Creuset scientifique « Bénin Santé »: l’A.R.S expose sa mission et ses perspectives aux Professionnels Africains et Européens du monde de la santé

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Depuis 2019, les acteurs public et privé du secteur de la santé ont pris l’habitude, sous l’impulsion de la Plateforme du Secteur Sanitaire Privé (PSSP) et de son partenaire Bénin Santé Plus, de se retrouver dans un creuset scientifique. Un grand rendez-vous qui a encore tenu ses promesses cette année, du jeudi 13 au samedi 15 avril derniers au palais des congrès de Cotonou. Plusieurs pays d’Afrique et d’ailleurs y étaient représentés par des experts, de même que les partenaires techniques et financiers qui ont renouvelé leur soutien à l’initiative. L’Autorité de Régulation du secteur de la Santé (A.R.S) y était également.

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Dénommée Bénin Santé, ce creuset scientifique a mobilisé pendant trois jours des experts à Cotonou. L’objectif est de contribuer à l’amélioration des soins de santé et au bien-être des populations. Placée sous le thème : « contribution du secteur privé au renforcement du système sanitaire pour accroître la résilience : par quel (s) pilier (s) commencer ? », cette édition 2023 s’est enrichie de la présence de l’A.R.S qui a pris une part importante dans les échanges et discussions à travers cinq communications. C’est ainsi que, tour à tour des membres du Collège de l’A.R.S et de ses structures d’appui se sont succédés au pupitre.

Dr Lucien Dossou-Gbété a expliqué le rôle et la contribution de l’A.R.S à la réalisation de la couverture sanitaire universelle au Bénin

Deux substantifs font cette communication. Il s’agit de l’A.R.S d’une part et la couverture sanitaire universelle d’autre part.

L’A.R.S étant l’épilogue d’un processus, pour en parler il semble pertinent d’évoquer les différentes étapes qui ont conduit à son accouchement. En l’espèce, l’historique présentée par le Dr Lucien Dossou-Gbété met en lumière, quatre grands événements qui se sont déroulés de 2016 à 2018. Le premier, sans conteste le catalyseur est la volonté politique au plus haut niveau manifestée par le Président Patrice Talon dès son élection à la tête du Bénin. Les autres étapes qui ont suivi sont: la mise en place de la commission technique chargée des réformes et la constitution du comité de mise en œuvre des réformes pour coroborrer cette volonté politique qui n’a de cesse de s’affirmer. Et partant, le communicateur a rappelé la mission de l’A.R.S qui est de veiller à la réalisation du droit à la santé pour tous, par l’amélioration continue de l’offre et de la qualité des soins. Laquelle mission est assurée à travers les fonctions d’orientation, de régulation, de décision, de conseil et de suivi-évaluation.

Quant à la couverture sanitaire universelle (CSU), il faut y voir, le droit qu’a chaque personne d’accéder à tout l’éventail des services de santé de qualité dont elle a besoin, au moment et à l’endroit où elle en a besoin sans que cela ne génère pour elle des difficultés financières. Le principe de la CSU est construit sur un trépied : l’amélioration continue de l’offre et de la qualité des soins, la levée d’obstacle géographique et la levée d’obstacle financier.

Quid de la contribution de l’A.R.S à la CSU?

Sur la question, le Dr Lucien Dossou-Gbété indique que l’A.R.S agit sur les six piliers de renforcement d’un système de santé de l’OMS : les prestations de services, les personnels de santé, les techniques et produits médicaux essentiels, l’information sanitaire, le financement de la santé, le leadership et la bonne gouvernance.

En conclusion à son intervention, le Président de l’A.R.S explique que tout ce qui se fait dans le secteur aujourd’hui, concourt à construire le système sanitaire de demain. Raison pour laquelle, il lance un message d’éveil et de prise de conscience en précisant que le secteur sanitaire est l’affaire de tous.

Pour sa part, le Dr Nathalie Migan Diogo expose la régulation du médicament et des autres produits de santé au Bénin et le bilan de l’année 2022 ainsi que les perspectives.

