Pour non-paiement des frais d’inscription : Plusieurs nouveaux agrégés béninois privés de diplômes au Cames
Rentrés en fin de semaine dernière d’une session organisée au Congo, ces professeurs béninois qui avaient tous le grade de maîtres-assistants doivent encore attendre avant de disposer de leurs parchemins. En effet, les frais d’inscription s’élèvent à un million quatre cent mille (1.400.000) francs CFA et sont à payer par chacun des enseignants ayant pris part au concours d’agrégation du Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur (Cames). N’ayant pas soldé ces frais d’inscription, la faîtière de l’Enseignement supérieur a tout simplement saisi les diplômes d’agrégation. Le Cames attend que les nouveaux professeurs agrégés béninois libèrent les frais d’inscription. Sans ce paiement, apprend-on, le Cames serait en droit de confisquer les diplômes et les nouveaux agrégés ne pourront pas jouir des avantages liés à ce nouveau grade dans l’enseignement supérieur. Mais comment en est-on arrivé là ? Nos sources informent que la pratique voudrait que l’État prenne en charge les frais d’inscription des enseignants au Cames. Mais depuis l’année 2019, le gouvernement béninois s’est désengagé du paiement de ces frais d’inscription au profit des professeurs qu’il présente au Cames. Du côté des enseignants, la nouvelle avait été mal reçue. Ceux-ci seraient dans une résistance en refusant de solder par eux-mêmes, leurs frais d’inscription. Il s’agit, confient certaines sources, d’une manière pour les enseignants du supérieur de forcer la main au gouvernement pour que le paiement des frais d’inscription continue d’être à la charge de l’État. D’autres sources certifient que les nouveaux professeurs agrégés privés de diplômes ne sont pas dans l’incapacité de payer par eux-mêmes ces frais d’inscription. Mais en signant un engagement auprès du Cames pour participer au concours d’agrégation, ces enseignants béninois espéraient que le gouvernement revienne sur sa décision. Dans l’espace Cames, les États assurent la prise en charge des frais d’inscription. Selon les confidences de nos sources, au-delà des frais d’inscription, les États viennent en appui aux enseignants du supérieur qui prennent part aux sessions du Cames. La dernière session qui s’est achevée mercredi dernier au Congo concerne uniquement les médecins. Pour le présent séjour au Congo, nos sources informent que l’État sénégalais par exemple, a soutenu ses enseignants à hauteur de 10 millions f Cfa par enseignants. D’autres pays, poursuivent nos sources, ont pris en charge l’hébergement, la restauration, le déplacement à l’interne de leurs enseignants pendant le séjour au Congo. Privés de leurs diplômes, les enseignants béninois de retour du Congo en fin de semaine n’ont pas été accueillis par les ministres de la Santé et de l’Enseignement comme le veut la tradition, ont laissé entendre nos sources. Toutefois, aux dernières nouvelles, le groupe d’enseignants devenus agrégés aurait été reçu par le ministre de la Santé, puis par la ministre de l’Enseignement supérieur.
Une conséquence de la décision prise l’année dernière
On se rappelle, le Bénin a suspendu ses paiements au Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur (Cames) l’année dernière. En juillet 2019, l’information avait suscité un tollé. La participation de l’Etat béninois au Cames, pour ses enseignants du niveau supérieur, s’élève à 113,2 millions de francs CFA, soit environ 175.000 euros. Pour la coordination de l’intersyndicale des universités nationales du Bénin, cette suspension est contraire à la convention qui lie l’État béninois au Cames. Réagissant sur le sujet à l’époque, le professeur Roger Gbégnonvi avait déclaré que: « les contribuables béninois ne peuvent pas payer pour que des individus donnés achètent les diplômes et aillent se retrouver au Cames et ensuite fassent honte à l’ensemble du pays béninois ». Roger Gbegnonvi donnait ainsi raison au gouvernement. Une chose est sûre, la mesure de suspension de la prise en charge par l’État des frais d’inscription des enseignants au Cames divise le monde universitaire.