???? Escroquerie, corruption, faux et usage de faux dans le double dédommagement à Abomey-Calavi: Houénou De-Dravo, Germain Cadja Dodo et 3 autres incarcérés
Le vendredi 11 février 2022, le dossier « double dédommagement dans une affaire de parcelles à Abomey-Calavi » a connu une autre procédure juridiquement rectiligne. Les 8 personnes sous la menace de sanctions pénales ont été à nouveau devant le procureur de la République près le tribunal de première instance de deuxième classe d’Abomey-Calavi qui, après les auditions et l’étude des procès-verbaux d’enquête préliminaire, a clarifié les chefs d’accusation. Il en ressort que Darius Bocoga, Augustin Nougbodè, Raymond Wanamon, Cyprien Djèdjè, l’ex-CA de Godomey Germain Cadja Dodo, l’expert géomètre Florentin Bankolé, Paulin Sèmondji et l’ancien maire Liamidi Houénou De-Dravo sont judiciairement traqués pour les faits d’escroquerie, faux et usage de faux, complicité d’escroquerie et complicité de faux et usage de faux.
Selon nos sources, les mis en cause ont d’abord traversé trois gros ponts avant de rejoindre le village carcéral. Après avoir été auditionnés par le ministère public, ils ont été ensuite écoutés par le Juge d’instruction du 2e cabinet, puis enfin chez la Juge des libertés et de la détention (Jld). Plus tard aux environs de vingt-deux heures trente, la décision attendue leur a été annoncée. Un mandat de dépôt a été flanqué contre 5 personnes sur les 8 poursuivies. L’ancien maire, Liamidi Houénou De-Dravo ; l’ex-CA Germain Cadja Dodo et les sieurs Darius Bocoga, Augustin Nougbodè et Raymond Wanamon sont ainsi déposés en prison. Cyprien Djèdjè est, quant à lui, poursuivi sans mandat de dépôt pendant que l’expert géomètre Florentin Bankolé et Paulin Sèmondji sont mis sous contrôle judiciaire. Dans le dossier, les intérêts de la mairie victime des actes commis sont défendus par l’ex-bâtonnier Arthur Balley. À en croire plusieurs sources contactées, l’ex-maire De-Dravo est empêtré dans nombreuses procédures judiciaires. Les mêmes sources laissent entendre que l’ancien maire est poursuivi sans mandat de dépôt dans une autre affaire domaniale désignée »affaire Mitinkpon » dont l’audience est pour ce lundi 14 février 2022. Octogénaire, l’ancien patron du Conseil communal d’Abomey-Calavi va ainsi comparaître en gilet de prisonnier dans cette affaire.
Un regard rétrospectif sur le dossier …
Selon nos sources, plus de 300 parcelles sont concernées par l’affaire. En 2003, 4 différentes familles ont, à en croire nos sources, saisi le maire d’alors, Liamidi Houénou De-Dravo sous le prétexte que leurs parents avaient donné un domaine d’un peu plus de 17 hectares à l’État. Le domaine concerné est celui qui abrite le projet « Agro pédologie » situé presque en face de IITA dans le quartier Allègléta dans l’arrondissement de Godomey. L’objectif de la saisine de l’autorité n’était que le dédommagement. Les familles ayant cédé ce domaine pour cause d’utilité publique sont Hounga, Dourodemi, Tagan et Atchogoun. Nos sources font savoir que ces familles à travers leurs représentants ont signé en 1969 un certificat de désistement et d’abandon du domaine à l’état pour cause d’utilité publique. L’année suivante, soit 1970, l’État à travers la décision DCC ANNÉE 1970/ DEC/279 / MED-DE, Décision du comité directoire chargé du ministère de l’économie et des finances signé du ministre Lieutenant-Colonel Trokpa E. a attribué un montant de quatre cent quatre mille cent dix (404.110) francs CFA aux 4 familles. Les familles se sont d’ailleurs partagé les fonds en fonction de la superficie que chacune détenait. Concernant les montants reçus par chacune des quatre familles, nos sources renseignent que la famille Hounga a pris deux cent dix-huit mille sept cent quatre-vingt-dix (218.790) ; la famille Atchogoun a reçu cent trente-huit mille deux cent quatre-vingt-seize (138.296) francs ; la famille Tagan quant à elle a pris vingt-cinq mille huit cent quatre-vingt-dix-sept (25.897) francs et la famille Dourodemi a reçu vingt et un mille cent vingt-sept (21.127F). L’État s’est ainsi acquitté de son devoir à travers le versement de ces fonds compensatoires. Mais curieusement en 2003, les représentants des 4 familles ont saisi le premier maire de la commune d’Abomey-Calavi à l’ère de la décentralisation, Liamidi Houenou De-Dravo. Cette fois-ci, les quatre familles ont souhaité une rétrocession du domaine. Le 28 octobre 2003 dans une correspondance , le maire De-Dravo en réponse aux familles accède aux requêtes et conclu dans sa correspondance dont la rédaction a obtenu copie ce qui suit : « (…) en conséquence, vu l’urgence et la pertinence de votre doléance, je vous demande de vous rapprocher des structures coopérant dans le périmètre du lotissement de Togoudo précisément dans le secteur 2 à savoir le cabinet BETIB-SARL, URBA-Alpha et l’IGN pour les dispositions en vue de votre prise en compte effective au cours des travaux de lotissement pour une opération apaisée ». Cette correspondance a permis aux représentants des familles d’obtenir des parcelles relevant du domaine indexé. Par la suite, nos sources informent que les maires qui ont succédé au maire Houenou De-Dravo ont reçu des courriers et certains ont fait la politique des quatre familles dont les représentants sont dans le faux pour un double dédommagement. Aux heures actuelles à en croire nos sources, exactement 350 parcelles ont été sorties des réserves administratives de la mairie d’Abomey-Calavi dans cette affaire de double dédommagement.
Tous les anciens maires en prison …
L’évolution de l’actualité judiciaire dans la commune d’Abomey-Calavi fait noter que ses anciens maires ont tous goûté à l’oxygène de la prison. Et ce, rien que pour des affaires liées à la terre qui les ont rattrapés. Liamidi Houénou De-Dravo qui a dirigé la commune à la première mandature de l’avènement de la décentralisation est aujourd’hui le dernier ancien maire qui fait l’expérience de la vie carcérale. Georges Bada de la troisième mandature a été le premier ancien maire contraint à la prison par l’affaire « 39 hectares ». Il a été condamné à 6 ans de prison ferme par la Criet. Celui de la deuxième mandature a pour nom Patrice Hounsou-Guèdè. Il a écopé et purgé la peine d’un an d’emprisonnement ferme. De façon decrescendo, chacun de ces anciens maires a gouté à la ciguë de la prison. Et cela doit servir de leçons aux actuels dirigeants communaux et locaux pour craindre la chose publique.
G. D.