Prostitution modernisée : dans l’univers du « Bizi » au Bénin

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La prostitution, le plus vieux métier au monde est pratiqué de nos jours sous des formes diverses. Ce commerce vieux de longues années ne se pratique plus uniquement dans les rues, bars, boîtes de nuit et trottoirs. Aujourd’hui, elle est modernisée avec l’avènement des réseaux sociaux. On parle désormais du Bizi au Bénin.

La plupart des prostituées ont abandonné les trottoirs pour les réseaux sociaux. Des groupes WhatsApp et même Facebook sont créés à cet effet avec pour démarcheurs de sexe les administrateurs de ces groupes. « Dans mon groupe, vous ne verrez que des responsables, des patrons d’entreprises, des policiers, des cadres de l’administration qui profitent de nos services », a confié Edmond Z., un administrateur de groupe de ‘’Bizi’’.

« J’ai plusieurs filles avec qui je travaille. Je leur trouve des clients et j’ai ma commission que je prends. Il m’arrive d’être au cœur des négociations jusqu’à la livraison de la marchandise généralement chez le client », a ajouté Edmond Z. Il va un peu plus loin en affirmant qu’« il arrive des fois que les filles après l’acte, fassent des manigances pour ne pas me payer. Cela m’amène à appliquer le règlement du groupe. Et un tel comportement est passible de retrait systématique ».

Pour sa part, Nadia, membre du groupe d’Edmond fait savoir que le métier de ‘’bizigirl’’ est bien rentable. « Il m’arrive de gagner jusqu’à 50.000 F en une journée quand la chance me sourit. Figurez-vous que j’ai des clients qui vont jusqu’à payer en une nuit entre 25 et 30.000F. C’est des boss qui connaissent la valeur de la chose. Vraiment, le Bizi fait beaucoup dans ma vie et je trouve cela mieux que d’aller travailler pour quelqu’un », laisse entendre la jeune Nadia, la vingtaine.

Un système de prostitution bien huilé

Même si Edmond n’a pas voulu révéler le nom du groupe il a toutefois indiqué son mode de fonctionnement. « D’abord, mes filles sont appelées à être propres. L’autre chose, il est de leur devoir toutes autant qu’elles sont d’envoyer chaque matin dans le groupe des photos de leur sexe, le pubis bien rasé. C’est une pratique qui excite généralement la plupart de nos clients qui n’hésitent pas à entrer dans les négociations. Une fois la négociation faite, le rendez-vous est calé et c’est souvent pour 2h de temps pour un tarif qui varie de 15.000 f à plus selon les exigences du client ».

Sur les lieux de la livraison du « sexe », la ‘’bizigirl’’ veille à ce que le client soit satisfait pour ne pas avoir à beaucoup discuter lors du paiement. « Aussitôt que j’encaisse les sous, je mets la part qui revient à Edmond de côté, car c’est grâce à lui je fais un bon chiffre d’affaires. Son argent varie de 5.000 à plus. Cela dépend de ce que je gagne sur le terrain ».

Dans un autre groupe dénommé « Club des fouilleurs », la réalité est toute autre. Le sexe est au cœur des actions qui y sont menées même si les administrateurs évitent de mettre l’accent sur cet aspect. Si dans le groupe d’Edmond l’accès est payant, ici ce n’est pas le cas. L’accès est gratuit, mais la participation aux rencontres est obligatoire. La plupart des filles étant des ‘’bizigirls’’, il revient au membre qui sait bien « fouiller » les inbox de tomber sur ces filles qui ont du plaisir à étaler leur marchandise quand elles ont en face d’elle un « initié ». Avec ces filles, le tarif est abordable et varie de 2000 à plus.

Lors des rencontres obligatoires, le membre peut rentrer avec l’une des filles du groupe quand les négociations sont concluantes. Hormis les groupes, il y a aussi de ces filles qui font bien le job et ont leur manière pour se faire des clients. Rosine confie que sur son statut elle publie chaque matin des photos et des vidéos d’elle en train de se masturber.

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« J’intègre les groupes WhatsApp pour pouvoir me trouver assez de contacts. À ces contacts je fais part de mes services. Je gagne beaucoup dans ce job »,a-t-elle révélé. Certains clients interrogés font savoir qu’ils font recours à ces filles de joie pour bien satisfaire leur libido. « C’est des professionnelles de la chose. Avec elles, la satisfaction est totale, la propreté du sexe, n’en parlons plus », a confié Jérôme D. Un autre explique : « avec ma femme, j’avoue c’est la merde. Ces travailleuses du sexe sont des expertes. Elles sucent bien et donnent des positions incroyables. Avec elles je ne me plains pas ».

