Présidentielle 2021: Yayi dans la peau du père pyromane

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Après quelques jours de silence que l’on pensait être le signe d’une sagesse retrouvée, l’ex-président Boni Yayi vient encore de s’illustrer négativement dans un style de communication publique qui laisse des doutes et des questionnements.

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Dans un post largement diffusé sur les médias sociaux hier, Boni Yayi a, à nouveau contesté les lois qui portent les réformes politiques, demandé des assises nationales et appelé l’armée à la retenue. L’ex-président demande au peuple d’œuvrer de toute sa force pour préserver la paix en cette période marquée par l’élection présidentielle. Mais l’adresse de l’ex-chef d’État cache mal ses réelles intentions. Au fond, il se trouve une incohérence et une invite à l’anarchie totale. En effet, les réformes que conteste Boni Yayi notamment la constitution révisée le 1er novembre 2019 sont celles-là auxquelles son parti Les Démocrates s’est plié. La désignation d’un duo de candidats (Madougou- Djivo) à la présidentielle est un acte d’adhésion à la réforme introduite dans la nouvelle constitution. Dans cette même constitution, le groupage des élections aux fins d’économiser les ressources de l’État a été affirmé. La conséquence s’est traduite par le décalage de 45 jours sur les 5 ans du mandat présidentiel actuel. Il ne s’agit donc pas d’une fantaisie ni d’une rallonge opportuniste. Au-delà de l’incohérence sur le fond de l’adresse, cette reprise d’activité de Boni Yayi sonne comme des prémices aux troubles. On se rappelle, en 2018, des messages et comportements (cas de la descente au marché Dantokpa) inappropriés de Boni Yayi avaient mis le feu aux poudres. Les événements malheureux de mai 2019 à Cadjèhoun ne sont pas à dissocier des postures troubles de l’ex-président. Alors que le Bénin s’apprête à vivre des moments de fête électorale le 11 avril prochain, ce dernier message de Boni Yayi est loin d’appeler au consensus. Au lieu d’apaiser, ce message sonne comme un appel à une révolte déguisée. On se demande si Boni Yayi ne prend pas conscience des poches de tensions inutiles qu’il crée dans le pays. Mais les appels à la révolte ne passeront pas. Le peuple mature sait que Boni Yayi lui-même a consommé les réformes à travers la désignation d’un duo de candidats. Les candidats non officiels issus du parti Les Démocrates (Kohoué, Agossa, Kérékou…) ne sont pas exclus du parti, mais ont juste été suspendus. Le peuple béninois ne cèdera plus à l’émotion distillée dans des textes. Un ancien Chef d’État n’a aucune immunité. Il n’a pas non plus le droit d’inciter à la violence. En vertu de son statut, un ex-Chef d’État, par devoir moral, se respecte et se soumet aux lois de la République. La loi de la démocratie pose le principe d’une majorité qui l’emporte sur une minorité. Au cours de ses 10 ans passés au pouvoir, Boni Yayi a été l’initiateur des lois qui n’ont jamais fait l’unanimité. Et pourtant, elles ont été appliquées comme lois de la République et se sont imposées à tout le monde. Boni Yayi devrait donc assumer pleinement son rôle d’ancien Président de la République en travaillant à concilier les parties en lice et apaiser les tensions. C’est le seul devoir qui lui sied.

SWEDD

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