Démissions au sein des partis à la veille des législatives 2023 : la prostitution politique de retour !
Il y a quelques années, « le virus des démissions » était un mal qui rongeait les partis politiques à la veille des élections. Cela a été l’une des raisons qui a motivé l’adoption de la réforme du système partisan en 2018, une réforme étudiée et adoptée à l’unanimité des acteurs politiques. Mais, quatre ans plus tard, l’immaturité politique conduit progressivement à la résurgence de ce mal. À quelques mois des législatives du 8 janvier 2024, des politiciens s’adonnent de nouveau sans gêne à la transhumance politique.
L’Union Progressiste, le Renouveau sous le leadership de Joseph Djogbénou, le Bloc Républicain (BR) dirigé par le ministre Abdoulaye Bio Tchané, le Mouvement des Élites Engagées pour l’Émancipation du Bénin (Moele-Bénin) présidé par Jacques Ayadji, la Force Cauris pour un Bénin Émergent (Fcbe) contrôlé par Paul Hounkpè et les autres formations politiques ne sont pas épargnés de l’épidémie des démissions tous azimuts.
Même au sein des partis soutenant le pouvoir Talon, réputé pour son sérieux et sa rigueur, les démissions pleuvent. La discipline semble avoir déserté les formations politiques et l’instabilité s’installe malgré l’esprit du législateur. Pourtant, ce n’est un secret pour personne que le gouvernement Talon et le législateur ont adopté la réforme du système partisan pour mettre fin à ce genre de pagaille jadis observé.
Mieux, les acteurs politiques avaient eux-mêmes approuvé cette réforme destinée à assainir le paysage politique. Malheureusement, moins de cinq ans après la réforme, force est de constater que le mercato politique demeure et est même plus virulent à l’approche des législatives de 2023. À l’analyse, c’est bien évidemment la quête sans retenue de positionnement qui motive la transhumance politique des uns et des autres.
Obsédés par l’envie de siéger à l’Assemblée Nationale, les concernés n’hésitent pas à trahir l’esprit de la réforme du système partisan, s’inscrivant ainsi en porte à faux avec ce qu’ils ont autrefois défendu.
Remède contre l’épidémie de démission
L’Assemblée Nationale est la première vers qui il faut se tourner pour avoir un remède au mal de la prostitution politique. En effet, elle dispose de la marge de manœuvre nécessaire pour lutter contre la pagaille qu’on observe au sein de la classe politique ces derniers jours.
L’indiscipline, la méfiance, l’abus de pouvoir, la trahison… qui justifient souvent les démissions méritent d’être étudiés, analysés et remédiés. Et peut-être, envisager une revue des lois électorales pour sécuriser davantage les réformes du système partisan. Ainsi, le calme reviendra au sein des membres des partis d’une part, puis entre les formations politiques elles-mêmes d’autre part.
Gaëtan DANHA