Lumière sur la vie des anciennes gloires du Bénin : Robert Dossou : entre prétoires et amphithéâtres, au service du Droit

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Dans sa dynamique d’offrir de la bonne information à ses lecteurs, le journal Le Potentiel travaille quotidiennement à innover dans ses contenus et à toujours apporter un plus vis-à-vis de tout ce qui est fait. C’est justement dans ce sens que le média a créé et lancé une nouvelle rubrique. Dénommée ‘’PAROLES AUX ANCIENNES GLOIRES’’, cette rubrique met en valeur ces figures ayant marqué à un moment donné l’histoire du Bénin dans différents domaines. Le 1er numéro présente l’ancien Président de la Cour Constitutionnelle du Bénin, Me Robert Dossou.

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Dans une entrevue qu’il a accordée au journal à son domicile, il est revenu de façon détaillée sur son parcours politique, universitaire, les fonctions qu’il a occupées et autres.

Enfance, parcours scolaire et universitaire

Avocat au Barreau de Cotonou, professeur des universités, homme politique béninois, Robert Dossou nait le 13 mai 1939 au sein d’une fratrie de 13 enfants, dont 11 de la même mère à Covè, dans le département du Zou. D’un père fonctionnaire colonial, Robert Dossou a suivi ses études primaires et secondaires au Bénin. «Globalement nous sortons d’une famille modeste puisque mon père lui-même a dû faire des études pour rentrer à l’école Victor Ballot de Porto-Novo dans les années 1920. On faisait les études à l’école et à la maison», a déclaré Robert Dossou.

Son parcours scolaire brillant a été sanctionné par l’obtention de diplômes. «J’ai eu une scolarité normale, les sept (7) ans d’enseignement primaire, les sept (7) ans d’enseignement secondaire. À l’époque on passait deux (2) examens à la fin des études primaires. Je parle de la fin des années 1940 début 1950. On passait le CEP et le Concours des bourses ou le concours d’entrée en classe de sixième communément appelé concours des bourses parce que quand vous réussissiez ce concours automatiquement vous avez une bourse et vous faites vos études de manière tranquille » .

Très intéressé par cette bourse, l’avocat n’a pas hésité à passer le concours, ceci avec le soutien de son père et de ses enseignants. «J’ai passé le concours en 1952 et je suis rentré au collège Victor Ballot d’abord puis un an ou deux ans après mon entrée au collège Victor Ballot, le collège a été transformé en lycée Victor Ballot, et donc ça formait pour le Bac. J’ai eu mon BAC en 1959, puis je suis parti directement en France ». Ce voyage lui ouvrit la voie pour suivre des cours aux universités de Paris et de Bordeaux.

En France, Robert Dossou s’inscrit en droit. Plus précisément, il fait «des études de sciences politiques, de droit public, de droit privé et de sciences criminelles puis j’ai ajouté beaucoup d’autres choses dont je ne fais plus état. J’ai fait une très bonne formation dont je n’ai pas eu à me plaindre et qui a été utilisée à tous les services que j’ai eu à prodiguer ici ou ailleurs et puis dans la vie professionnelle». Il en sort nanti en 1962 d’un diplôme de l’institut d’études politiques de Bordeaux.

En 1966, il obtient également un diplôme d’études supérieures de Droit Public Paris, puis en 1968 un autre diplôme en Droit Privé et sciences criminelles Paris. Entre amphithéâtre et prétoires, une riche carrière professionnelle Jeune diplômé des universités de Bordeaux et de Paris en France, Robert Dossou démarre très vite sa vie professionnelle. Il a commencé en passant un concours de recrutement d’enseignant à la vieille Faculté de Droit et de Science Economique de l’Université de Paris en 1968. Il y donnera des cours de droit aux étudiants, avant de devenir successivement, en 1971 Directeur d’un laboratoire de recherche, puis Directeur des Études et d’autres fonctions.

À cette période, il fut sollicité par le premier Recteur de l’Université Nationale du Bénin (UNB) aujourd’hui Université d’Abomey-Calavi (UAC), Professeur Edouard Adjanohoun, pour enseigner comme il le faisait à Paris. Arrivé au Bénin, en collaboration avec les camarades feu Nathanaël Messanh, Professeur Maurice Glèlè, Feu Ignace Adjovi Bocco et d’autres, il créa la Faculté de Science Juridique, Economique et Politique, aujourd’hui Faculté de Droit et de Sciences Politiques (FADESP). Dans la foulée, Robert Dossou après avoir passé avec succès en 1964 l’examen pour l’admission au barreau de Paris, a ouvert dans son parcours son propre cabinet d’avocat. Ce cabinet, selon ses explications, lui permettait de subvenir à ses besoins, car les premières années en qualité d’enseignement à l’UNB n’étaient pas rémunérées. Son patriotisme et sa passion pour ce métier lui permirent de passer près de dix (10) avant de bénéficier de quelques années d’arriérés de salaire.

