Présentation du spectacle « Incinérés »: une pièce de théâtre qui retrace le parcours des 26 trésors royaux restitués
Le public de Cotonou et environs a eu droit les 25 et 26 février 2022 à la représentation de la pièce de théâtre intitulée « Incinérés » en lien avec la restitution des 26 trésors royaux du Danxomè. Une œuvre qui retrace le parcours de ces biens ramenés et actuellement en exposition à la Présidence de la République. C’était au théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou.
Dans le cadre de l’exposition diptyque, ‘’art du Bénin d’hier à aujourd’hui’’, l’Institut français a offert au public un spectacle intitulé « Incinérés ». Une pièce de théâtre écrite par Jérôme Tossavi sur commande de l’ambassade de France près le Bénin et mise en scène par Alougbine Dine. La pièce a été présentée au public de Cotonou et environs les 25 et 26 février 2022 au théâtre de verdure de l’Institut français. Les spectateurs sont venus non seulement apprécier la prestation des acteurs, mais aussi, et surtout apprendre l’histoire du parcours des 26 trésors royaux restitués par la France en novembre dernier.
Pendant plus d’une heure de scène en effet, les membres de la troupe permanente de l’atelier Nomade de l’École Internationale de Théâtre du Bénin (Eitb) ont démontré leur génie créateur dans une représentation alliant musique, danses, chants, percussions et paroles autant en français qu’en langue fon. Dans un décor atypique avec quelquefois des jeux de lumière, des acteurs masqués vêtus de noir, symbolisant les esprits des 26 œuvres ramenées de la France, communiquent dans un langage incompris avec leurs bourreaux (les colons) qui les ont déportés. Des esprits qui se sont rendu compte qu’ils étaient hors de leur environnement habituel et ont dû s’agiter pour se libérer. En clair, ils ont conté leur histoire ce soir-là.
Incinérer pour renaître
La représentation de la pièce a été suivie d’une causerie qui a permis à quelques spectateurs de poser des préoccupations à l’auteur du texte et le metteur en scène. À la question de savoir pourquoi « Incinérés », Jérôme Tossavi répond sans hésitation. « Je suis dans le symbolisme. Il ne s’agit pas véritablement d’une incinération physique, mais d’une incinération perçue du point de vue de la renaissance. Parce que je conçois que les feux redonnent une nouvelle vie aux choses. Donc j’ai agi dans cette sphère symbolique des choses ; incinéré pour renaître », a-t-il expliqué.
Très ému à l’issue de cette soirée, l’ambassadeur de France près le Bénin a rappelé le contexte dans lequel cette commande a été faite. «Il y a quelques mois, on discutait du prix littéraire qu’il a gagné. La restitution n’était pas encore intervenue. Je lui ai dit pourquoi ne pas faire une pièce dont les personnages seraient les œuvres qui vont revenir. C’est tout ce que je lui ai dit. Je suis ravi qu’on ait eu cette idée ensemble », se réjouit Marc Vizy.
Le bibliothécaire de l’institut français a saisi cette occasion pour témoigner sa gratitude au diplomate. « Il m’a permis de me ressourcer, de retourner à la case de départ, de questionner tous ces objets, d’imaginer le récit que vous venez de voir », confie Jérôme Tossavi qui avoue avoir eu la chance que son texte ait rencontré un personnage comme Alougbine Dine. « Vous avez vu la dimension du spectacle, la performance en musique, chants, danses, percussions; ça dépasse vraiment mes visions didascalies », a-t-il reconnu.
Un message de victoire et d’espoir
L’une des vedettes de cette soirée a été Alougbine Dine, un metteur en scène qu’on ne présente plus. Directeur de l’École Internationale de Théâtre du Bénin (Eitb), il a été la cheville ouvrière de la représentation de « Incinérés ». À son tour, il a aussi expliqué à l’assistance comment il a pu accoucher cette œuvre. « Il m’a envoyé le texte, je l’ai lu. La première chose, c’est que j’ai pensé à la scénographie et puis j’ai commencé à aligner des idées. J’ai commencé à penser à des choses, évidemment à des comédiens et ça a coïncidé aussi avec la formation de la troupe permanente de l’atelier Nomade », laisse-t-il entendre.
Mais dans une humilité qu’on lui connait, Alougbine Dine a attribué le mérite du succès de cette représentation aux acteurs sur scène. « Que ce soit le texte, la danse, à la chanson, la musique, c’est ceux qui exécutent qui portent le fardeau. Le mérite n’est pas à moi, le mérite est à tous ceux-là. Je n’ai fait que diriger, c’est eux qui ont fait. Moi je n’ai fait que fédérer les arts, les imaginations pour en faire quelque chose de plus grand. C’est la conjugaison de beaucoup d’efforts de plusieurs individus qui a donné ce résultat », a-t-il fait savoir. Et ceci poursuit-il, exactement comme la conjugaison des efforts de plus d’un siècle, de plusieurs années de combat qui ont amené le Bénin à ramener ces 26 œuvres. Pour Alougbine Dine, c’est le même combat, puisqu’à la base de l’autre combat, il y a la créativité qui représente le génie du peuple béninois.
Au dire du metteur en scène, les liens sont forts avec ce qui se passe au palais de la Marina. Puisque l’arrivée des œuvres était un sujet de joie et de bonheur. « Lorsque j’ai rencontré cette pièce, je me suis dit qu’il faut en faire aussi un sujet de joie et de bonheur, de succès par rapport à nos ambitions, à ce que nous voulons pour notre peuple », fait savoir l’ancien directeur du Fitheb.
Et s’il y a un message à retenir à l’issue du spectacle de la pièce « Incinérés », Alougbine Dine pense qu’il se résume à deux mots : victoire et espoir.
L.T.