Victoire de l’opposition radicale au Sénégal : la preuve qu’on peut bien avoir la farine de maïs et manquer de pâte
Le Sénégal et son peuple ont décidé de tourner la page. Les populations de ce pays considéré comme le bastion de la démocratie en Afrique sont actuellement dans un tournant définitif, vers une nouvelle ère et sous un autre système de gouvernance. La rupture avec l’ancien système porté par le Président sortant Macky Sall a été acté ce dimanche 24 mars 2024 lors de l’élection présidentielle. 7,3 millions de citoyens du pays de Léopold Seda Senghor étaient invités aux urnes pour élire ensemble le 5ᵉ président de la République.
À l’image d’un référendum, le peuple souverain a rendu une déculottée au candidat du camp Présidentiel Amadou Ba, ex-premier ministre qui s’en sort selon les premiers chiffres glanés avec environ 31% contre 53% pour l’opposition.
Ce changement rapide et voulu avec effervescence par les citoyens est le résultat d’une lutte de plusieurs années, implacable et dynamique faite par le parti d’opposition Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) dissous en juillet 2023 par le Président Macky Sall.
Entre persécution de ses militants, emprisonnement des autres et les différentes facettes judiciaires animées notamment par le régime de Macky Sall, le parti dont est leader Ousmane Sonko a su résister et démontrer à la face du monde qu’uniquement une volonté populaire et une résistance sont les moyens pour défendre la démocratie et l’état de droit.
Dans une crise profonde depuis 2021, avec la condamnation d’Ousmane Sonko Maire de Ziguinchor et l’affaiblissement du parti, la population sénégalaise avait perdu espoir et ne croyait plus au « projet » du PASTEF. Mais l’espoir est né de nouveau avec le lancement du processus électoral malgré un report depuis février 2024. Macky Sall, président de la République et leader du parti Alliance pour la République (APR-Yaakaar) a dans la foulée désigné pour le scrutin présidentiel son ex-premier ministre Amadou Ba.
Même si son choix a créé des tensions au sein du parti, il est celui qui a conduit les destinées de l’APR lors du scrutin de ce dimanche 24 mars 2024. Face à une opposition en lambeaux avec ses leaders emprisonnés, la majorité à l’Assemblée Nationale, au sein de l’administration publique, le contrôle de toutes les institutions et autres, Macky Sall n’a pu profiter de ces avantages pour s’imposer comme en 2012 lors de son élection à la tête du pays. Mieux, malgré l’instrumentation qu’il a fait de la justice selon l’opposition ces dernières années et son hégémonie dans l’arène politique nationale, Macky Sall est sorti pratiquement par la petite porte, humiliée et renvoyée à la retraite politique.
La populaire expression « On peut bien avoir la farine de maïs et manquer de pâte » a été confirmée chez le futur ex-président de la République. Malgré toutes les possibilités de travailler pour une réconciliation nationale entre les différentes communautés de défendre les 12 ans de son passage à la tête du pays qui a connu plusieurs progrès, Macky Sall, est obligé de déposer le tablier sévèrement sanctionné dans les urnes par son peuple.
Oui, c’est réellement le signe de l’arcane « FÂ dénommé LOSSO-OGBÉ » qui s’est manifesté toujours avec le dicton « On peut bien posséder la farine de maïs et manquer de pâte ». Macky Sall et son camp ont sûrement retenu les meilleures leçons de vie.
Ulrich ZINSOU