Il a été question à travers cette communication de présenter dans un premier temps la structure qui assure la régulation du sous-secteur pharmaceutique au Bénin : le Conseil de Surveillance de l’Agence Béninoise de Régulation Pharmaceutique (CS-ABRP). Il s’agit d’un organe de l’A.R.S qui a pour attributions la régulation du sous-secteur pharmaceutique en général et l’orientation et le contrôle de l’activité technique de l’ABRP en particulier. A ce titre le Conseil de Surveillance traite de toutes les questions relatives au sous-secteur pharmaceutique, contrôle les conditions dans lesquelles l’ABRP exerce ses compétences et statue en premier ressort sur les éventuels recours des tiers contre les décisions prises par l’ABRP. Il intervient également pour donner des avis puis formuler des recommandations et prescriptions dans toutes les matières relevant du champ de compétence de l’Agence.

Quant à l’ABRP, elle est sous la tutelle du Ministère de la Santé. Elle est chargée de coordonner la politique nationale en matière de pharmacie et de produits de santé. Entre autres attributions, elle veille au respect des lois et règlements dans les domaines relevant de son champ de compétence, octroie les autorisations pour les produits de santé et les essais cliniques, organise la lutte contre les produits de santé de qualité inférieure et falsifiés.

À travers son exposé la Présidente du CS-ABRP a présenté un bilan reluisant de l’activité de l’ABRP au cours de l’exercice échu. Un bilan caractérisé par l’amélioration de la disponibilité des produits de santé avec près de 700 nouveaux produits de santé homologués au cours de l’année 2022, l’amélioration de l’accessibilité aux produits de santé dont quelques indicateurs sont l’ouverture de 34 nouvelles pharmacies, la création de 301 sites de dépôts pharmaceutiques. Du point de vue de la surveillance du marché, 516 inspections ont été conduites dans différentes structures comme les officines, les grossistes ou encore les usines pharmaceutiques. De plus, afin de renforcer la surveillance du marché sur l’ensemble du territoire béninois, une antenne de l’ABRP a été créée à Parakou.

Pour terminer son exposé, le Dr Migan Diogo a présenté un projet innovant initié par le gouvernement et sur lequel travaille, entre autres, des membres de l’A.R.S et de l’ABRP. Il s’agit de l’élaboration de la plateforme e-pharmacie qui aura pour vocation de sécuriser toute la chaîne d’approvisionnement des médicaments en maitrisant leur traçabilité depuis les laboratoires fabricants jusqu’au patient.

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L’exhortation du Pr Blaise Ayivi pour la qualité par la sécurité sanitaire dans les établissements de santé au Bénin.

Une clarification conceptuelle conséquente est nécessaire pour cerner cette communication. Ce qu’a fait avec précision, le Coordonnateur de la Cellule de Contrôle et d’Inspection des Structures de Prestations de Soins Médicaux (CCI-SPSM) à travers sa brillante présentation.

On retient donc de son exposé que les soins de qualité sont de bons soins, faits au bon moment, au bon patient, au bon coût. À en croire le Professeur Ayivi, la qualité est multi dimensionnelle et embrasse la sécurité, l’efficacité, l’accessibilité, l’acceptabilité, l’efficience, l’équitabilité, la vitalité. La réunion cumulative de tous ces critères induit l’absence de risque lié au soin, donc un gage de sécurité sanitaire.

Il faut préciser que la sécurité sanitaire elle-même n’est pas la finalité, mais plutôt un préalable à la certification des Établissements de Santé (ES). Dans la perspective de la mise en œuvre de ce mode d’évaluation, de nombreuses actions sont envisagées pour le compte de cette année. A ce sujet, le Coordonnateur de la CCI-SPSM a énoncé la réalisation du contrôle de conformité des services d’accueil des urgences médico-chirurgicales et de réanimation aux critères de sécurité des soins, l’évaluation du niveau de culture de sécurités des soins chez les responsables des services et la disponibilité des référentiels ou normes de critères de sécurités des soins pour les services d’urgences et de réanimation.

Le Professeur Ayivi a également partagé avec l’auditoire, les méthodes de déroulement des missions de contrôle. Il a aussi présenté quelques résultats sur la conformité des services et le niveau de culture de sécurités des responsables qui somme toute sont peu reluisants et convainquent de la nécessité et de l’urgence pour les Établissements de Santé et leurs dirigeants de se conformer aux critères pour changer ce visage vitreux des soins..