«Les premiers enseignants de cette université furent des gens de vocation, de conviction et des hommes sacrifiés à certains égards. Mais aujourd’hui, je vous garantis que je suis fier des sacrifices que nous avions faits, ceux qui sont encore là et ceux qui sont déjà partis pour l’éternité», s’est réjoui l’homme de droit.

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L’homme au parcours professionnel de plus de cinquante (50) ans résume assez bien sa carrière. «J’ai opéré dans des amphithéâtres d’universités ici et ailleurs pendant des années. Et j’ai plaidé dans des prétoires ici et ailleurs pendant des années. Voilà les deux (2) activités professionnelles que j’ai exercées» a-t-il confié. Par ailleurs, Maitre Robert Dossou a été également sollicité par des gouvernants, des associations internationales et en particulier pour des missions de consultation.

Robert Dossou, l’homme politique

Très connu dans le monde du droit béninois, Robert Dossou est aussi une figure importante de la vie politique de son pays le Bénin. Selon lui, cette sensibilité à la chose politique a commencé depuis le jeune âge. «Je suis un peu précoce dans beaucoup de domaines. Dès l’âge de six ou sept ans, je m’intéressais déjà à la politique parce que la politique naissait au Dahomey. C’était entre 1945 et 1946, et j’étais dans un milieu où on en parlait beaucoup. Les gens comme le Président Emile Derlin Zinsou, Apithy…, ils passaient à la maison voir mon père. Ils discutaient avec mon grand-père. Je suivais, ça boulonnait si bien que j’ai été pétri de ça très tôt. Vers l’âge de dix ou douze ans, je me mettais à faire campagne électorale, à suivre mes parents. Ils étaient UDD, et moi-même j’ai fait UDD. Ça n’a pas été un choix conscient, mais une sensibilité exprimée », confie Robert Dossou.

Une fois revenu au pays après ses études supérieures, les choses ont très tôt évoluées du côté de l’homme qui a pris goût à la politique et à la gestion publique. Il réussit à arracher un siège avec un mandat de député à l’Assemblée Nationale de son pays. «Moi je me suis proposé juste pour une fonction élective, la députation et puis de manière accidentelle la présidence, mais le reste on m’a sollicité et j’ai fini par accepter».

Plus tard, l’avocat a été ministre du Plan et en même temps Président du Comité National Préparatoire de la Conférence des Forces vives de la Nation du Bénin de décembre 1989 à février 1990. Ainsi, il participe activement à la transition qui conduisit son pays à la démocratie après des années de révolution. Trois (3) ans plus tard, en plein renouveau démocratique, l’homme est sollicité par le Président Nicéphore Dieudonné Soglo qui le nomme au poste de ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, une fonction qu’il occupe de 1993-1995.

En 2008, âgé de soixante-dix (70) ans, il accède à l’une des plus prestigieuses fonctions de la République. En effet, il est élu président de la quatrième mandature de la Cour constitutionnelle du Bénin, succédant ainsi à Conceptia Ouinsou. Il reste à la tête de la haute juridiction constitutionnelle de 2008 au 11 juin 2013.

Une retraite plutôt administrative pour Maitre Robert Dossou

Ayant occupé pendant plus de cinquante années la scène des amphithéâtres et des prétoires aussi bien au Bénin que sur le plan international, Robert Dossou aujourd’hui n’est pas pour autant au repos. À l’en croire, il vit une retraite plutôt administrative. L’ancien bâtonnier continue d’animer plusieurs conférences lors des colloques et de proposer des consultations pour des Etats, des associations ou Organisations Non Gouvernementales (ONG). «Je suis très très actif, j’anime des séminaires de colloque, je donne des conférences… Par exemple, je préside depuis plusieurs années, le comité Afrique de la Word Policy Conference, qui est un forum mondial réunissant des universitaires dans tous les domaines… ».

«Au barreau, je ne suis pas du tout retraité. Je suis encore actif, mais j’ai une équipe de jeunes, c’est eux qui courent pour le cabinet et moi je reste ici, je donne des idées, je prépare et je rédige des dossiers entiers et de temps en temps. Je vais aux audiences pour plaider, mais surtout quand il y a arbitrage, je fais les arbitrages de commerce international, je me déplace quand c’est nécessaire », a-t-il raconté.

À tout ceci, il faut mentionner aussi que maitre Robert a indiqué qu’il continue de mener d’autres activités qui lui permettent de maintenir sa pression intellectuelle. «Je lis encore beaucoup et je m’instruis énormément. La retraite ce sera quand le Bon Dieu va me rappeler », ajoutera-t-il pour conclure.

Ulrich ZINSOU

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