Violences sexuelles en milieu scolaire : un fléau à l’ampleur sous-estimée !

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Les violences sexuelles en milieu scolaire prennent une tournure inquiétante au Bénin. La situation paraît anodine, mais elle interpelle la conscience collective. Il est bien vrai que quand on parle de l’école, la première des choses à laquelle l’on pense est l’enseignement qui y est dispensé pour l’épanouissement de l’apprenant. Il est difficile de penser que les écoles sont en proie à un vice qui dénature l’enseignement. Cela paraît même insensé, lorsqu’on se rend compte que le fléau est bien plus répandu qu’on le croit.

En effet, plus de 40% des apprenants, de la maternelle au secondaire, affirment en avoir été victimes. Cela est encore plus effarant quand on découvre que certains parmi les coupables sont les acteurs de l’éducation eux-mêmes. Un cas récent a même créé l’indignation collective il y a quelques jours à Azovè. Une élève s’est donnée en partouze à cinq de ses camarades garçons. Conséquence, elle s’est évanouie en pleins ébats sexuels. À Abomey-Calavi, c’est un enseignant qui a abusé d’une fille de 8 ans à peine. Sylvie, 4 ans, élève en maternelle raconte à sa maman avoir été touchée au sexe par un élève de son âge dans les toilettes. Pour la maman de Sylvie, c »est un acte que le garçon a plusieurs fois répété tentant de pénétrer de force avec son doigt la fille. Ce qui a causé une déchirure terrible au niveau de son sexe. « Je suis allée rencontrer les responsables de l’école mais rien n’a été fait de concret. Ils ont banalisé la situation. Ma fille continue de traîner les séquelles », poursuit la maman. Une autre fille de 12 ans raconte avoir subi plusieurs attouchements de la part de son maître. Ce dernier lui touchait les fesses, ses seins contre de petits cadeaux. Elle ne pouvait rien face à la pression. Ceci révèle que dans nos écoles, se pose un sérieux problème d’abus de pouvoir et d’autorité de la part de certains enseignants sur les élèves. Beaucoup de rêves ont été brisés par la faute de ces enseignants à gâchette facile. Beaucoup de filles ont redoublé de classe parce que le professeur n’a pas réussi à descendre leur culotte. Dans d’autres cas, lorsque la jeune élève cède, grossesse s’ensuit et le professeur décline sa responsabilité. « J’ai dû abandonner les classes à cause de ma grossesse. Je puis vous dire que l’auteur n’est rien d’autre que mon professeur. Mes parents m’ont chassée de la maison. La rue m’a accueillie. C’est la résultante vous voyez aujourd’hui. Je vends l’eau ici à Dantokpa », confie Rosemonde, une jeune fille que nous avons rencontrée au marché Dantokpa grâce à l’une de ses copines.

Le sexe marchandé comme des petits pains dans les écoles

Le grand luxe pour les apprenants de nos jours, ce sont les petits groupes de sexe ou groupes de tontines. Certains élèves s’organisent en groupe pour sécher les cours en faveur d’une partie de jambes en l’air, parfois même, rapportent certaines sources entre les murs de l’école. Le sexe est monnayé contre des smartphones ou de l’argent. « J’ai perdu une copine dans cette histoire parce qu’elle s’est livrée à plusieurs de ses camarades à la fois. Ces derniers lui ont promis un androïd », a laissé entendre Sandra, élève en première dans une école au Nord du pays. « Je puis vous jurer que des camarades gaymans m’ont aussi fait la proposition pour intégrer leur groupe de tontine. Un groupe de 5 personnes, 10.000 par semaine et je ramasse 50.000 pour assouvir les désirs d’un membre du groupe chaque week-end. Vous imaginez ? Encaisser 50.000 chaque semaine pour du sexe. J’ai décliné l’offre » a-t-elle ajouté. Et cela se passe entre les murs des écoles au Bénin dans une discrétion totale. La question qui taraude les esprits est celle-ci : Quel type de cadres veut-on ainsi former dans un environnement aussi souillé ?

Ce qu’en pensent les anciens

« Nous en notre temps, le harcèlement ou violences sexuelles n’existaient pas. Ce dont je me souviens c’est que les mercredi et vendredi soir, au sortir des classes, c’est la fille aux grosses fesses parmi nous qui était désignée pour aller déposer la caisse contenant les cahiers chez le maître. Personne ne pouvait se douter que c’était une occasion pour les maîtres d’abuser de ces filles. (Rires) » révèle un chef chantier à Agla. Il renchérit : « Je n’ai jamais compris pourquoi c’est souvent les filles qui allaient déposer les cahiers. De surcroît, c’est souvent des filles bien potelées ». Les habitudes ont juste changé avec l’évolution du temps sinon le mal a toujours existé.