Un client va jusqu’à dire que ces filles l’aident beaucoup à ‘’tirer un coup’’ au bureau les soirs avant même de rejoindre son épouse à la maison. « Ça évite énormément les questions des maîtresses et les histoires avec madame à la maison. Il faut reconnaître aussi que avec ces filles les dépenses sont moindres et les soucis également par rapport aux maîtresses ». Selon lui ces filles contribuent même à la stabilité du foyer.

Quid de la sécurité de ces filles

Sur la question, plusieurs des filles rencontrées ont livré qu’elles s’en remettent à Dieu une fois chez les clients. « Des fois, vous avez la malchance de tomber sur des drogués qui vous malmènent. Ils font de vous leur objet sexuel de sorte que vous êtes physiquement épuisée après l’acte. Vous n’avez aucune force même de vous lever pour rentrer », déplore Sylvie rencontrée dans un autre groupe bizi. Et à Joséphine d’ajouter : « certains clients nous violent pour dire vrai, car ils nous forcent à des pratiques que je n’ose même pas vous dévoiler ».

Larmes aux yeux, Joséphine arrête la discussion. Une autre ‘’bizigirl’’ confie « il y a une nuit, le monsieur après des heures, n’arrive pas à éjaculer. J’ai vite compris que j’allais passer un sale temps. J’ai pleuré au point de verser toutes les larmes de mon corps avant qu’il ne s’arrête et me dégage de sa chambre en pleine nuit, refusant de payer. C’est triste ».

Beaucoup sont ces filles qui ne sont plus jamais rentrées après des nuits chaudes passées avec des clients. Tantôt elles se retrouvent décapitées ou éviscérées dans les rues pour avoir croisé le chemin des clients ritualistes ou trafiquants d’organes humains, tantôt elles sont portées disparues.

Les risques du métier

Les risques sont énormes. Beaucoup de filles sont porteuses de Vih et même d’infections qu’elles partagent à leurs clients. Il faut souligner que la plupart des jeunes qui s’adonnent à cette pratique n’aiment pas les rapports protégés et se foutent pas mal des conséquences. La responsabilité des parents et des autorités à divers niveaux est interpelée dans ce fléau qui gangrène la société. L’éducation doit être renforcée à tous les niveaux (familles, écoles, universités) et même sur les réseaux sociaux à travers des messages de sensibilisation afin de permettre à ces filles de se remettre en cause et revoir leur copie. Cela va de l’intérêt de la société.

Réalisation : Abbas Titilola

7 commentaires
  1. Koupaki dit

    Vraiment c’est le monde d’aujourd’hui qui est compliqué… L’éducation passe, c’est la conscience qui perd son sens dans cette nouvelle génération….Tu as tout dit…Les félicitations

    1. James Thierry ADOGBO MEDAGBE dit

      Vraiment chaque métier avec ses avantages et ses inconvénients qu’elles prennent plutôt un peu de leur temps à discuter avec leurs partenaires avant le début de toutes actions je vous remercie

  2. Dominique dit

    Je salue le journal le potentiel pour ce texte très intéressant.
    J’aurais souhaité qu’il soit plus publié pour permettre à la majorité de personnes d’en prendre connaissance.
    Je serai même prêt à une séance de travail avec des personnes de bonne s volonté pour mettre en place un groupe qui travaillera dans le sens de sensibiliser la population surtout nos sœurs.

  3. Paul Asko EDAH dit

    C’est bizarre dèè le sexe est devenu commercial de nos jours le monde va juste au déclin

  4. YEVI Alain dit

    Moi j’ai pris la peine de tout lire vraiment , quel est l’avenir de ces jeunes filles s’adonnent à cette pratique dans 50 ans à venir ❓
    Je pleure

  5. DETONDJI dit

    La vie est un choix. Elle est juteuse mais très amère. tout ce que nous faisons sûr cette terre ont des récompenses heureuse et ou malheureuse , tu as un compte à rendre à ton créateur Dieu.

    1. Mouhamed El-fuego dit

      Vraiment bon texte

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