Infections génitales chez la femme: Dr Ahouayito dévoile les manifestations cliniques

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Le dossier santé de cette semaine est consacré aux infections génitales chez la femme. Dr Urbain Ahouayito évoque ici les manifestations cliniques de ces infections, les symptômes et les causes. Et parlant des causes, les infections vaginales sont dues à un contact prolongé avec le sable des plages, l’eau des piscines ou le matériel des salles de sport, la prise d’antibiotiques.

LES INFECTIONS GÉNITALES CHEZ LA FEMME Docteur Dodji Urbain AHOUAYITO, MD.

– Diplôme d’Université en ‘’Méthodes et Pratiques en Épidémiologie’’ (ISPED/ Université de Bordeaux)

– Droit et Bioéthique (IRSP- CAQ/ Ouidah Bénin & Chaire UNESCO)

Les leucorrhées correspondent à des écoulements vaginaux anormaux en rapport avec une infection génitale, basse ou haute. Elles sont à distinguer des leucorrhées physiologiques dues aux sécrétions de glaire cervicale et des glandes annexes (Skène et Bartholin) et à la desquamation vaginale. Il faut savoir faire la distinction entre des leucorrhées physiologiques, mais mal vécues par la patiente et des leucorrhées pathologiques dont il faudra chercher et traiter la cause.

1- Les leucorrhées physiologiques proviennent :

– de la desquamation vaginale, responsable de leucorrhée laiteuse, peu abondante, opalescente, augmentant en période prémenstruelle ;

– de la glaire cervicale secrétée par les cellules cylindriques de l’endocol qui augmentent du 8e au 15e jour du cycle, translucide, cristallisant en feuilles de fougère. Chez les patientes porteuses d’un ectropion les secrétions cervicales sont majorées par contact des cellules cylindriques avec l’acidité vaginale. Ces sécrétions physiologiques n’engendrent aucune irritation, ne sentent pas mauvais et ne contiennent pas de polynucléaires. Toutefois, leur abondance peut parfois être source de gêne pour la patiente et justifier la prise en charge thérapeutique de l’ectropion retrouvé et présumé responsable. Par ailleurs, le comportement compulsif d’hygiène intime excessive avec savons détergents voire injections intra vaginales quotidiennes devant ces secrétions physiologiques peut entraîner une destruction de l’écosystème vaginal et favoriser la survenue d’infections génitales basses souvent chroniques.

2- Les leucorrhées pathologiques

Elles traduisent une infection gynécologique. Cette infection peut être basse ou haute. Nous abordons aujourd’hui les infections génitales basses. Les agents pathogènes le plus fréquemment rencontrés dans les infections génitales basses sont limités à la vulve, au vagin et à la partie externe du col utérin.

a) Manifestations cliniques

La manifestation clinique plus fréquente est la perte blanche. La couleur et l’odeur de ces pertes dépendent du microbe qui est à l’origine de l’infection. Ainsi, la perte peut être jaunâtre, bleuâtre, purulente ou muco-purulente, en ce qui concerne l’odeur, elle peut être malodorante, puante… Les signes régulièrement associés sont le prurit ou grattage du sexe, des saignements en dehors des règles, les pollakiuries (miction fréquente en de petites quantités), des brûlures pendant la miction ou encore des douleurs pendant les rapports sexuels….

b) Quelques symptômes liés aux microbes fréquents :

• La trichomonase provoque des leucorrhées verdâtres, mousseuses, abondantes et nauséabondes (à l’odeur âcre). Le vagin est rouge et il peut y avoir des brûlures pendant les rapports sexuels ou la miction.

• L’infection à chlamydiae présente peu de symptômes. La glaire cervicale peut paraître anormale, voire « sale ». Au moindre doute, il faut faire une recherche, par un prélèvement dans le col de l’utérus ou dans les urines, car cette infection peut atteindre les trompes et ainsi entraîner une stérilité.

c) Le gonocoque se caractérise par des leucorrhées jaune-verdâtre et purulentes. Là encore, le vagin peut être rouge, même saignant au contact. « En cas de doute, il faut faire un prélèvement ou une recherche dans les urines. Cette infection peut entraîner une atteinte de l’endomètre et des trompes. Et donc là encore, amener une stérilité ».

d) Les causes

L’infection vaginale a été transmise lors de rapports sexuels non protégés, c’est les IST. S’il s’agit d’une mycose, elle peut être liée à :

• La prise d’antibiotiques,

• Une transpiration excessive : en effet, les champignons prolifèrent dans les milieux chauds et humides.

• Un contact prolongé avec le sable des plages, l’eau des piscines ou le matériel des salles de sport.

• Des rapports sexuels (plus rare). Il est cependant conseillé de les éviter tant que la mycose n’est pas guérie.

e) Mesures de prévention :

• La prévention des infections repose en partie sur l’hygiène de la sphère génitale qui doit être propre et sèche. Il est recommandé de se laver tous les jours à l’aide d’un savon doux sans parfum (savon à base de glycérine par exemple), de se rincer et de se sécher avec soin ;

• Après avoir uriné ou déféqué, le fait de s’essuyer d’un mouvement d’avant en arrière permet d’empêcher le passage des bactéries de l’anus vers le vagin ;

• Il est important d’éduquer la petite fille à une bonne hygiène ;

• Porter des vêtements amples et absorbants, tels que des culottes en coton ou doublées en coton, permet une circulation de l’air et le maintien d’une sphère génitale sèche ;

• Utiliser des préservatifs lors des rapports sexuels et limiter le nombre de partenaires. Il est déconseillé de prendre des douches vaginales fréquentes et d’utiliser des produits d’hygiène intime. Les douches vaginales suppriment les bactéries qui protègent normalement le vagin et augmentent le pH vaginal, favorisant le développement d’infections, y compris d’une annexite.

f) Traitement :

• Bonne hygiène ;

• Utilisation d’eau ou de glace pour soulager les symptômes ;

• Si nécessaire, médicaments pour soulager le prurit. Les mesures préventives, telles que le maintien d’une sphère génitale propre et sèche, participent également au traitement des infections. Il est recommandé d’éviter les savons parfumés ou forts et les produits topiques inutiles (tels que les déodorants utilisés pour l’hygiène intime). Parfois, on peut atténuer la douleur et le prurit en appliquant une poche de glace ou des compresses froides sur la sphère génitale ou en réalisant un bain de siège froid (avec ou sans bicarbonate de soude ou sels d’Epsom). Ce bain doit être pris en position assise, les régions anale et génitale plongées dans l’eau. Asperger la sphère génitale avec de l’eau tiède contenue dans une bouteille d’eau peut aussi soulager les douleurs et les démangeaisons. Si ces mesures ne soulagent pas les symptômes, il faut alors employer des médicaments. Les antihistaminiques administrés par voie orale permettent de soulager le prurit. Ils induisent également une somnolence et peuvent être utiles si les symptômes ont une incidence sur le sommeil. Il est donc impératif de consulter son médecin. Non traitées ou mal traitées, les infections génitales peuvent se compliquer.

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