Covid-19/Mesures sociales du gouvernement : Appolinaire Affewe de l’UNSTB plaide pour les enseignants
Le syndicaliste a adressé un plaidoyer et fait des propositions au gouvernement pour une prise en charge particulière de ces enseignants.
(Lire ci-dessous le plaidoyer de Appolinaire Affewe)
En réponse aux cris de détresse de la population béninoise et aux nombreux appels des forces sociales notamment celui lancé le 21 avril 2020 à travers le mémorandum conjoint des six (06) centrales et confédérations syndicales (UNSTB, CSA-BENIN, CGTB, COSI-BENIN, CSUB et CSPIB) et des organisations des employeurs (CNP-BENIN, CIPB et CONEB), le gouvernement, lors du Conseil des Ministres du mercredi 10 juin 2019, a pris une série de décisions visant à atténuer les conséquences sociales et économiques de la pandémie de COVID-19 et la relance économique dans notre pays.
Je salue à leur juste valeur ces décisions gouvernementales qui se déclinent en:
– un soutien d’un montant de 63,38 milliards au profit des entreprises; montant destiné à la prise en charge selon le cas, de 70% du salaire brut des employés déclarés sur une période de 3 mois y compris pour les sociétés de transports de personnes, au remboursement des crédits TVA, à l’exonération du paiement de la taxe sur les véhicules à moteur ou à sa conversion en crédit d’impôt au titre de l’année 2021, à la prise en charge intégrale des factures d’électricité pendant 3 mois pour les hôtels et les agences de voyage;
– un déblocage d’un montant de quatre (04) milliards pour venir en aide aux artisans frappés pour la plupart par les conséquences de la pandémie, et,
– une subvention de portée générale qui s’applique à tous les citoyens sur les tarifs d’électricité et d’eau pour un montant de 5,76 milliards notamment au profit des pauvres et extrêmes pauvres.
Si ces actions qui répondent en partie aux doléances formulées conjointement par les centrales et confédérations syndicales des travailleurs et les organisations des employeurs à travers le mémorandum du 21 avril 2020 méritent d’être reconnues à leur juste valeur, il faut cependant remarquer qu’à l’analyse, elles sont loin de prendre en compte toutes les couches vulnérables gravement impactées par la pandémie de COVID-19.
Le cas des enseignants des écoles et établissements privés d’enseignement mérite une attention particulière.
En effet ces derniers dont les salaires dépendent des contributions versées par les parents d’élèves, se sont subitement retrouvés livrés à leur sort suite aux mesures de riposte prises par le gouvernement.
Point n’est besoin de rappeler que leurs salaires sont coupés depuis les mois de février du fait du non recouvrement d’une bonne partie des frais de scolarité lié à la mise en congés inattendue des établissements privés et surtout de ceux de la maternelle et du primaire.
Ces enseignants étant des pères et mères qui se sont du jour au lendemain vus en chômage technique, méritent une attention particulière de la part du gouvernement à l’instar des autres travailleurs visés par la décision de prise en charge à hauteur de 70% des salaires sur trois mois.
Ceci est d’autant plus nécessaire que l’éducation est une mission de service public qui appelle de la part de l’État un intérêt particulier, qu’elle soit mise en œuvre par des structures publiques ou privées.
De même, la justice sociale recommande que les travailleurs domestiques et les travailleurs migrants qui sont tous aussi impactés négativement par les effets économiques et sociaux de la pandémie de COVID-19 bénéficient de la solidarité nationale manifestée à travers les décisions du Conseil des Ministres du 10 juin 2020.
Par ailleurs, pour obtenir l’adhésion des forces sociales et garantir la transparence dans la mise en oeuvre des différentes décisions de relance de l’économie, l’instauration autour de la gestion des conséquences économiques et sociales de la pandémie de COVID-19, d’un dialogue social franc et sincère s’avère nécessaire.
C’est pourquoi, au regard de tout ce qui précède, je lance une fois encore un vibrant appel au gouvernement en vue :
– d’inclure les enseignants des écoles et établissements d’enseignement privé dans le bénéfice des mesures sociales relatives à la prise en charge de 70% des salaires sur la période de trois (03) mois et d’augmenter la cagnotte en conséquence;
– de prendre des mesures spécifiques de soutien aux travailleurs domestiques et migrants;
– mettre en place dans les meilleurs délais, un comité tripartite (gouvernement-organisations syndicales d’employeurs et de travailleurs) pour la gestion et la mise en oeuvre des mesures de relance de l’économie.
La justice sociale et la transparence sont à ce prix.