Dr Lucien Dossou-Gbété présente le modèle de certification et d’accréditation de l’A.R.S

Pourrait-on en tant qu’Établissement de Santé ou prestataires des soins de santé continuer d’ici quelques mois son activité au Bénin, sans être certifié ou accrédité?
La réponse, de façon péremptoire est non. Et le Président de l’A.R.S l’a rappelé à l’occasion de sa communication sur le programme de certification des Établissements de Santé au Bénin. C’est d’ailleurs l’intérêt et l’objectif de cette communication qui vise à partager le processus de certification des formations sanitaires avec les parties prenantes pour une meilleure adhésion et une contribution effective à la co-construction du référentiel.

Selon la définition fournie par le Dr Dossou-Gbété, la certification est un dispositif d’évaluation externe obligatoire pour tout établissement de santé, public ou privé, quelles que soient sa taille et son activité.
Quant à l’accréditation des professionnels des secteurs public et privé, elle s’analyse en un mécanisme d’évaluation du savoir, du savoir-faire, du savoir être et de l’être
Mais le Président de l’A.R.S nuance très vite en précisant que la certification A.R.S n’est pas une certification ISO. Mais il ne s’arrête pas là. Lucien Dossou-gbété de façon plus explicite a clarifié ce qu’est le modèle de certification de l’A.R.S et ce qu’il n’est pas. Ainsi, on peut retenir par exemple que la certification est une démarche qui porte sur l’ensemble de l’établissement; elle n’est par contre pas attribuée par service hospitalier ou par pôle. Elle vise quatre principaux objectifs qui consistent à porter une appréciation indépendante sur la qualité des soins et la prise en charge des patients au sein d’un établissement, promouvoir l’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins, formuler des recommandations explicites, permettre la reconnaissance externe de la qualité des soins et instaurer la confiance du public.

La certification est sous tendue par des principes fondamentaux. Mais ce qu’il faut en retenir de façon substantielle est qu’elle ne doit pas consister à chercher à tout voir, mais devra permettre de faire et voir ce qui va servir à assurer la sécurité des soins.
De façon générale, le dispositif de certification repose sur un quadrupède : l’auto-évaluation, la visite, le rapport, la diffusion.

Le Président de l’A.R.S a présenté au cours de son exposé un point d’étape de la mise en œuvre de la certification avec un planning prévisionnel qui projette sa phase d’opérationnalisation en mars 2024.

Qui est l’avenir du secteur sanitaire au Bénin?

A cette problématique le Dr Agueh McCracken répond en mettant en première ligne les Docteurs en Médecine et en Pharmacie notamment ceux nouvellement sortis de Faculté. Avec cette nouvelle génération, l’A.R.S a donné l’impulsion à la co-construction d’un partenariat qui vise a améliorer les performances du secteur en changeant de paradigme. La première rencontre qui a eu lieu avec cette nouvelle promotion a clairement montré des signes d’acceptation et d’appréciation, qui donnent espoir qu’une solution durable est envisageable face au phénomène de l’exode des professionnels, un ravage qui affecte de nombreux pays dont le Benin.

L’A.R.S demeure consciente des défis majeurs qui restent à relever, dont entre autres : le manque d’informations, les difficultés d’insertion professionnelle, une rémunération peu motivante…
A ces défis, les jeunes professionnels ont suggéré des solutions telles que l’amélioration de l’accessibilité aux opportunités, le renforcement du dispositif de partage d’informations, l’augmentation de la rémunération, et le renforcement des capacités de la cible. Certaines de ces propositions sont déjà en cours d’exécution par le gouvernement. Dans l’ensemble, la mise en œuvre de ces solutions permettra de consolider le partenariat naissant avec les jeunes Médecins et Pharmaciens. Le cas échéant, Bénin Santé, ce creuset qui a servi de tribune à l’A.R.S vendredi dernier, aura atteint en partie son objectif : formuler des solutions concrètes pour contribuer à l’amélioration des soins de santé et au bien-être des populations. Mais, c’est surtout le gouvernement du Bénin et plus encore tous les sujets du droit qui vivent sur le territoire national qui en seront gagnants.

A.A.T

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