Opinion du magazine L’Autre Afrique : Billes Gates menteur en Afrique

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Les plus riches au chevet des plus pauvres ?
De décennies en décennies, au prétexte de vouloir en donner un « visage humain », les plus grands défenseurs du capitalisme mondialisé « , souvent classés, chaque année, par Forbes, parmi les plus riches de la planète, n’en finissent pas, à grands coups de millions de dollars, d’intervenir dans les pays pauvres.

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Sans discontinuer, Ils s’acharnent, affirment-ils en lien avec les « acteurs locaux », à « monter » des plans et expériences divers dans le but, toujours ressassé, de permettre aux populations concernées de « sortir de la misère ».

Qui ne se souvient, au début des années 2000, des déclarations tonitruantes d’un Attali sur le microcrédit et les « miracles » qui allaient en ruisseler. Ex directeur de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction européenne). Chargé d’un exposé sur la question des institutions bancaires et les régions les plus pauvres, notre « missionnaire » se sent pris d’une nouvelle orientation humaniste : par des prêts minuscules, apporter les moyens économiques de créer leur emploi à ceux qui n’y ont pas accès.(!)
Il obtient immédiatement, le soutien d’un Abou Diouf, président en exercice du Sénégal, ne voyant pas plus loin que le bout de son nez ni le problème majeur des remboursements ainsi que le soutien d’un Michel Rocard, son ami en politique et à la vie, alors en charge de la commission européenne de développement et de coopération.

Et comme si ces deux « parrainages » ne suffisaient pas, c’est avec la bénédiction de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) qu’était consacrée la naissance officielle de l’objet. Baptisée Planète Finance et Planet Bank par son géniteur avec pour définition : « La première société privée humanitaire à caractère virtuel ».

Sachant qu’à la seule différence concernant sa cible de clientèle, il s’agit d’une banque comme toutes les autres banques, on se pince lorsqu’on voit des Abou Diouf, des Rocards et autres responsables de la CNUCED gober les bobards définissant une banque de prêts comme : « La première société privée humanitaire… »

Un scandale meurtrier

En réalité, comme il en est coutumier, Attali n’avait fait que reprendre et plagier un modèle créé par Muhammad Yunus dans les années 80 au Bengale. Affichant un taux exceptionnel de 98% de remboursement, à mi-parcours celui-ci tirait un bilan tout à fait positif de son opération. Les pauvres ont des fonds et les banques remboursées…objectif atteint ?

Hélas, en avril 2016, reprenant une enquête de terrain approfondie, l’hebdomadaire le Nouvel Obs en donnait une vision tout à fait contraire :
 » Le corps du défunt reposait devant la maison et la famille pleurait sa disparition soudaine. Pendant ce temps le représentant local de l’ONG créancière demandait que les proches fassent la quête pour rembourser la dette du mort. » (Etude universitaire de terrain)

Il ne fallait en effet pas être grand clerc pour comprendre que, s’adressant à une demande déjà très endettée, les conséquences de ces prêts allaient conduire à un surendettement meurtrier :
 » La microfinance génère des niveaux toujours plus élevés de surendettement parmi des communautés déjà appauvries, ce qui exacerbe leurs vulnérabilités économique, sociale et environnementale. »
Taux d’intérêt très élevés, pratiques prédatrices, ce qui a été nommé les « Krachs de la microfinance » se sont multipliés. Ils se sont produits aussi bien au Pakistan, au Maroc, au Nicaragua, au Liban, au Mexique, dans diverses régions d’Afrique…et le Nouvel Obs de préciser :  » En Inde, le phénomène consécutif de surendettement a été lié à des centaines de suicides et, au Bangladesh, à des trafic d’organes. »
Telle est donc, sous couvert de soutien et bien cachée au sein des ONG ad hoc, la réalité de « l’humanitaire bancaire privé » que cherche à nous vendre les financiers de tout poil.

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Bill Gates sur le même chemin

Dans la droite ligne tracée par toutes les « aides humanitaires » dont bénéficie le continent Africain à son corps défendant, et utilisant les mêmes mensonges grossiers, son ONG en bandoulière, depuis presque 20 ans, Bill Gates prétend apporter aux agriculteurs subsahariens les moyens de sortir de la « grande pauvreté ».

Objectif affiché : Doubler la productivité (aïe!), doubler de ce fait les revenus des paysans et, en même temps, réduire l’insécurité alimentaire dans plus de vingt pays.
Aux fins de mettre en oeuvre ce projet c’est en 2006 que deux organisations (fondations de milliardaires) : La Fondation Bill et Melinda Gates et la Fondation Rockfeller fusionnent pour fonder ensemble l’association AGRA (Association pour une révolution verte en Afrique) se dotant de plus de un milliard de dollars.

Pour, selon les promoteurs eux-mêmes, » transformer les conditions d’existence de millions de paysans », trois axes majeurs sont mis en avant : les semences à haut rendement, les engrais et les pesticides chimiques. Les résultats ne se sont évidemment pas fait attendre : contraint d’acheter à crédit (tiens, tiens !) les paysans se sont très vite retrouvés surendettés auprès des trusts agrochimiques.

Une fois pieds et poings liés à ces fournisseurs, ils ont immédiatement perdu la liberté du choix de leurs cultures, les trusts imposant, au mépris de toute biodiversité, le choix des plantes à mettre en culture. (Essentiellement maïs et soja).

Par ailleurs, l’AGRA a évidemment consacré bon nombre de ses « subventions » à exercer un lobbying très intense auprès des gouvernements africains.
NB : Dire qu’on nomme ici lobbying ce qu’on pourrait nommer corruption est un euphémisme.
L’AGRA est ainsi à l’origine d’un « groupe d’intérêt » appelé « American fertilizer and agribusiness partnership », groupe dans lequel elle a injecté jusqu’à 25 millions de dollars (!)

Ce groupe d’interêt, se donnant pour mission de représenter l’industrie des engrais chimiques auprès des gouvernement africains. Autrement dit, L’AGRA a réalisé le projet initial des grandes entreprises internationales : que les pays africains adoptent des programmes de subventions spécifiques conditionnées à l’acceptation par les paysans des méthodes et produits de l’agrobusiness.
Conclusion : un échec pour la paysannerie, un succès pour l’agro business.

Autrement dit : appauvrissement des paysans, enrichissement des entreprises étrangères.

François Charles, L’Autre Afrique

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