Bénin/Transformation filière banane-plantain : de la fleur au pseudo-tronc, le bananier entier rapporte du cash
«Plus rien n’est à négliger, ni à jeter du bananier ou du bananier-plantain». Cette annonce est faite à la session de formation, à l’intention des acteurs de cette filière et initiée par le projet BBTV-Mitigation. C’était du 13 au 16 juillet 2023, à l’Ecole des Sciences et Techniques de Conservation et Transformation des Produits agricoles (ENSTCTPA) de l’Université Nationale d’Agriculture (UNA), à Sakété.
BBTV-Mitigation, avec le soutien de ses partenaires l’Alliance BBTV, l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA), l’Institut Nationale de la Recherche Agricole du Bénin (INRAB), l’Ecole d’Horticulture et d’Aménagement des Espaces Verts (EHAEV) et l’UNA, a regroupé divers acteurs: paysans-producteurs et transformateurs d’Adjarra, Akpro-Missérété, Dangbo, Houéyogbé -qui ont été, pendant les dix dernières années, les zones d’intervention du projet. Des étudiants de l’UNA et des animateurs des pôles 6 et 7 des régions agricoles du Bénin y ont également pris part. L’originalité ici est qu’il est apparu que ce rendez-vous est seulement celui du recevoir et non pas également du donner, tel que souvent admis dans les processus d’acquisition de la connaissance. La formatrice principale, Dr Precious Awesome, venue de l’Etat d’Akwa Ibom au Nigeria, et expert en son domaine, a révélé au grand étonnement de tous que «la plante de banane, denrée alimentaire déjà très prisée pour ses fruits, est plus pourvoyeuse de cash ou d’espèces sonnantes et trébuchantes qu’on ne l’imagine». Et Dr Awesome d’égrener la liste de produits dérivés qu’on obtient de la transformation des parties du bananier et, notamment du pseudo-tronc ou faux-tronc.
Plante à usages insoupçonnés
De ses fruits connus, pour leur valeur monétaire, jusqu’à sa racine en passant par ses fleurs et le pseudo-tronc, «le bananier est de la race du palmier à huile dont toutes les parties sont exploitables», a-t-elle précisé. «Plus question de détruire, ni de laisser pourrir encore moins de jeter le tronc du bananier», a-t-elle conclu.
Pendant longtemps, on a assisté au gaspillage systématique d’une ressource qui devrait sortir de la misère des producteurs qui ne s’échinent que pour en récolter les fruits. Ailleurs, il est source de richesse et il ne contribue pas qu’à la survie du producteur. On sait dorénavant que le faux-tronc regorge de potentialités insoupçonnées. Et on le redécouvre, avec bonheur, sous un jour nouveau en sachant que son tronc, hier ignoré et négligé, fournit des nutriments qui contribuent à l’équilibre psychique, mental et corporel de l’homme.
Sur le plan alimentaire, il se déguste comme de la betterave, la carotte ou le concombre et il sert à préparer des sauces légumes, de la salade et de la soupe. On y tire beaucoup d’autres recettes: boisson, biscuits, beignets, gâteaux…
Dans l’industrie pharmaceutique, il est un puissant antioxydant. Ses propriétés lui concèdent la valeur d’un puissant remède contre des maux dont le diabète, le cancer… Appliquée sous forme de pansement chaud, la fleur du bananier soulage des douleurs de l’arthrose et du mal de dos. Les feuilles, elles, séchées et pilées puis administrées en infusion calment bien des maux de ventre…
Dans l’industrie de beauté, le pseudo-tronc sert à la fabrication des mèches pour femmes ainsi que différents types de cordes dont celles qu’utilisent les matelots pour jeter l’ancre et accoster les bateaux.
Dans la décoration d’intérieur et la gestion des ménages, des objets usuels du quotidien y sont issus: rideaux, nattes, nappes de tables, sacs, corbeilles et chaussures…
Un autre palmier à huile…
La litanie déroulée des objets qui rendent son utilité au faux-tronc a fini de conquérir l’assistance médusée à l’écoute de Dr Precious Awesome. Cette dernière s’engage volontiers à venir récupérer, moyennant du cash, les pseudo-troncs que les producteurs locaux pourraient vouloir continuer à gaspiller. Et ce fut-là, la preuve ultime que la filière banane-plantain peut nourrir son homme au-delà des attentes. Toute chose qui concorde avec la vision du projet BBTV-Mitigation et les missions de l’UNA qui allie recherche aux questions de développement de l’agriculture. Dr Martine Zandjanakou-Tachin, directrice de l’EHAEV et coordinatrice du projet BBTV-Mitigation, bras organisateur de la formation, ainsi que le vice-recteur, chargé de la recherche de l’UNA, le Prof. Pascal Olounladé, avaient déjà indiqué, chacun à sa manière, que l’initiative de la formation est d’une grande importance pour l’UNA et témoigne de l’engagement de l’institution envers le développement rural et l’autonomisation des communautés locales. Leur collègue, Dr. Wilfried Kpadonou, directeur adjoint de l’ENSTCTPA, a saisi l’occasion pour présenter les offres de formation de son école et dont les contenus s’arriment bien aux objectifs de la présente session. Le vice-recteur, représentant le recteur empêché, Dr. Florent K. Okry, dans son adresse d’ouverture a tenu à dire: «Bravo à la coordonnatrice du projet BBTV qui ne manque pas d’impacter ses diverses cibles, faisant la fierté de l’UNA». Et Dr. Okry de nourrir l’espoir que «des efforts seront faits pour plus d’occasions de transmission des technologies révélées à notre pays, sur le front de la valorisation de la filière banane».
Dans cette perspective, les participants se sont séparés, avec la motivation de mieux s’investir dans cette filière qui promet de mieux leur rendre le fruit de leurs labeurs.