Failles dans la fourniture d’énergie électrique au Bénin: la Sbee renoue avec ses ‘’coupures sauvages’’, l’incompétence en cause
(Talon devrait peut-être résilier le contrat avec les Canadiens et refaire confiance aux nationaux)
Les Béninois sont depuis peu contraints par la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) de subir les effets insupportables liés à l’inconfort de l’obscurité. Et même si, pour le moment, il s’agit d’une interruption partielle et à des moments donnés, dans la fourniture de l’énergie électrique, l’administration de la Sbee crée d’énormes dégâts. En effet, il n’y a plus un seul jour qui passe sans que dans la journée ou dans la nuit, les ménages, les entreprises et autres lieux de service, ne connaissent une coupure d’électricité. Le responsable de cette situation critique est tout trouvé : la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee). Dans sa mission, la Sbee est censée assurer une distribution de l’énergie électrique. Mais depuis les coupures sauvages qui font rage, les abonnés de la Sbee sont plus que jamais floués et leurs diverses activités mises à mal. La reprise des coupures intempestives d’électricité rappelle tristement la période d’avant 2016 où Le délestage avait obligé nombre de citoyens à recourir à l’usage des groupes électrogènes. Mais depuis 2016, à sa prise de pouvoir, le Président de la République, Patrice Talon a révolutionné le secteur énergétique au Bénin. Le mauvais sort du délestage a été conjuré à coups d’investissements pharaoniques dans la production d’énergie sur les centrales électriques. Depuis, les Béninois sont habitués à la disponibilité de l’énergie à plein-temps. C’est d’ailleurs l’une des grandes réalisations ayant milité pour le renouvellement du mandat au Président de la République le 11 avril 2021 à l’occasion de l’élection présidentielle. Dans le but de rationaliser le secteur énergétique, le gouvernement du Bénin avait mis en gestion déléguée la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee). Le choix de la société canadienne pour la gestion déléguée de la SBEE a été décidé en conseil des ministres le 11 septembre 2019. La société Manitoba Hydro International a ainsi démarré ses activités. Jacques Paradis, premier Directeur général a pris ses fonctions à la tête de la Sbee mais n’a pas fait long feu à la tête de l’entreprise. Le nouveau Directeur général de la Société Béninoise d’Energie Electrique (SBEE) a pris service le jeudi 13 janvier 2022. M. Gérard Zagrodnik a été nommé le 22 décembre 2021 au poste de DG après le limogeage de Jacques Paradis intervenu le 25 octobre 2021. Nommé le 22 décembre dernier, le nouveau Directeur général de la SBEE a pris fonctions ce jeudi 13 janvier 2022. Gérard Zagrodnik vient remplacer Jacques Paradis, qui a été relevé de ses fonctions le 25 octobre 2021. Le nouveau directeur général connaît bien la maison. Gérard Zagrodnik occupait dans l’équipe de Jacques Paradis le poste de Directeur des études, projets et planification de la SBEE. Mais alors que l’on pensait que la fourniture de l’énergie électrique devrait se poursuivre avec grand professionnalisme, la nouvelle équipe dirigeante semble être en panne de résultats. Depuis le début de l’année 2022, le délestage rythme le quotidien des Béninois. Une équipe de rédaction a séjourné ces derniers jours pour des raisons professionnelles dans plusieurs localités du pays. Mono, Couffo, Zou, Collines. Partout, le constat est le même. Les populations crient leur ras-le-bol. Parfois, les populations sont privées d’électricité pendant plusieurs heures. À Cotonou, métropole économique où sont concentrées les entreprises et les devis clés, les coupures sauvages ont presque paralysé les productions dans tous les secteurs. Une seule minute de coupure d’électricité entraîne des conséquences énormes sur les entreprises et sur les ressources de l’État. La situation semble s’empirer. Depuis 2016, les abonnés aux groupes électrogènes ont abandonné ces appareils convaincus que désormais, sous l’administration Talon, l’énergie électrique sera disponible 24/24h. Mais avec le retour brutal du délestage, ils seront nombreux, ces citoyens, à devoir remettre en fonction leurs groupes électrogènes ou s’en procurer. Même là encore, cette option serait plus ruineuse, car le coût de l’essence et du gazoil est intenable dans un contexte de flambée généralisée des prix des produits. Le comble, c’est le flou et l’absence de voix publique autour de ce retour du délestage. Le nouveau directeur général de la Sbee n’a, jusqu’ici apporté la moindre information pour expliquer aux populations les motifs de ce délestage. Le silence des dirigeants de la Sbee cache-t-il une incompétence ? Si la Sbee ne corrige pas au plus vite cette situation des coupures sauvages, la cote de popularité du Président Patrice Talon risque de prendre un coup en cette veille des élections législatives. Les voix critiques vont surfer sur ce retour du délestage pour battre campagne contre les partis politiques de la mouvance. L’impasse est là. Le président de la République Patrice Talon a une vision noble pour le pays. Son ambitieux programme est d’aller vers une autonomie énergétique et rentrer dans une exportation pour tirer des recettes. Mais avec ce retour au délestage, la Sbee risque de compromettre les ambitions du Président de la République Patrice Talon. Les termes du contrat de gestion déléguée de la Sbee sont clairs. Si l’entreprise belge ne réalise pas les résultats attendus, le chef de l’État devrait déjà penser à résilier ce contrat et refaire confiance à l’expertise locale pour gérer la Sbee. Les béninois ont plus que jamais besoin d’avoir la paix du cœur. L’époque des coupures sauvages doit définitivement être révolue.
Brivaël Klokpé Sogbovi