Gestion scabreuse des ressources financières de l’État : À la Cena, la Dge dans le viseur des auditeurs

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À la Commission électorale nationale autonome (Cena), la Direction générale des élections (Dge) recevra très probablement la visite des auditeurs. Pas pour une partie de  »je viens vous féliciter ». Si l’information d’un audit à la Dge se précise de plus en plus ces derniers jours, c’est bien en raison des graves soupçons corroborés par des éléments à charge qui pèsent sur cette direction technique de la Cena. Tout est parti des révélations faites par le Département enquête et Investigation (Dei) du journal Le Potentiel. Au bout d’une enquête fouillée, basée sur des documents et une démarche du contradictoire, le quotidien en est arrivé à conclure qu’il y a un flou artistique autour de la gestion des ressources financières allouées à la Dge.

Le fait suspect est relatif au paiement des frais d’entretien pour deux (2) repas par jour à une dizaine de membres d’un comité mis en place pour la réception des documents et matériels électoraux. Ledit comité a été mis en place lors des élections législatives du 8 janvier. Ainsi que publié dans nos précédentes publications, cette décision de paiement signée du Directeur général des élections Boucary Abou Soulé Adam le 5 mai 2023 viole le décret n° 2007-155 du 3 avril 2007. La décision 2023 n° 044/CENA/DGE/DAF/S signée le 5 mai, soit plus de quatre (4) mois après les élections du 8 janvier 2023 a ainsi permis de payer illicitement des agents missionnés au sein de cette commission de réception des documents et matériels électoraux. Est-il encore nécessaire de rappeler que dans le cadre des élections législatives dont l’organisation a été entièrement financée par le contribuable béninois (aucun partenaire n’y a mis un seul kopeck), tous les agents de la Cena ont pris des salaires et perçu des primes régulièrement. Il est advenu, au regard du décret sus référencé, que le paiement des frais d’entretien de repas est contraire à l’orthodoxie financière.

Ensuite, cette décision signée du directeur général des élections fait qu’il y a aujourd’hui à la Dge des agents qui ont été payés trois fois pour une même activité électorale. En plus des salaires et primes déjà perçus, les membres de cette commission ont encore pris de l’argent spécialement pour la réception des documents et matériels électoraux. Cette situation qui crée un précédent grave ne risque pas de passer comme une lettre à la poste auprès du contribuable public. Ce sont les Béninoises et Béninois qui ont fait d’énormes sacrifices pour payer des impôts; lesquels impôts ont permis à l’État de financer l’organisation des élections. Il est donc inadmissible que les ressources du contribuable servent à payer trois fois des agents de la Dge pour une même activité. Dans ce dossier, le Conseil électoral (Ce) de la Cena n’a aucun de ses membres associé à cette commission de réception des documents et matériels électoraux.

Banniere carrée

Si le Conseil électoral, organe politique, et la Dge sont appelés à collaborer pour organiser les élections, il est tout à fait curieux qu’aucun membre du Ce ne soit associé à cette commission. La situation est suivie de près par le cœur du pouvoir Exécutif. Dans les allées du pouvoir, nos sources informent que le Président de la République, Patrice Talon, est en colère depuis qu’il a reçu les fiches élaborées par les services de renseignements sur la base des révélations faites par Le Potentiel.

Alors que ce paiement des frais d’entretien de repas est mis en avant, une source de la Dei du quotidien Le Potentiel a laissé entendre qu’il y a encore des reliquats sur les fonds ayant servi à l’organisation des élections. Ces reliquats devraient être reversés au trésor public. Jusqu’à mi-août, les sources du journal Le Potentiel apprennent que ces reliquats n’ont pas été reversés au Trésor public. Cette information oblige à s’interroger sur la date de signature de la décision qui prescrit le paiement des frais d’entretien de repas. Alors que les élections ont pris fin le 8 janvier, c’est le 5 mai que la décision a été signée. Voulait-on coûte que coûte consommer des reliquats non reversés au trésor public ? Face à ces soupçons et faits apparents de mauvaise gestion des ressources financières, les auditeurs de l’inspection générale des finances (Igf) vont bientôt envahir les locaux de la Direction générale des élections.

Cette information avancée par plusieurs sources politiques proches du palais se précise. Un grand ménage s’annonce à la Dge avec des révocations d’agents ayant même rang de directeurs embourbés dans le délit financier et des poursuites judiciaires. Au-delà du dossier des frais d’entretien de repas, la rédaction du journal Le Potentiel s’apprête à lancer une série de publications sur une autre gabegie financière à la Cena où des primes ont été payées en toute illégalité. À suivre…

Brivaël Klokpê Sogbovi

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