Trésors royaux du Bénin: 3 artistes-plasticiens interrogent les biens restitués sur une exposition

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Dans le cadre de l’exposition diptyque au Palais de la présidence de la République et dont le vernissage a eu lieu il y a quelques jours, l’association Kulturforum Sud-Nord a initié une exposition sur les biens culturels restitués au Bénin en novembre dernier. Cette activité a démarré le 20 février 2022, dans le nouvel espace culturel de l’association à Togbin Plage autour du thème: « What will they tell us ? (Que vont-ils nous raconter?) »

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Une exposition off restitution des biens culturels du Bénin se tient actuellement au centre culturel de l’association Kulturforum Sud-Nord. Elle met en lumière 3 artistes plasticiens de renommée à savoir : Sica Christelle Yaovi, Sanda Amadou et Georges Adéagbo.
En effet, au dire du scientifique culturel, Stephan Köhler, Directeur-Fondateur de Kulturforum Sud-Nord, cette exposition fait suite à un symposium qu’avait organisé son association avec le Professeur Romuald Tchibozo en 2014 sur « L’art contemporain au Bénin se serait-il développé différemment, si les sculptures des ancêtres du Dahomey avaient été exposées dans leur pays depuis leur création ? ». Aujourd’hui, 26 trésors sont de retour et il est important de se poser un certain nombre de questions. Cette exposition qui se tient en off à la grande exposition de restitution des œuvres à la Présidence de la République est initiée pour interpeler les œuvres qui ont été restituées. Elle offre à Georges Adéagbo, Sica Christelle Yaovi et Sanda Amadou, l’occasion de questionner à travers leurs œuvres et de montrer des processus épistémiques plutôt que des marchandises esthétiques fermées et définies. Ces toiles de meilleure facture font naître des interrogations telles que : Que vont-ils dire, ces trésors royaux, aux Béninois ? Leur présence dans leur lieu d’origine va-t-elle changer la trajectoire de la pratique artistique? « Nous voulons amener chaque citoyen béninois à se poser les bonnes questions sur cette restitution des œuvres », indique Stephan Köhler.

Plusieurs interrogations autour de l’histoire des œuvres

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« On se demande en dehors de tout ce qui se fait autour des œuvres ramenées au pays, ce que le gouvernement béninois va continuer à faire pour ces créateurs vivants pour les aider dans leurs productions, les aider à montrer les œuvres au public béninois et d’ailleurs. Je suis content que quelque chose soit fait par le régime actuel. Il y a un bureau de planification d’une galerie nationale qui est à l’œuvre. Il a déjà commencé par collectionner des œuvres. C’est déjà un grand pas », souligne M. Köhler. Dans ce projet, Sanda Amadou a exposé quatre toiles. Trois abordent la culture peulh et parlent de sa réalité culturelle en tant qu’artiste, qui il est et d’où il vient. Ces toiles relatent le vécu et le quotidien des nomades. « Cette exposition est pour interpeller les œuvres qui ont été restituées. On se demande si ces œuvres peuvent changer ou apporter quelque chose à la création artistique ? Est-ce qu’elles peuvent changer un peu la trajectoire de la créativité des artistes plasticiens béninois ? L’interrogation de l’exposition s’adresse aux Béninois », confie-t-il.
Sica a exposé dans ce cadre sept toiles et une installation. Ses œuvres, comme à son habitude sont restées ouvertes et interrogent. « Aujourd’hui on se rend compte qu’on peut exprimer beaucoup de choses à partir de l’art. Le questionnement est vraiment celui-ci. Quelle va être la suite de la restitution des œuvres et de l’exposition qui se tient au palais ? Est-ce que le travail des artistes va être reconnu ? Est-ce que la place des artistes va être une véritable place ou éphémère ? Comment allons-nous transmettre l’art à nos enfants ? Parce que finalement, nous écrivons l’histoire au quotidien comme les œuvres qui ont été récupérées et qui pendant des siècles ont servi dans des musées français. Ces blancs ont gagné pas mal d’argent sur notre travail et on a toujours fait croire qu’on ne connaissait rien à l’art ou à l’esthétique. Finalement, quand on voit les œuvres récupérées, on se rend compte qu’on était très doué à l’art. Mais peut-être en grandissant avec depuis la base, on aurait eu beaucoup confiance en nous. Aujourd’hui, la nouvelle génération va pouvoir grandir avec cela. Donc, il est normal qu’on se pose des questions » explique Christelle Yaovi.

La qualité des œuvres exposées saluée

L’installation de Georges renseigne sur ce que c’est que l’art. Elle indique que l’art est dans la nature. Et c’est l’art qui fait l’artiste. L’artiste n’est un missionnaire qui recherche la deuxième personne de soi et accomplit la mission qu’est l’art de la nature. Le vernissage de l’exposition a enregistré pas mal de personnalités pionnières du monde culturel, à savoir Bénédicte Savoy, (qui a déclenché le débat de la restitution), Alicia Knock (Centre Pompidou Paris) et Chris Dercon, (Président de la Réunion des Musées Nationaux), des membres du corps diplomatique et autres amoureux de l’art. À l’occasion, ils ont donné leurs avis et impressions sur le rapport futur entre la population béninoise et ses artistes. Aussi ont-ils reconnu et salué la qualité des œuvres exposées et le talent des trois artistes. Pour eux, l’exposition « What will they tell us ? (Que vont-ils nous raconter?) » qui prend fin le dimanche 6 mars prochain est déjà une réussite.

L.T.

SWEDD

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