« Cuisses ouvertes, réussite garantie », le mot d’ordre dans certaines universités

Dans les universités nationales, c’est la politique du « sexe pour vite gravir les échelons ». Les étudiantes pour la plupart en sont conscientes et jouent le jeu tranquillement. Pour les novices, même si la mayonnaise peine à prendre, elles finissent toujours par se retrouver face à la réalité. Prostitution et agressions sexuelles font le quotidien des locataires de ce haut lieu du savoir. Point n’est question de revenir sur ce que tout le monde sait déjà dans  » ce monde à part « . « Comprenez qu’ici les étudiantes s’offrent aux professeurs pour réussir. Les prostituées, nous en avons à foison qui font le tour la nuit », fait savoir un étudiant rencontré dans une université de la place. Faut-il encore rappeler l’affaire « Bangala » des jeunes étudiantes « suceuses de pénis » qui avait ébranlé la toile, suscitant un sérieux débat des moeurs sur les réseaux sociaux.

Les conséquences sont dévastatrices

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Les conséquences des violences sexuelles en milieu scolaire sont énormes et dévastatrices. Les victimes sont touchées dans leur amour propre.  » L’estime de soi  » en elles est atteint et ravagé. Elles sont abandonnées à leur sort dans la plupart des cas. Elles sont isolées et traînent les séquelles à vie. Les filles victimes de violences sexuelles peuvent développer un malaise à l’égard de la sexualité. La dépression pousse même certaines à vouloir se suicider. Il n’y a aucun filet de protection autour d’elles. Les maladies sexuellement transmissibles, les grossesses prématurées, la dépression… sont autant de conséquences notables du fléau.

Quid des responsabilités

Sur la question, les avis divergent. Certains parents imputent la faute aux responsables d’école. « Moi à un moment donné j’ai regretté d’avoir inscrit ma fille à la maternelle. Il n’y a aucun suivi. Sinon où sont les responsables de cette école quand ma fille se faisait  »doigter ». Je suis anxieuse parfois », s’indigne la maman de la petite Sylvie. Alexandrine, quant à elle souligne : « c’est répugnant ce qui se passe dans nos écoles. Nos enfants deviennent autre chose quand ils croisent le chemin de l’école ». Un autre parent révèle : « ma fille envoie des nudes à ses camarades. C’est un comportement qu’elle a développé à l’université ». À en croire R., commissaire de police, sa fille s’intéresse aux femmes comme elles juste parce qu’il lui a choisi une école privée des sœurs catholiques, dans un environnement exclusivement féminin. « c’est dommage que ces choses se passent dans les écoles » Se désole-t-il. Pour les enseignants et responsables d’école, « c’est des situations qui échappent au contrôle parfois ». Une Directrice d’école affirme : « ce que les parents oublient est que les enfants quittent la maison pour ici et c’est entre eux que ces comportements se développent pour la plupart des cas. Nous n’inventons rien ici. Le mal est que, ce qu’ils n’arrivent pas à faire chez eux à la maison, ils viennent le faire à l’école dès l’instant qu’ils trouvent que personne ne les surveille. Il est vrai que la responsabilité incombe aussi aux enseignants sans scrupules qui ont la braguette facile et agressent ses filles ». Julien, surveillant dans une école privée à Cotonou précise : « quoi qu’on dise, nous ne pouvons pas être partout à la fois en tant que responsables d’école. Ces enfants sèchent parfois les cours pour aller faire des bêtises en ville. C’est malheureux qu’on impute la responsabilité à l’école. Nous ne faisons que réunir des enfants qui ont reçu diverses éducations ».

L’avis du psychologue

C’est un sujet tabou. C’est déjà tabou chez les adultes, alors imaginez chez les enfants! La notion de consentement est au cœur de la problématique. Quand on a vent d’une situation de ce genre, on intervient. Mais on ne le sait pas toujours…

Autrement dit, bien des violences sexuelles passent sous le radar. Les chiffres sont effarants : 6 filles sur 10 âges de 12 à 17 ans disent avoir été touchées ou agrippées de manière sexuelle à l’école, sans leur consentement. Et 8 filles sur 10 considèrent que le harcèlement sexuel est un problème à leur école. Beaucoup de cas sont restés non dévoilés.

Il faut comprendre que une fois que les victimes font leur dévoilement, elles vivent l’enfer sur bien des plans.

Pistes de solutions

Face à la situation, l’idéal serait de renforcer l’éducation à la base aussi bien au niveau des parents qu’à l’école. Rééduquer les enseignants et initier des cours d’éducation à la sexualité dans les écoles sont aussi des options non négligeables. Aussi faut-il organiser des séances de sensibilisation à l’endroit des apprenants sur le sens du respect, du consentement, de l’égalité des genres, de comportements corrects et incorrects.

Abbas A. TITILOLA

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