critères objectifs et raisonnables ainsi que des garanties pour éviter que les décisions ne soient laissées à l’appréciation subjective des responsables pénitentiaires ; encourager les Osc à rendre compte régulièrement des conclusions et recommandations de leur travail de surveillance et de défense des droits humains ; promouvoir la collaboration, la coordination et la complémentarité des Osc avec les autres organes de contrôle de l’Etat ; promouvoir la transparence et la participation des Osc dans les politiques, le cadre juridique et administratif, l’élaboration du budget, par le biais de processus participatifs, de données ouvertes et du partage d’informations.
A.A.T