Memp/ Direction de l’inspection et l’innovation pédagogique (DIIP) : Millions détournés, Roch Ahokposssi au cœur du scandale

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Le Département enquêtes et investigations (Dei) du journal Le Potentiel met, depuis quelques mois, une emphase sur certains faits constitutifs d’infractions, de délits et ou de crimes au sein de certaines structures publiques. Si les informations collectées ainsi que les preuves qui les sous-tendent sont de nature à donner le tournis en raison de l’étendue et de la profondeur des forfaits commis, le choix d’une publication graduelle a été fait par la direction éditoriale de votre quotidien.

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Premier morceau choisi, le Ministère des Enseignements maternel et primaire (Memp). Ici, c’est la Direction de l’inspection et de l’innovation pédagogique (DIIP- Memp) qui sera sous le feu des projecteurs avec plusieurs millions FCFA détournés. Un personnage devient le visage parlant de ce scandale économique au regard des éléments et les informations disponibles. Il s’agit du sieur Comlan Germain Roch Ahokposssi, ancien Directeur de l’inspection et l’innovation pédagogique. En effet, dans une correspondance qui date de début juillet 2023, le groupe de presse Le Potentiel a saisi l’ancien DIIP-Memp dans le cadre d’une démarche d’investigation et en respect du principe du contradictoire. La démarche répond aussi à un devoir de professionnalisme dont a toujours fait preuve l’équipe de rédaction du journal Le Potentiel. À la base de l’investigation, des informations parvenues à l’équipe de rédaction du journal Le Potentiel entre mai 2020 à au moins septembre 2022, laissaient présager qu’il y aurait eu de nombreux actes qui font soupçonner l’existence d’un réseau de distraction des fonds publics et des malversations financières doublées de faux et usage de faux en écriture publique, dans l’organisation des missions de la Direction de l’Inspection et de l’Innovation Pédagogique (DIIP) placée sous l’autorité de Comlan Germain Roch Ahokposssi au moment des faits.

Les faits reprochés à l’ancien DIIP-Memp

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Comlan Germain Roch Ahokposssi a plusieurs points d’impairs qui lui collent bien à la peau. Si plusieurs millions de francs CFA du contribuable public ont été détournés sous sa direction, les stratégies de dilapidation varient d’un forfait à un autre. L’équipe d’investigation du journal Le Potentiel, après traitement des informations, a relevé par exemple qu’il y a eu le paiement des cadres malgré leur absence à plusieurs missions organisées. L’état de paiement n° 014/ATC-DII¨P du 28 octobre 2020 relatif à l’atelier tenu à Abomey du 11 au 21 mai 2020 ; l’état de paiement n° 012/ATC-DIIP du 28 octobre 2020 relatif à l’atelier tenu à Abomey du 1er au 20 juin 2020 ; l’état de paiement n° 013/ATC-DIIP du 28 octobre 2020 relatif à l’atelier tenu à Abomey du 22 juin au 11 juillet 2020 ; l’état de paiement n° 003/ATC-DIIP relatif à l’atelier tenu à Abomey du 17 mai au 6 juin 2021, etc., viennent attester de ce que plusieurs cadres absents, et donc n’ayant jamais pris part aux missions indiquées, ont cependant été gracieusement payés à coup de plusieurs millions de francs CFA. Toujours pour siphonner les ressources publiques, les agents de la DIIP-Memp se sont trouvés des pouvoirs de dédoublement. De pseudo superpouvoirs d’ubiquité qui ont permis à des agents d’être à la fois présents en mission et présents à leurs postes respectifs. Sur différentes missions, certains agents étaient par exemple présents à la fois à l’atelier du 2 au 8 octobre 2022 tenu à Abomey et à leurs postes respectifs au ministère dans la même période. Ces ‘’agents doubles’’ ont été payés suivant l’état de paiement n° 012/ATC-DIIP du 29 décembre 2022. Il en est de même quant à certains agents supposément présents à la fois à l’atelier du 4 au 9 septembre 2022 tenu à Abomey et leurs postes au ministère dans la même période. Ces derniers ont été aussi payés suivant l’état de paiement n° 009/ATC-DIIP. La même tricherie a été orchestrée dans le cadre de la mission tenue à Abomey du 18 au 28 septembre 2022. Dans tous ces cas, l’équipe d’investigation du journal Le Potentiel détient les pièces à conviction faisant office de preuves irréfutables avec la mention de tous les bénéficiaires de cette forfaiture qui a coûté des millions FCFA au contribuable béninois. Les noms de ces bénéficiaires seront bientôt publiés suivant l’évolution du dossier. Par ailleurs, sous l’autorité du Directeur de l’inspection et de l’innovation pédagogique Comlan Germain Roch Ahokposssi, des actes de détournement des frais de mission mérités par certains agents ont été commis. Selon les données disponibles, la pratique consiste à remplir normalement les formalités administratives au nom de certains agents ayant effectué des missions. Puis quand les frais de mission sont décaissés, les ayant droits ne sont nullement informés. Dans certains cas, les agents n’ont jamais effectué les missions, mais se trouvent curieusement sur les états de paiement. Le clou de l’affaire est que certaines missions pour lesquelles les cadres sont payés n’ont jamais été effectuées. C’est le cas par exemple de la mission fictive du 7 au 16 juillet 2021 à Abomey pour laquelle l’état de paiement n°004/DIIP renseigne que tous les cadres invités ont reçu leurs frais de mission.
Le bilan de toutes ces magouilles est lourd. Le préjudice subi par le contribuable public s’élève à des dizaines de millions de francs CFA.

