Bureau de l’Assemblée Nationale/ 9e Législature: 7 figures politiques pour le contrôle du perchoir

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Au Bénin, les noms des cent neuf (109) députés devant siéger au parlement pour le compte de la neuvième (9e) législature sont connus depuis la fin de la semaine écoulée. Les partis de la mouvance, UP Le Renouveau et le Bloc Républicain totalisent 81 sièges à raison de 53 pour le premier et 28 pour le second. Le seul parti d’opposition Les Démocrates s’en est sorti avec 28 sièges sur les 109. Si au regard des chiffres, le bloc de la majorité parlementaire est favorable à l’action du gouvernement, d’autres challenges éclipsent déjà l’heure du triomphalisme au sein de la mouvance. Au nombre des challenges, il se dégage un pôle d’attraction des élus autour du perchoir. Pour l’heure, sept (7) personnalités politiques élues ou réélues gravitent autour du fauteuil de Président de l’Assemblée Nationale. Il s’agit de Louis Vlavonou, Robert Gbian, Victor Topanou, Joseph Djogbénou, Augustin Ahouanvoebla, Gérard Gbénonchi et Jérémie Adomahou. Il s’en dégage qu’il y a six (6) prétendants élus sur la liste du parti UP Le Renouveau contre un (1) seul élu sur la liste Bloc Républicain. Les noms de sept prétendants au fauteuil de Président de l’Assemblée Nationale font depuis le tour des réseaux sociaux et des médias classiques. Ces noms sont aussi évoqués dans certains espaces de discussions informelles. Dans les allées du pouvoir, certaines indiscrétions annoncent que la liste est à portée de vue du Président de la République Patrice Talon. « Il y réfléchit, peut-être que c’est la bonne liste, peut-être que c’est votre liste, vous des médias…», lance toute souriante une source très proche du pouvoir interrogée sur les intentions du Chef de l’État en ce qui concerne la désignation du prochain Président de l’Assemblée Nationale. Mais une évidence se dégage des confidences : « Patrice Talon n’a pas encore tranché ce débat ». L’heure est donc au dilemme au sein des deux grands partis de la mouvance. L’anxiété a peut-être même gagné les cœurs des 81 députés de la majorité présidentielle. Et au-delà de tout, les prétendants au fauteuil de Président de l’Assemblée Nationale et dont les noms circulent sont probablement sous pression. Mais en attendant la décision du chef de la mouvance, des critères différentiels permettent d’évaluer les chances de chacun des prétendants. Ces critères seront essentiellement liés au profil politique et professionnel, à l’expérience politique, électorale et parlementaire, aux enjeux politiques au cœur du parlement transitoire. Par-delà, les critères seront pesés et soupesés par le Président de la République Patrice Talon dont on connaît le tact dans les choix.

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7 prétendants pour un fauteuil avec des chances variées

