Rituels et conflits autour de la sépulture d’un mort à Comè : Un féticheur arrêté, un douanier fâché à l’origine d’une plainte
L’histoire est celle d’un conflit latent autour de la sépulture d’un défunt qui a fini par exploser. Les faits se déroulent à Ouedemè Pedah, un arrondissement de la commune de Comè, département du Mono. Dans cette région, le décès d’un membre d’une famille a très tôt été mis sur le coup d’une mort surnaturelle.
La famille en question à Ouedemè Pedah n’invente d’ailleurs rien. Dans plusieurs sociétés africaines, la plupart des morts ont toujours une explication : c’est une mort provoquée. Dans le cas d’espèce, à Ouedemè Pedah, des personnes sont accusées d’être à la base de la disparition de Monsieur X. Ces personnes sont même accusées de nourrir l’intention de faire d’autres rituels pour rendre pauvres certains et de tuer d’autres afin d’exterminer les belles âmes de la lignée. Ce n’est plus uniquement le défunt qui est au cœur du conflit.
Les proches du défunt seraient en danger. Et c’est ici que l’affaire va prendre une autre tournure. Parmi les personnes visées par le sordide plan »sacrifices » (si celui-ci est avéré), le nom d’un douanier de la famille a été cité. Un féticheur est vite repéré comme celui qui joue au trouble-fête. Fâché, le fonctionnaire des douanes a formulé une plainte contre le féticheur auprès du procureur. Un soit-transmis du parquet a obligé la police à interpeler le féticheur.
Les faits à l’origine de la plainte
Selon les recoupements d’informations, lors des cérémonies d’inhumation du défunt qui est un parent proche du douanier, le féticheur mis aux arrêts a posé un certain nombre d’actes.
Selon nos sources, après avoir immolé des moutons, coq et poules, le féticheur aurait versé le sang sur le visage et sur les pieds du défunt. Une autre source proche de la famille éplorée, affirme qu’il (le féticheur, NDLR) aurait aussi arraché des plumes couvertes de sang avant de les déposer sur le cadavre. Les mêmes sources précisent que le féticheur a aussi mis des feuilles et un canari dans la tombe avant d’y poser le cercueil.
Pis, ce même féticheur aurait fait fermer la tombe du défunt en laissant le cercueil ouvert à l’aide d’un gros bois. Cette situation intrigue plusieurs membres de la famille depuis l’inhumation du corps le 16 décembre 2023. Dans le narratif des faits, il ressort qu’à l’entame des rituels, le féticheur aurait prononcé des incantations à l’endroit du douanier et ceci dans un cercle de famille.
Ensuite, ce sont des menaces de mort et des propos de malédictions que le féticheur a proférés contre le douanier et toute autre personne qui tente de s’opposer à lui. Dans le développement de l’affaire, nos sources précisent que deux ou trois jours après l’inhumation, le seul frère vivant du défunt a interpellé les frères aînés du douanier pour savoir les raisons pour lesquelles des rituels inhabituels ont été faits au corps de son frère.
En remontant le filon, aucune explication convaincante n’est sortie de leurs bouches. Dès lors, toutes les conditions étaient réunies pour demander des comptes au féticheur. Le 7 avril 2024, lors d’une grande réunion, le douanier a exigé la présence du féticheur. De lui, il était attendu des explications sur les rituels réalisés sur le défunt. Comme à ses habitudes, informent nos sources, le féticheur a de nouveau renoué avec les menaces.
Cette fois-ci, c’est sans compter avec la détermination du douanier pour qui le féticheur devrait répondre de ses actes. Ne voyant aucun acte de pression et de remise en cause nette vis-à-vis du féticheur en famille, le douanier se décida d’aller porter plainte pour laver l’affront subi par la famille. Le féticheur sera alors arrêté par les éléments du commissariat de Bopa. Nos sources informent que le féticheur mis aux arrêts sera présenté au Procureur demain jeudi 30 mai 2024.
Ce fait, a priori, peut paraître banal. Mais les pratiques suspectes autour des défunts posent encore de réels problèmes dans les communautés.
B. K. S