Bénin/Société : Incursion dans le monde de la soudure plastique, un sous métier rentable, mais à risque
Le métier de la soudure plastique a connu un réel développement dans la dernière décennie au Bénin. Un métier autrefois exercé par quelques rares ressortissants ghanéens vivant au Bénin mais qui au fil des années a été adopté par les artisans locaux. La soudure plastique redonne vie aux objets plastiques hors d’usage, elle consiste à faire la fusion thermique des plastiques endommagés d’engins de déplacement pour un usage durable et prolongé.
Au quartier Agbogboville à Cococodji dans l’arrondissement de Godomey, commune d’Abomey-Calavi, nous avons surpris Faustin Kpotchèdè ce 12 juillet en pleine soudure. Après les salutations d’usage, nous entamons une discussion qui va durer une dizaine de minutes.
Un métier qui nourrit son homme
Jante de véhicule soigneusement combinée avec une jante d’un vélo qui joue le rôle de ventilateur, le tout formant l’outil de travail. À l’intérieur de la jante auto posée comme une marmite sur le feu, de la braise à base de fers usagers. À ce montage, il faut ajouter les fers plats et les fers de 8 pour le mélange.
De l’autre côté, de l’énergie pour faire tourner le dispositif. C’est avec cet ensemble que Faustin Kpotchèdè originaire de Klouékanmey dans le département du Couffo, soudeur-plastique âgé de la vingtaine, arrive à souder les parechocs pour voiture, les motos et les autos, les phares, les feux arrières, les clignotants etc. Il exerce ce métier depuis quinze (15) ans après l’avoir appris chez son patron à Agontinkon Cotonou et s’y plait bien. La preuve, c’est qu’il parvient grâce à la soudure des plastiques, à subvenir à ses besoins et à ceux de la petite famille.
« Ce n’est pas mal en tout cas, nous trouvons le minimum. C’est ça qui nous permet de payer le loyer, d’assurer le nécessaire au foyer et donner de petites tontines. C’est ça qui m’a permis d’acheter la moto que je conduis. Ça me rend beaucoup de services », nous confie ce jeune patron marié et père d’une fille.
Selon ses explications, dans une semaine, il fait un chiffre d’affaires de 40.000f-50.000f s’il trouve beaucoup de clients, dans le cas contraire, il trouve parfois 25. 000f-30.000f. À la question de savoir si la soudure plastique est pour lui un passage ou une transition pour d’autres horizons, Faustin Kpotchèdè répond dans un français facile : « Je ne pense pas fermer cet atelier parce que c’est ce métier qui m’a permis de me réaliser. Je nourris l’ambition d’employer quelqu’un qui va me gérer cet atelier quand j’aurai fait un certain nombre d’années dans le métier et moi-même je vais m’occuper d’autres choses si je trouve l’occasion. Mais pour le moment je suis là ».
Un métier à risque
À en croire notre interlocuteur, la difficulté principale du métier est liée aux fers chauffés pour la soudure. En effet, la fumée que dégage l’assemblage de plastiques usagers brulés pénètre les narines et est source de pollution et maladie comme la pneumonie. Faustin Kpotchèdè pour ce qui le concerne, dit prendre souvent des dispositions pour prévenir le mal. C’est pour cela d’ailleurs qu’il s’est acheté un cache-nez pour se protéger. Mieux, il se rapproche souvent des pharmaciens qui lui conseillent des produits. « Nous allons voir les pharmaciens et ils nous conseillent des produits. Nous prenons aussi du lait Peak pour dégager les odeurs de nos poumons sinon nous allons ressembler à ceux qui prennent de la cigarette ou du chanvre indien », a-t-il conclu.