{Opinion} Corruption à l’Agence nationale des transports terrestres (ANaTT) : une opportunité d’apprentissage des uns et des autres
C’est avec une grande amertume que j’apprends que beaucoup de malversations financières continuent de gangrener l’Administration publique béninoise malgré les efforts du gouvernement Talon. Cela est d’autant plus choquant quand on analyse l’ampleur de la gabegie, de la gloutonnerie et surtout comment certains responsables se sont comportés en ‘‘donneurs de leçons’’ depuis 2017 jusqu’à un passé récent. Certains responsables de l’agence plébiscitaient l’importance des réformes et en étaient les avocats devant le public béninois.
Néanmoins, ces difficultés ne devraient pas nous décourager. Elles devraient plutôt renforcer notre volonté et notre détermination à réussir les réformes. En effet, par cette situation, certains des techniciens travaillant dans notre Administration publique viennent de prouver que la réforme peut être utilisée comme un couvert pour que continuent les habitudes acquises sous les régimes précédents.
Ce cas de corruption représente tout ce que n’importe quel réformateur peut craindre : une marche en arrière capable de changer le cours des évènements futurs. Mais cette marche en arrière, ce scandale prouve que les réformes ont commencé à porter leurs fruits et ne devraient être en aucun cas compromises ou retardées.
De toute façon, la situation interpelle la vigilance et le savoir-faire du réformateur. Si des gens – qui plus est des défenseurs de réformes – ont le courage de dilapider autant de fonds publics durant la mise en œuvre des réformes, à quoi peut-on s’attendre si on maintenait le statu quo ? Depuis 1960, si la gestion des entités publiques nous a appris quelque chose en matière de réformes, c’est la délicatesse du travail face à l’ego de l’Homme béninois.
C’est une leçon pour le gouvernement Talon qui devra comprendre que maintenant les réformes doivent s’accompagner du changement progressif des mentalités. C’est un exercice délicat et de longue haleine nécessitant entre autres l’introduction progressive des champions capables de donner l’exemple ainsi que la mise en place d’un système de mentorat et de suivi. Aussi le système de décoration et de motivation du servant public i.e., le fonctionnaire d’état, devrait-il être amélioré pour créer tache d’huile et un effet de boule de neige pouvant engendrer un environnement propice à la politique du changement du système de gestion connue jusqu’au passé récent.
En tout cas, l’avenir du Benin se joue aujourd’hui et le retour au statu quo n’est pas permis. La gestion des entreprises publiques basée sur hasard, le clientélisme, « le Biglotcheme- tout pour moi et ma famille » doit être combattue à tout prix. Tout le public béninois devra être responsabilisé afin de dire « quelque chose » quand il entend ou voit « quelque chose ». Le développement de notre pays est à ce prix.
Bonaventure Fadohan