Comlan Germain Roch Ahokposssi face au poids de ses erreurs

Il est l’autorité sur qui pèsent les impairs relevés à la direction de l’inspection et de l’innovation pédagogique. Le journal Le Potentiel lui a d’ailleurs adressé des questions pour lui donner une chance de s’expliquer afin de lever toute équivoque. Il était question pour Comlan Germain Roch Ahokposssi de justifier comment des fonds avaient pu être décaissés au profit de certains agents n’ayant participé à aucune mission ; d’apporter des éléments d’explication sur le don d’ubiquité de certains de ses collaborateurs présents à la fois au ministère et sur le terrain pour des missions ; d’indiquer la destination des frais de mission décaissés au profit des ayants droit, mais qui n’ont jamais perçu lesdits frais ; de lever le flou sur la façon dont les références de pièces d’identité, signatures et visas ont été obtenus, etc. Les rapports de mission d’atelier et des listes de présence ont aussi été demandés par l’équipe d’investigation du journal Le Potentiel afin de confronter les données. Alors que l’investigation était en cours, et ce, pendant plusieurs mois, le Conseil national de l’éducation (CNE) a confirmé être saisi d’une dénonciation contre le sieur Comlan Germain Roch Ahokposssi. Le CNE a même examiné et écouté les protagonistes. L’un des hauts responsables du Cne va confier plus tard, au regard de la gravité des faits, que ce dossier ne peut être classé sans suite. D’ailleurs, c’est sur instruction du CNE que le ministre Salimane Karimou a dessaisir Comlan Germain Roch Ahokposssi de la gestion de l’expérimentation de l’anglais au primaire et de toutes les réformes complexes. Mieux, Comlan Germain Roch Ahokposssi a été tout simplement suspendu de ses fonctions comme un malpropre de son poste de DIIP-Memp à seulement quinze (15) jours de son admission à la retraite. Par ailleurs, le CNE a aussi proposé au Memp Salimane Karimou d’engager ou de faire engager des procédures disciplinaires et judiciaires qui s’imposent en de pareilles circonstances. Mais en dépit de toutes ces recommandations et face à la gravité des faits, le sieur Comlan Germain Roch Ahokposssi a juste été relevé de ses fonctions. Aucune procédure judiciaire n’a jusqu’ici été engagée alors même que le rapport de l’inspection générale du ministère (Igm) est accablant. Qui donc a décidé de protéger le désormais ancien DIIP-Memp admis à la retraite en laissant derrière lui une ardoise noire ? Quoi qu’il en soit, le ministre des Finances devra dépêcher l’Igf pour enclencher une mission de contrôle de la gestion au niveau de la DIIP, mais aussi au niveau de toutes les directions et autres services sous tutelle du Ministère des Enseignements maternel et primaire dont nombreux sont trempés dans des magouilles. De même, la Brigade économique et financière, bras opérationnel de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) doit ouvrir une enquête policière pour clarifier le fond de cette affaire et décourager ce type d’actes dans l’administration. Si Comlan Germain Roch Ahokposssi n’a pas cru devoir répondre aux questions envoyées par correspondance par le journal Le Potentiel, c’est qu’il y a probablement un choix délibéré de faire obstruction à l’éclatement de la vérité. Votre quotidien s’engage à publier sur plusieurs semaines les preuves accablantes liées à ce sulfureux dossier de détournement de plusieurs dizaines de millions FCFA à la direction de l’inspection et l’innovation pédagogique. À suivre…

Brivaël Klokpê Sogbovi

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