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Deuxième institution de l’État, l’Assemblée Nationale est un lieu hautement stratégique. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le poste de Président de l’Assemblée Nationale est convoité. Pour le compte de la 9e législature, les 7 noms qui circulent ne sont pas logés à la même enseigne. Louis Vlavonou a une longue expérience parlementaire de six mandatures couronnées par son ascension au poste de Président de l’Assemblée Nationale. Le Président de l’Assemblée Nationale/8e législature qui vient d’être réélu réunit toutes les conditions pour rejoindre le club des sages regroupés dans un cercle informel d’anciens présidents de l’Assemblée nationale. À l’image de ses prédécesseurs dans la fonction, Bruno Amoussou, Adrien Houngbédji, Idji Kolawolé et Mathurin Koffi Nago, Louis Vlavonou va donc pouvoir arborer sa toge de sage que ses plus jeunes collègues députés et son successeur immédiat dans la fonction de président du parlement vont consulter en cas de besoin. À l’heure d’un renouvellement de la classe politique, Louis Vlavonou a donc tout son rôle à jouer en étant en retrait. Si le Chef de l’État table sur ces indicateurs, il est presque évident que Louis Vlavonou ne se succédera pas à lui-même à la tête du parlement béninois pour la 9e législature. Le député Robert Gbian n’est pas aussi sûr d’hériter du fauteuil que va laisser Louis Vlavonou. Robert Gbian est l’actuel premier Vice-président de l’Assemblée Nationale. Bien qu’il en ait le profil, pas moins de deux mandatures au parlement, Robert Gbian est élu sur la liste du parti Bloc Républicain. Au terme des résultats, le Bloc Républicain s’en sort avec 28 sièges et reste donc un parti minoritaire au parlement. Il n’est pas évident que le prochain Président de l’Assemblée Nationale provienne d’un parti autre que celui qui a gagné le plus de sièges (53), c’est-à-dire l’UP Le Renouveau. En l’état actuel des choses, les chances de Robert Gbian sont sérieusement compromises en raison du nombre marginal de députés BR au parlement. Victor Topanou est aussi cité comme un prétendant au perchoir. Mais le professeur de Sciences politiques fera face à une réalité tangible qui handicape ses chances. Ancien Garde des Sceaux, le professeur Victor Topanou n’a aucune expérience parlementaire. Tête de liste du parti UP Le Renouveau dans la 6e Circonscription électorale, il vient d’être élu pour la toute première fois député à l’Assemblée nationale. Des théories d’amphithéâtre à l’hémicycle, il devra apprendre à s’accommoder de la vie parlementaire avec ses exigences. Il est improbable que le Président de la République Patrice Talon, fin connaisseur des enjeux stratégiques au cœur du pouvoir législatif, choisisse l’inexpérience parlementaire au perchoir. Dans l’histoire politique, il est rare de voir un député élu pour la première fois prendre le contrôle du perchoir. Si une telle option n’est prohibée par aucun texte, elle n’est presque jamais priorisée à cause des risques d’une brouille parlementaire qu’elle comporte. Le président Talon ne voudra sans doute pas prendre des risques avec un président de parlement sans expérience parlementaire. Le nom de Joseph Djogbénou est aussi cité avec insistance comme le prochain président de l’Assemblée Nationale. Mais très vite, il faudra se rendre à l’évidence qu’une telle projection restera à l’étape de rêve. En lisant le jeu politique, Joseph Djogbénou, sauf cataclysme, ne siégera pas au parlement lors de la 9e législature. Ancien ministre de la Justice et ancien président de la Cour Constitutionnelle, Joseph Djogbénou qui est le président du parti UP Le Renouveau a une carrure politique incontestable. Mais, les analyses obligent à reconnaître qu’il n’a pas pour ambitions de siéger.
En lieu et place, c’est Orden Alladatin, actuel président de la commission des lois au parlement qui siégera. Il est en effet le suppléant de Joseph Djogbénou tête de liste dans la 16e circonscription électorale. Joseph Djogbénou ne sera pas non plus le prochain président de l’Assemblée Nationale. Il s’agit d’une évidence presque irréversible. Le même sort sera celui de Augustin Ahouanvoebla, député élu sur la liste UP Le Renouveau. Militant engagé de l’ex-Parti du renouveau démocratique, Augustin Ahouanvoebla a aussi connu une riche expérience parlementaire sous la coupole de Maître Adrien Houngbédji. En 2018, l’homme a rompu ses amarres avec son parrain politique pour fonder l’Union Progressiste qui deviendra le plus grand parti avec les élections législatives de 2019 et les communales de 2020. S’il vient d’être réélu député au terme du scrutin du 8 janvier 2023, Augustin Ahouanvoebla doit encore normaliser ses rapports avec ses anciens camarades de l’ex-Prd élus aussi sous la bannière UP Le Renouveau après la fusion. Les scores électoraux du parti UP Le Renouveau dans sa circonscription pourraient être au cœur d’une  »crise de paternité ». Qui de Adrien Houngbédji et de Augustin Ahouanvoebla a boosté le parti UP Le Renouveau ? Dans une volonté d’éviter toute controverse au sein de la mouvance, Patrice Talon pourrait ne pas miser sur Augustin Ahouanvoebla au poste de Président de l’Assemblée Nationale. Mais dans le groupe de 7 prétendants (G7), deux prétendants présentent des atouts non négligeables. Il s’agit des députés Gérard Gbénonchi et Jérémie Adomahou. Tous deux membres du parti UP Le Renouveau, le premier est élu dans la 11e circonscription électorale et le second dans la 12e circonscription électorale. Gérard Gbénonchi est à sa troisième mandature. Président de la commission des finances, Gérard Gbénonchi cumule une riche expérience parlementaire. Sous sa houlette, le parlement a donné les moyens d’action au gouvernement en votant dans la rigueur des correctifs les budgets de l’État. Son alter ego, le député Jérémie Adomahou est un homme discret, mais doté d’une grande capacité managériale. Ancien président du Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lepi), Jérémie Adomahou est élu pour la troisième fois député. Les Béninois n’ont pas oublié le travail remarquable qu’il a abattu pour sortir une liste électorale sans tâche pour les élections communales de 2020. Outre la compétence technique, Jérémie Adomahou s’est révélé comme un animal politique redoutable ces dernières années. Dans la 12e circonscription électorale qui regroupe les communes de Toviklin, Dogbo et Lalo, Jérémie Adomahou a enraciné les valeurs du parti UP Le Renouveau et de la mouvance. À l’issue du scrutin législatif du 8 janvier, le parti UP Le Renouveau a décroché les quatre (4) sièges de la 12e circonscription électorale. Nulle part ailleurs, le parti n’a enregistré une telle performance. Jérémie Adomahou a donc réalisé un exploit unique et inégalé au profit du parti UP Le Renouveau. Lors des élections communales de 2020, l’honorable Jérémie Adomahou a aussi poussé fort son parti qui avait obtenu à Lalo 21 élus sur les 25 que compte le Conseil communal. En 2021, le taux de participation et les suffrages exprimés en faveur du duo de candidats Talon-Talata ont fait tache d’huile à Lalo, commune natale du député Jérémie Adomahou. En 2019, le député réélu était au cœur d’une forte mobilisation des populations pour le vote alors que des menaces et des appels au boycott ont pris le dessus dans certaines circonscriptions électorales. Les 11e et 12e circonscriptions électorales réunissent les six communes du Couffo. Les populations de ce département ont voté massivement pour donner une majorité parlementaire au Président Patrice Talon. Les deux figures politiques de la localité que sont Gérard Gbénonchi et Jérémie Adomahou se démarquent techniquement et politiquement. Leur poids politique n’est plus à démontrer. Chacun d’eux a aussi fait ses preuves dans les commissions et structures d’intérêt. Déjà inscrits dans les petits papiers du chef de l’État, l’un des deux hommes pourrait bien être un successeur idéal pour Louis Vlavonou dans le fauteuil du Président de l’Assemblée Nationale. Mais ici, la parole du  »chef » est vivement attendue.

Brivaël Klokpê Sogbovi

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