Favoritisme et violation des textes dans la gouvernance du Memp: Talon doit dépêcher l’Igf aux trousses de Salimane Karimou

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Les bruits sont devenus assourdissants face à la gestion en cours au Ministère des Enseignements maternel et primaire. A tort ou à raison, le ministre des Enseignements primaire et maternel, Salimane Karimou, est devenu la cible n° 1 des critiques les plus folles. A l’ère de l’explosion d’un goût pour la liberté, même les petites fentes dans le mur compact sont exploitées pour remonter l’information. En effet, dans une procédure d’attribution de marché qui date de 2018, des faits qui nourrissent actuellement une folle polémique, sont totalement contraires aux valeurs de gouvernance prônées par le Président de la République Patrice Talon. De quoi est-il question ? Faisant suite à ce qui apparaissait comme une rumeur, le département « Enquête et Investigation » du journal Le Potentiel a entrepris de documenter et de servir la bonne information aux populations dans l’attribution d’un marché d’achat de pneus et de batteries au profit du Ministère des enseignements maternel et primaire. En effet, c’est par contrat de marché N°589/MEF/MEMP/DNCMP/SP DU 21/11/2018 que le Ministre Salimane Karimou a attribué ce marché d’acquisition de pneus et batteries d’un montant TTC de quatorze millions cent trente-huit mille cinq cents (14.138.500) francs à la société Karish Bénin dont le promoteur est Laïssi Loukmane Karimou. Le sieur Laïssi Loukmane Karimou ainsi nommé serait, selon les informations concordantes recueillies auprès de différentes sources, le frère biologique du Ministre Salimane Karimou. Ce lien de familiarité est justement le nœud gordien qui cristallise les débats et autres soupçons de conflit d’intérêts, d’inobservance des règles d’équité dans la concurrence entre les sociétés candidates et donc de violation du Code des marchés publics. En effet, le conflit d’intérêts est proscrit dans toute procédure de passation des marchés publics. Dans le cas de ce marché d’achat de pneus et de batteries au profit du Memp, il est établi une situation de conflit d’intérêts, si l’on s’en tient au fait que la société Karish Bénin appartient au frère biologique du ministre Salimane Karimou. Le point 3 de l’article 61, le premier tiret de l’article 121 et l’article 126 de la loi 2020-26 du 29 septembre 2020 portant Code des marchés publics en République du Bénin proscrivent tout conflit d’intérêts qui, faut-il le rappeler, est réprimé et puni. Le point 3 de l’article 61 sus cité dispose qu’ « en matière de marchés de fournitures, de travaux ou de services, est réputé être en conflits d’intérêts, tout candidat, entreprise ou société : (…) qui a, ou dont un membre du personnel a, une relation professionnelle ou familiale étroite avec tout agent de l’autorité contractante, des organes de passation des marchés, des organes de contrôle et de l’organe de régulation des marchés publics de l’autorité contractante ainsi que le tiers appelé à intervenir dans le processus d’attribution du marché, qui participe à la préparation des dossiers de passation des marchés ou du cahier des charges, ou au processus d’évaluation du marché considéré, ou participe à l’exécution ou à la supervision dudit marché ». Aussi, l’article 13 du décret n° 2020-601 du 23 décembre 2020 portant Code d’éthique et de déontologie dans la commande publique établit-il la prohibition de toute situation de conflits d’intérêts : « Le dépôt d’une candidature ou d’une offre est prohibée dans les hypothèses suivantes : 1-l’existence de relations économiques, juridiques, professionnelles, ou familiales entre le candidat ou le Soumissionnaire et un agent de l’Autorité Contractante, maître d’œuvre ou bureau de contrôle, qui est directement ou indirectement impliqué dans les procédures de passation ou d’exécution de la commande publique concernée (..) ». Au regard des normes, le lien de familiarité qui lie le ministre Salimane Karimou et Laïssi Loukmane Karimou, promoteur de la société adjudicataire du marché, renvoie à un conflit d’intérêts.

