Échec de la proposition de révision constitutionnelle : Constitution, la loi mort-née conduite au cimetière

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Fin de suspens autour de la proposition de loi portant révision de la constitution du Bénin. 71 voix pour, 35 contre et 2 abstentions. C’est le résultat du vote effectué par les députés de la 9e législature ce vendredi 1er mars 2024 en séance plénière au palais des gouverneurs à Porto-Novo. Par ce vote, la proposition de loi portant révision de la constitution introduite par le député Assan Seibou a essuyé un échec. La loi n’a donc pu franchir l’étape de la recevabilité qui nécessitait l’approbation des ¾ de députés, soit 82 députés sur les 109 siégeant au parlement. Conformément aux prévisions du quotidien Le Potentiel, la proposition de loi a buté sur une minorité de blocage des 28 députés du parti d’opposition Les Démocrates.

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Au-delà de ce blocage du groupe parlementaire Les Démocrates qui était plus qu’évident, l’échec de la loi Assan Seibou est révélateur des clivages et des oppositions internes au sein de la mouvance présidentielle. Sept (7) députés issus des groupes parlementaires Union Progressiste le renouveau (Up-r) et du Bloc républicain (Br) ont en effet voté contre la proposition de la loi portant révision de la constitution. Il s’agit de la députée Edmonde Fonton (Up-r) ; du député Lazare Sehoueto (Up-r); du député Bio Gounou Idrissou Sina (Up-r) ; du député Justin Hounsa Agbodjèté (Up-r); du député Malick Gomina (Br) ; du député Lambert Agongbonon (Br) et du député Eustache Akpovi (Br).

Par ailleurs, deux députés toujours de la mouvance ont opté pour le carton jaune, synonyme d’une abstention. Il s’agit du député Léopold Lokossou (Up-r) et de la députée Rogatienne Aïkoelé (Up-r). Le vote étant à visage découvert, il n’était pas évident pour des députés de la mouvance de braver des consignes de leurs partis politiques respectifs pour aller contre cette loi de révision constitutionnelle en toute conscience.

Et pourtant ! Les sept députés sont allés courageusement puiser au fin fond de leurs tripes des ressources nécessaires pour voter contre cette proposition de loi portant révision de la constitution. Les deux autres députés abstentionnistes ont aussi marqué par ce choix leur distance claire par rapport à cette idée de révision à pas forcés de la constitution. Pour l’une des rares fois, dans le groupe des sept (7) députés, la députée Edmonde Fonton s’est courageusement distinguée. Au parlement, c’est rare de voir des femmes élues s’affranchir de l’influence même négative de la grande masse de leurs collègues hommes.

Mais sur ce vote, la députée du parti Up-r Edmonde Fonton a pris tout le monde de court. En votant ouvertement contre cette loi de révision constitutionnelle, la jeune députée Edmonde Fonton devient la figure du courage féminin en politique. Elle peut désormais faire école et les femmes engagées en politique pourraient prendre exemple sur elle pour affirmer davantage leurs voix sur la scène politique. Aucune autre femme députée élue de la mouvance n’a voté contre cette loi. La nature du vote a d’ailleurs dissuadé beaucoup d’autres élus de la mouvance de faire parler leurs cœurs. Sous anonymat, plusieurs députés issus des groupes parlementaires Up-r et Br jurent que si le vote était secret, ils seront bien plus nombreux à voter contre la loi Assan Seibou.

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Il va sans dire que le vote rouge des 7 députés et l’abstention des deux députés ne sont que la face visible d’un mécontentement populaire dans les rangs de la mouvance sur cette obstination révisionniste. OB remporte une première bataille, 2026 en jeuLe Président de la République Patrice Talon s’est ouvertement désolidarisé de tout projet de révision de la constitution. Il n’en veut d’ailleurs pas, disait-il début février 2024 face à la presse nationale. Et pourtant, le député Assan Seibou, président du groupe parlementaire Bloc républicain s’est obstiné à conduire à terme sa proposition de loi, avec le soutien d’autres députés de la mouvance.

Au sein même de la mouvance, beaucoup voyaient d’un mauvais œil cette obstination à vouloir coûte que coûte réviser la constitution. Les suspicions ont fini par gagner aussi les cœurs dans le rang des députés réputés proches de Olivier Boko à qui l’on prête des ambitions présidentielles en 2026. Personne ne sait ce qui pourrait advenir si la révision constitutionnelle aboutissait. Le Président Talon qui serait en froid avec son ami Olivier Boko en raison des projets politiques de ce dernier serait dans des manœuvres pour étouffer dans l’œuf lesdits projets, craignent certains élus pro-OB. D’ailleurs, certains parmi les députés qui ont voté contre la révision constitutionnelle sont connus pour leur proximité avec Olivier Boko.

Talon et Boko n’étaient pas présents au parlement vendredi dernier, mais chacune de leur ombre a plané sur le vote. Les pro-révisionnistes voulant faire plaisir à Talon ont donc été battus dans les urnes par l’opposition avec le soutien des députés dissidents de la majorité parlementaire. Dans la perspective des élections de 2026, le premier round du combat politique d’avant l’heure vient d’être remporté par Olivier Boko. L’ami fidèle vient ainsi de démontrer au Président qu’ils ont beau être amis, il saura jouer seul son destin avec stratégie en faisant voler en éclat le bloc compact des élus de cette mouvance restés trop dociles à Talon. Quoi qu’il en soit, le vote a réussi à semer le doute au sein de la mouvance dont le Chef principal est contraint de rebattre les cartes.

Et ça ne fait que commencer. 2026 s’annonce électrique avec des oppositions farouches internes à la mouvance et les contre-offensives de l’opposition radicale du parti Les Démocrates.

Brivaël Klokpê Sogbovi

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