Interview avec le photographe béninois Kolawolé Mikhaël Atcho : «Je suis constamment à la recherche d’une sensation unique»
Récemment élu grand gagnant par un jury international et indépendant à l’occasion du Concours «Les 100 plus belles photos du Bénin» organisé par «Les Éditions Miwa», Kolawolé Mikhaël Atcho, jeune photographe béninois de 27 ans, s’est prêté à nos questions.
Le Potentiel : Qui est Kolawolé Mikhaël Atcho ?
K.M. Atcho : Difficile pour moi de répondre à cette question qui reste compliquée pour moi à démêler. Kolawolé Dagbé Mikhaël Atcho est un jeune photographe béninois de 27 ans, spécialisé dans la photographie noir et blanc.
Justement, pourquoi cet intérêt pour le noir et blanc ?
Je suis constamment à la recherche d’une «sensation unique». Le noir et blanc est intemporel. Il va à l’essentiel et ressort l’émotion.
Pour moi, photographier en noir et blanc, c’est capturer l’âme de la personne ou de l’objet.
D’où vous est venue cette passion pour la photographie ? Quel est votre parcours dans les couloirs du huitième art ?
Passionné d’informatique, j’ai commencé à toucher, en classes de 6e, à l’outil informatique en allant dans les cybercafés du quartier. Il faudra attendre 2007, pour que mon grand frère laisse à ma disposition un desktop et me lance le challenge de me former par moi-même. Alors, j’ai commencé avec tâtonnements, mais par la suite il m’a formé et par le même biais à la maintenance également. À cette période, mon cousin Joannès Mawuna venait à la maison et faisait du graphisme. Au seuil de la porte, je le regardais travailler ses œuvres. Vu mon intérêt pour son activité, il me laissa des commandes Photoshop pour que je fasse le détourage. Et je me suis lancé dans l’art.
En 2010, j’ai eu mon premier appareil photo Kodak qui m’a d’ailleurs vite lâché. Trois ans après, j’ai pu avoir un autre appareil photo, cette fois-ci, Compact Sony Cybershot.
Je m’amusais donc à prendre des photos et à changer les arrière-plans puis monter des affiches.
En 2015, je fis mon entrée à l’EACE (Ensemble Artistique et Culturel des Étudiants, ndlr), section «Art plastique», par le biais de mon cousin, car je voulais apprendre à imprimer sur des tee-shirts, mais là on m’a appris bien plus. Mais ce n’était pas encore ce que je recherchais. Mon compagnon de table de terminale, Giovanni Allotognon, vint un soir chez moi avec un «Canon EOS 600D» et m’expliqua un peu son fonctionnement. Grâce à YouTube, je me suis amélioré. J’ai commencé donc à ressentir que je ne voyais pas le temps passer lorsque je prenais des photos ou lorsque j’apprenais de nouvelles choses sur la photographie.
En 2018, j’ai pris des cours du soir en photographie à l’Eigb (École Internationale de Graphisme du Bénin) tout en étant au Centre Autonome pour le Volontariat, l’Entrepreneuriat, la Recherche et les Innovations (CVERI) de l’Université d’Abomey-Calavi.
Au cours de la même année, j’ai eu mon premier «Reflex canon EOS 80d» et depuis, je m’efforce d’apprendre un peu plus chaque jour. Toujours avec la même passion.
En somme, vous êtes un peu autodidacte. Mais quelle est votre méthode de travail ?
Autodidacte ? Je dirai mixte, car j’ai des aînés qui me conseillent. Voilà pourquoi je fais une photographie de recherche et je me sens plus à l’aise dans la rue à la chasse des émotions.
Ma démarche est personnelle et elle vient de mon ressenti du moment. Je quitte un fait banal du quotidien pour élaborer mes comparaisons en mettant au centre l’Homme.
Quelles sont les thématiques sur lesquelles vous travaillez généralement ?
Je développe des thématiques ayant rapport à l’Homme et son quotidien tout en essayant de faire vivre ces moments que j’immortalise.
Quels sont les artistes béninois et/ou internationaux qui vous inspirent et influencent votre travail ?
Au plan national, il y a messieurs Ishola Akpo et Joannes Mawuna Doglo.
Au plan international, je me laisse emporter par les œuvres et la finesse de Annie Leibovitz. Plusieurs autres photographes m’inspirent également.
Parlez-nous de l’œuvre qui vous a fait gagner le Grand Prix au Concours international «Les 100 plus belles photos du Bénin» organisé par «Les Éditions MIWA».
Il s’agit d’un neveu qui m’a vu rentrer d’une séance et qui accourait vers moi pour que je le prenne. Bâton à la main puis à la bouche afin d’écarter ses bras, il me souriait. La précision de son geste dégageait toute une énergie que j’aurai du mal à décrire. Cette invite qu’il dégageait a donné à l’œuvre, le nom »Zé lá » qui signifie »Prends-le ». Comme pour exprimer toute son envie de l’instant et l’amour qu’il porte à ma personne. La photographie a été spontanée et mon neveu fait partie d’un projet de vie, car je le photographie depuis sa naissance.
Quelles ont été vos impressions après l’annonce de votre sacre à ce concours international ?
C’est un vrai encouragement à mon activité, qui m’amène d’ailleurs à persévérer et à continuer mes projets. C’est un vrai challenge qui m’amènera à me surpasser à chaque séance photo.
Ce que je retiens est que le travail bien fait finit par payer.
Quel est votre secret ?
Je suis de ceux qui pensent que le secret, pour atteindre le sommet dans tout domaine et dans la vie, est qu’il n’y a pas de secret. Pour moi, il n’y a que le travail et l’humilité pour mieux apprendre des autres.
Quelle est la prochaine étape après ce sacre ? Et quels sont vos prochains projets ?
Continuer à se perfectionner pour mieux se révéler au Monde.
Je prépare actuellement des travaux sur les enfants en situation difficile dans la rue et sur d’autres thématiques que vous découvrirez très bientôt.
Kola est comme une motivation pour moi, un jour, celui de notre rencontre, il m’a d’abord marqué par son humilité et son ingéniosité, c’est un frère qui me proposé me prendre en photo gratuitement par ce que je suis mannequin et lui un photographe, il m’a suivi et soutenu sur plusieurs événement sans rien attendre de retour : C’est là j’ai compris que c’était une véritable passion pour lui de « capter les âmes des personnes et des objets » je te souhaite le meilleur.
Bon courage mon cher ami volontaire,amen à tes vœux !
Pour moi qui le côtoie assez souvent je peux dire que Kola Atcho est vraiment passionné de ce qu’il c’est quelqu’un de discret et humble. Le travail ne l’épuise jamais surtout quand il est avec les enfants.
Je suis très fière de Kola et je sais qu’il ira très loin dans la photographie.
Kola fut, est et demeurera un des rares personnes que j’ai côtoyées et que je côtoie toujours. Son sens d’humilité m’a toujours touché. Il est toujours prêt à venir en aide à son prochain à n’importe quel moment. Son amour et sa passion pour la photographie sont inés. Depuis la première fois qu’on s’était croisé, il est toujours avec avec son pinceau et son papier Canson pour faire le portrait de son semblable. Force et courage à lui.
Félicitations à toi mon frère.