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Fils biologique recruté au poste de comptable, l’autre péché…

Alors que les voix critiques n’ont pas fini de décrier l’attribution du marché d’achat de pneus et batteries au frère, c’est une autre affaire de poste de comptable sur le Programme Partenariat Mondial pour l’Education phase 3 (Ppem 3) qui ébranle le Memp Salimane Karimou. Il est visé par des critiques qui laissent croire que ce poste a été attribué au fils biologique du Memp. Ici, on dénonce le népotisme dans le processus de recrutement du Comptable sur le Programme Partenariat Mondial pour l’Education phase 3 (Ppem 3). Selon nos sources, en sa qualité de chef de file des ministres sous tutelle desquels se trouve le Ppem 3, le ministre béninois en charge des enseignements maternel et primaire a procédé au recrutement de son fils biologique, le sieur Farouk Akambi Karimou pour servir en tant que Comptable sur ledit programme. C’est le profil du comptable recruté qui alimente tout le débat et compromet la probité et par-delà, la haute conscience professionnelle que l’on attend d’un ministre comme Salimane Karimou. Selon les textes, le lien de filiation qui existe entre le sieur Farouk Karimou et le ministre Salimane Karimou n’est pas admis dans le cas d’un recrutement de personnel sur le programme. En recrutant son fils Farouk Karimou au poste de comptable sur le Ppem 3, le ministre Salimane Karimou a violé les dispositions du point d) de la clause 3.17, du paragraphe « Services de Consultants », de la Rubrique « Conflits d’intérêts », pages 4 à 6 du Nouveau Règlement de la Passation des Marchés pour les Emprunteurs sollicitant le Financement de Projets d’Investissement (FPI), Edition juillet 2016, révisé en novembre 2017, août 2018 et novembre 2020, énoncées comme il suit : «Les Consultants (y compris les experts, le personnel et les sous-consultants à leur service) qui ont une relation professionnelle ou familiale étroite avec tout cadre de l’Emprunteur, de l’organisme d’exécution du projet, d’un bénéficiaire d’une fraction du financement de la Banque ou de toute autre partie représentant l’Emprunteur ou agissant en son nom qui participe directement ou indirectement à tout segment : de la préparation des Termes de référence de la mission ; du processus de sélection pour le contrat ; ou de la supervision du contrat, ne peuvent être attributaires d’un contrat… » Mais en dépit de ces dispositions, un forcing semble avoir été fait tout au long du processus de recrutement afin de « donner comme un cadeau de papa » le poste de comptable au fils du ministre Salimane Karimou. Le salaire mensuel convenu sur le contrat du comptable excède les 700 mille francs. La phase 3 du Ppem s’étend sur une durée de 4 ans, soit entre 2019 et 2023. Dans le dossier, certaines sources indiquent que la Banque mondiale qui est un partenaire clé du Ppem 3 est en colère.

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Igf, Armp, Criet… des actions musclées pour arrêter la saignée au Memp

Servir de l’information saine et équitable aux populations en respectant le principe du contradictoire a toujours caractérisé les productions du quotidien Le Potentiel. Dans ces deux dossiers qui sentent un conflit d’intérêts, le département Enquête et Investigation du journal Le Potentiel a, conformément aux dispositions de la loi saisi le ministre Salimane Karimou, à l’effet d’avoir certains informations et documents. Mais le ministre Karimou a tourné en bourrique « Le Potentiel » en faisant de cette rétention une entrave aux droits d’accès d’informations au mépris des dispositions légales. Mais le Chef de l’État Patrice Talon devrait prendre ses responsabilités pour siffler la fin de la pagaille dans ce ministère. Les cas de conflit d’intérêts sont devenus légions dans ce département ministériel. Taper dur, reste la seule option pour arrêter la saignée. Dans ces conditions, le chef de l’Etat doit dépêcher l’inspection générale des finances (Igf) pour Auditer la gestion du ministre. De même, l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) devrait s’autosaisir des dénonciations faites pour voir comment il est possible qu’un frère d’un ministre gagne un marché dans un ministère. Par ailleurs, la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (Criet) doit aller enquêter dans les affaires du Memp pour s’assurer des règles élémentaires de bonne gestion. La République est au-dessus de tous. Personne n’a rien contre le Memp Salimane Karimou. Il s’agit du devoir de respect des textes de la République pour le développement. Et au nom de la bonne gouvernance, les contrôles doivent être faits partout où besoin sera. Cela y va même de l’honneur du ministre aujourd’hui visé par des critiques.

B. K. S

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