Attribution de distinctions par des structures bizarres : de la pure escroquerie en vogue au Bénin
Une forme déguisée d’arnaque émerge au Bénin sans que personne ne s’en doute. Un business bien juteux pour ceux qui le font. Il s’agit des distinctions honorifiques que des personnes sous la coupole d’entreprises apparemment sérieuses créent pour escroquer leurs victimes généralement des hommes influents à la quête de notoriété. Les personnes qui s’adonnent à ce business en trompe-l’œil sont souvent dans l’événementiel. Et c’est le morceau choisi généralement pour aller vers leurs cibles. Le mode opératoire est très simple : « organiser une soirée de distinctions au profit de tel ou tel acteur qui aurait marqué son secteur d’activité ». Et pour cela les bénéficiaires choisis doivent mettre la main à la poche pour assurer les commodités de l’organisation de l’événement. En quelque sorte la distinction est décernée moyennant de l’argent payé à l’avance pour assurer l’organisation. Un marché de dupe qui rapporte gros aux organisateurs surtout quand ils ont en face des personnes « paresseuses » à la quête de visibilité ou de distinctions pour gravir des échelons. Ces distinctions dont les organisateurs s’attribuent le droit d’auteur sont souvent inventées selon la cagnotte qu’elles pourraient rapporter. Et comme c’est un marché qui se développe tranquillement sans être inquiété, cela profite aux grands paresseux accros aux distinctions pour s’offrir un poste à l’international ou améliorer leurs CV.
Si pour la plupart, les nominés ne méritent pas les distinctions, d’un autre côté, de jeunes méritants sont également approchés par le même procédé. Une victime qui s’est confiée à la rédaction de votre journal fait savoir qu’en 2022, elle a été nominée par une structure pour recevoir une distinction. À grand renfort de publications sur les réseaux sociaux, l’annonce a été faite suscitant un engouement des jeunes. Mais, à sa grande surprise, la victime s’est vu proposer un accord stipulant qu’elle devrait verser une somme de 200.000 f pour participer à la soirée et recevoir son trophée. La victime, pour éviter cette escroquerie bien ficelée, a préféré renoncer au trophée…
Des cas du genre sont malheureusement légion dans notre pays depuis quelques années et il importe que l’État s’intéresse à cette ‘’filière d’escroquerie’’ et cherche à connaître ces organisations dont la plupart n’ont aucune existence légale. Leurs promoteurs se cachent derrière des ONG dont ils sont les seuls directeur exécutif, président, secrétaire, trésorier… L’État doit pouvoir s’assurer désormais que ces organisations ont réellement une existence légale et paient régulièrement leurs impôts. Connaître les dessous de ces distinctions qui poussent comme des champignons va permettre à l’Etat de lutter contre la promotion de la médiocrité au Bénin. De même, cela va sauver des innocents d’un système bien huilé d’escroquerie mis en place par des promoteurs véreux.
Abbas TITILOLA