Plainte du ministre des enseignements maternel et primaire contre un média engagé pour servir la bonne information: « Le Potentiel » et le droit triomphent devant Salimane Karimou à la Criet
Au Bénin, la conscience fébrile de certains citoyens laisse croire qu’il suffit d’être vêtu d’un boubou de »chef » pour faire ombrage à la vérité dans des dossiers louches où des impairs sont commis. Hélas, il existe une institution judiciaire solide, indépendante et impartiale qui sait arbitrer les différends déférés devant elle.
Entre le Quotidien Le Potentiel et le Ministre des Enseignements maternel et primaire (Memp) Salimane Karimou, le combat judiciaire s’annonçait comme une partie de rivalité entre David et Goliath. En effet, le quotidien Le Potentiel qui mène une série d’investigations a fait récemment quelques publications relatives à une double affaire de conflit d’intérêts dans laquelle le ministre Salimane Karimou est cité comme l’acteur principal visé par les récriminations de diverses sources. Dans le premier cas, des informations concordantes recueillies et traitées suivant une démarche rigoureuse, laissent croire que le ministre Salimane Karimou a attribué en 2018 à son frère biologique un marché d’achat de pneus et batteries au profit du ministère des Enseignements maternel et primaire. Dans ce marché, la société adjudicataire « Karish Bénin » appartient à Loukmane Laïssi Karimou, désigné comme le frère biologique du Memp Salimane Karimou. Toujours dans les couloirs du ministère des Enseignements maternel et primaire, le quotidien Le Potentiel est revenu sur des faits de flagrant conflit d’intérêts dans le processus de recrutement au poste de comptable sur le Programme Partenariat Mondial pour l’Éducation phase 3 (Ppem 3). Ici, le Memp Salimane Karimou est visé par plusieurs critiques pour avoir recruté à ce poste, son fils biologique, Farouk Akambi Karimou. Selon les sources, au terme du processus de recrutement, c’est le fils du Memp Salimane Karimou qui a été retenu à la grande surprise des autres candidats réputés plus expérimentés. Mais c’est surtout les textes qui ont été violés dans ce processus de recrutement. Il n’était pas possible que le comptable à recruter ait des liens de filiation directe comme celui existant entre un père et son fils. Dans le premier comme dans le second cas, le quotidien Le Potentiel a observé les formes professionnelles de traitement de l’information avec le respect de la démarche du contradictoire éditée par le Code de déontologie et les procédures prescrites par la loi. C’est suite à ces publications que le Memp Salimane Karimou a saisi l’OCRC à travers une plainte pour diffamation et harcèlement par voie numérique.
Le Potentiel a triomphé devant Salimane Karimou à la Criet
Invité à l’OCRC suite à la plainte du Ministre des Enseignements maternel et primaire, le Manager général du journal Le Potentiel qui s’y est rendu a refusé de faire sa déposition pour vice de procédure. C’est dans ces conditions que le dossier a été déféré devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (Criet) le mercredi 28 décembre 2022. À l’occasion, le Memp Salimane Karimou s’est fait représenter par un responsable de la cellule juridique de son ministère. Pour conduire le dossier, le Procureur Spécial de la Criet, Mario Mètonou s’est fait appuyer par trois (3) autres magistrats. Bien qu’il dispose de cinq (5) avocats-conseils prêts à le défendre en toutes circonstances, le Groupe de presse Le Potentiel n’a pas jugé nécessaire de se faire assister. Confiant des preuves irréfutables, Adrien Atinkpato, le représentant du journal a conduit seul la défense du quotidien. Face au membre de la cellule juridique du Memp, Adrien Atinkpato a répondu aux questions des magistrats. Il a expliqué la démarche méthodologique et professionnelle suivie dans la collecte, le traitement et la publication des articles incriminés. Avec des preuves irréfutables, le représentant du journal Le Potentiel a laissé sans voix presque le représentant de la cellule juridique venue avec la prétention de noyer le travail professionnel abattu par les journalistes attachés à la haute conscience professionnelle. Au bout du compte, le Procureur Spécial de la Criet et les trois autres magistrats qui ont minutieusement étudié le dossier et écouté les parties n’ont pas trouvé de failles. Au plan déontologique et au plan pénal, la juridiction n’a pas trouvé de failles dans le travail du Journal Le Potentiel. Les faits de diffamation et de harcèlement par voie numérique n’ont pu être établis. Conséquence, le Procureur Spécial de la Criet, Mario Mètonou, a jugé de classer sans suite la procédure pour »inopportunité de poursuite ». Cette décision qui réconforte l’équipe du journal est la preuve que le travail qui s’y fait est frappé du sceau de professionnalisme. La moindre information qui doit être publiée par le groupe de presse Le Potentiel est filtrée pour répondre aux exigences des normes déontologiques et légales. Les lecteurs du journal Le Potentiel peuvent donc être fiers d’être abonnés. Au-delà, cette décision est un véritable camouflet pour le ministre Salimane Karimou et sa cellule juridique qui ont ainsi courbé l’échine devant le droit à la Criet. Le titre de ministre de la République n’est pas un chèque en blanc pour légitimer des fautes dans la gouvernance publique. La justice béninoise n’est sous aucune influence à part celle du droit et de la vérité. À travers la Criet, l’on doit saluer l’impartialité, la crédibilité et l’indépendance de la justice béninoise qui a montré qu’il ne s’agit pas d’être ministre pour avoir coûte que coûte raison face à des journalistes professionnels qui eux, ne font qu’exercer leur métier. À noter que dans les deux affaires de conflit d’intérêts, le ministre Salimane Karimou a été saisi officiellement par courrier pour aider à lever les zones d’ombre. Mais par des contorsions alambiquées et inexplicables, l’autorité ministérielle n’a pas fait droit aux demandes formulées par le journal Le Potentiel. Une rétention qui est une entrave aux droits d’accès à l’information qui amplifie d’ailleurs les critiques et soupçons.
La rédaction