Sortie des vivriers vers des pays voisins au niveau des frontières dans l’Alibori : corruption ! Force navale, douaniers et policiers complices d’une exportation illicite
Ce qui se joue dans le dos de l’État central dans le département de l’Alibori, au Nord-Bénin, ressemble à un sabotage ourdi par certains cadres des forces armées béninoises contre le plan d’atténuation de la flambée des prix des denrées de première nécessité.
Il y a quelques semaines, pour maîtriser la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité, (situation devenue insoutenable pour les populations) le gouvernement du Président Patrice Talon a décidé de mettre fin aux sorties incontrôlées de certaines marchandises dont notamment les vivriers. D’une main douce (sensibilisation des producteurs), le gouvernement est même passé à la fermeté avec l’arraisonnement des marchandises au niveau des frontières. Cette opération avait permis d’intercepter des tonnes de produits vivriers et ainsi éviter la tension de la pénurie et l’inflation des prix sur le marché local.
Mais tous ces efforts sont aujourd’hui menacés par une situation de fraude organisée en réseau dans certaines localités du Nord. Images et vidéos à l’appui, nos sources très actives sur les différents lieux du forfait, nous renseignent qu’il y aurait, à tous égards, une collaboration et une complicité entre certains hauts gradés des unités des forces navales, de la police républicaine et de la douane présentent à Karimama, Malanville, Madekali,…qui favorisent l’exportation illicite des marchandises. Selon nos sources, c’est contre de « fortes sommes » que ces « patrons » de l’armée coalisés laissent les commerçants des produits agricoles traverser les différentes frontières.
Des bidons d’huile exportés
Pour camoufler leur forfait, précise une autre source locale, les agents subalternes qui montent la garde à la frontière ont été détachés pour un lieu distant de 8 kilomètres au moins de leurs postes habituels. Cette stratégie aurait permis de se débarrasser de jeunes agents gênants qui, présents à la frontière, se rendraient compte des actes corruptibles entre commerçants de produits agricoles et leurs patrons en uniforme. Une source décrit le mode opératoire. « Quand il fait nuit, les sacs de riz non décortiqués, haricots, de maïs, des bidons d’huile,… sont convoyés sur les rives pour embarcations vers le Niger ou le Nigeria.», explique une source qui précise que l’argent perçu par sac de marchandise s’élève à 1000f.
Les gradés des unités marines, de la douane et les commissaires de police sont cités comme percepteurs des sous collectés. Les marchandises arraisonnés au cours des premières opérations suite à la décision du gouvernement sont de plus en plus convoyés vers les pays voisins grâce à l’opération des » 1000f/ sac », a confié une source. Sur les images et les vidéos parvenues à notre rédaction, il est aisé de voir les sacs de marchandises entreposés sur la rive et prêts à être embarqués pour traverser les frontières. Dans ce réseau, la clandestinité est le maître mot. Les hauts gradés, fait savoir une source, ne prennent pas directement les sous »main à main ».
« Ces cadres de l’armée, mettent devant le délégué ou son fils qui sont mandatés pour collecter les fonds sur chaque produit. Un point hebdomadaire est fait chaque lundi pour une répartition des fonds entre marins, douaniers, policiers et les exécutants ( les délégués ou chefs de villages) », a détaillé une autre source qui insiste aussi sur le consentement des mairies dans cette complicité. Elles aussi tireraient leur part du forfait. Si la situation perdure, tout le plan d’atténuation de la flambée des prix mis en place par le gouvernement va s’effondrer et les populations auront davantage du mal à vivre.
Le gouvernement Talon devrait ainsi répondre avec fermeté, comme il en a l’habitude, à ce réseau métissé ( hommes en uniforme et civils) qui cultive la corruption au niveau des postes frontaliers du Bénin.