Bénin/Culture : Dans les méandres de la tradition primordiale vodoun

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C’est l’une des divinités que beaucoup craignent à cause de sa colère et sa façon de dénoncer. Hêbiosso puisque c’est d’elle qu’il s’agit est une divinité vodoun qui rétablit l’ordre, mais qu’on a du mal à comprendre. Et pour mieux cerner les différents aspects de cette divinité de l’aire culturelle Adja-Tado, nous sommes allés à la rencontre des spécialistes du domaine, en particulier Dah Azéhounguédé, chef culte vodoun Hêbiosso et responsable des arts divinatoires dans le bureau national des cultes endogènes.

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Selon Dah Azéhounguédé, Hêbiosso était au commencement de la terre, il est né le jour où Dieu a créé la terre. Le vénérable Alphonse Dansou Gazozo, secrétaire général du syndicat national des médecins intellectuels traditionnels et assimilés du Bénin (Synamitraab), nous apprend que Hêbiosso est né dans l’Égypte antique et s’appelait dans le temps ‘’Amon-Râ’’, le dieu solaire. C’est une divinité ancestrale qui gouverne la lumière, l’énergie cosmique. Hêbiosso s’est établi au Bénin surtout au niveau de l’aire culturelle Adja-Tado. Les deux dignitaires du culte vodoun confirment le fait que le dieu du tonnerre comme les blancs l’appellent, est une divinité discrète, qui n’aime pas la propagande et qui frappe fort quand il le faut. Hêbiosso a des secrets et des totems qu’il faut respecter scrupuleusement pour ne pas être foudroyé. Dah Azéhounguédé dans ses explications sur les différents aspects de Hêbiosso n’a pas voulu aller trop dans les détails. Évidemment ses interlocuteurs que nous étions, ne sont pas initiés. « Vous n’êtes pas initiés, donc je me réserve de dire certaines choses. Si vous voulez vraiment comprendre ce qu’est Hêbiosso, nous allons signer une décharge avec vos parents et je vous emmène au couvent pour un an » nous a fait comprendre le responsable des arts divinatoires dans le bureau national des cultes endogènes.

Hêbiosso, la divinité qui protège, rend justice et rétablit l’ordre

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Hêbiosso n’est pas si populaire comme les autres divinités. Parce qu’elle vient juste rétablir l’ordre. « Ce n’est pas une divinité qu’on offense et après on vient demander pardon », fait savoir Dah Azéhounguédé. Elle se serait transformée en homme et serait descendue du ciel pour agir. L’autre particularité de ce vodoun, c’est qu’on n’entend jamais ses chansons sur les ondes contrairement aux autres divinités ancestrales. Gazozo explique pour sa part que Hêbiosso est la lumière qui est partout, qui identifie le voleur ou le criminel et le foudroie. Effectivement quand il pleut et que le tonnerre gronde dans le ciel, c’est qu’il a déjà frappé. Il est fréquent de découvrir des cadres dans certaines localités, quelques minutes après une pluie sauvage. Ces décès brutaux et spectaculaires ont une signification dans l’aire culturelle adja-tado. C’est Hêbiosso le dieu du tonnerre qui a rendu justice. Soit ces personnes s’apprêtent à commettre des crimes ou à voler, ou ont enfreint les règles établies par la nature, et cela déclenche la colère du dieu du tonnerre. Cette façon pour le vodoun Hêbiosso de barrer la voie à l’injustice et aux fauteurs de trouble fait que des non-initiés trouvent que c’est une divinité qui ne fait que du mal.
Mais en vérité, Hêbiosso est avant tout un vodoun bienfaiteur. « Hêbiosso est un vodoun qui protège, qui fait trop de bien. C’est un vodoun qui donne de la richesse. Si tu es adepte Hêbiosso, tu n’auras pas de surprise. Tu ne pas seras atteint de l’envoutement. Un adepte du vodoun Hêbiosso n’a peur de rien. Il ne mourra pas jeune. Un adepte de cette divinité qui respecte bien les lois ne meurt jamais jeune. Un adepte du vodoun Hêbiosso ou du Toxwiyo Agballè, Alligbonon, Lantanloko etc. ne vivra à l’abri du besoin », a laissé entendre Dah Azéhounguédé. Il estime que de nos jours, Hêbiosso intervient régulièrement parce que les règles et lois de la nature sont de plus en plus foulées au pied. « C’est grâce à Hêbiosso que la température de l’homme est à 37°. Il envoie cette énergie par le soleil qui maintient l’homme en équilibre », nous informe le vénérable Gazozo.

Comment devient-on adepte de Hêbiossso et qui peut l’être ?

Le responsable des arts divinatoires dans le bureau national des cultes endogènes nous explique que Hêbiosso n’est pas un gendarme qui attrape ses fils dans les rues. Avant d’être consacré adepte, déjà à la grossesse, les parents doivent consulter un prêtre du vodoun Hêbiosso pour des cérémonies avant naissance. Après l’accouchement, le nouveau-né devient fils de Hêbiosso. Des cérémonies propitiatoires sont initiées pour le consacrer adepte de la divinité. Toute personne étrangère qui n’a aucune affiliation avec Hêbiosso ne peut pas être adepte. « On ne force pas les gens à devenir adeptes de Hêbiosso. Ça va d’une famille à une autre, d’une collectivité à une autre. Je connais des collectivités qui adorent Hêbiosso, les Houéda par exemple. Quand tu vas à Ouidah, il y a des maisons qui adorent Hêbiosso. Il y a des maisons qui adorent Dangbé, il y a d’autres qui n’ont aucune affiliation avec Dangbé. Quand cette divinité n’est pas dans ta collectivité, implantée par les anciens, tu ne peux pas être adepte. Si en pleine cérémonie quelqu’un qui n’est pas initié rentre au couvent…il sera adepte. Il y a des choses que les yeux ne voient pas. Quand on ne fait pas les sacrifices, tu vas mourir. Alors pour te sauver, les prêtres de vodoun Hêbiosso seront obligés de te faire la cérémonie nécessaire » explique le dignitaire et adepte de Hêbiosso.

Il est souvent conseillé aux adeptes de Hêbiosso de ne pas violer les totems sacrés, de respecter le Houégbadja Kassouto, parce qu’on n’est pas adepte pour rien.

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