Abus d’autorité, saisie et destruction de biens privés : Bembèrèkè : le commissaire Camille Adjanohoun humilie son collaborateur, la loi violée

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Son nom résonne désormais comme le symbole de terreur au commissariat d’arrondissement de Bembèrèkè. La terreur, le choix du mot est-il exagéré ? A priori non au regard de la scène dans laquelle le commissaire lui-même s’est illustré, comme acteur principal, au début de ce mois de juillet 2024.

Selon nos sources, le commissaire Camille Adjanohoun est en passe, si n’est déjà le cas, de transformer les relations verticales avec ses collaborateurs en un cauchemar traumatisant pour ces derniers.

Le Département enquête et investigation (Dei) du Groupe de presse Le Potentiel a cherché à savoir ce qui expliquerait la terreur dénoncée. Ici, presque tous les narratifs désignent le commissaire Camille Adjanohoun comme étant l’acteur principal qui rend la vie difficile à un collaborateur. Le dernier fait en date qui interroge toutes les consciences est relatif à un acte qualifié par certains hommes de droit  »d’abus d’autorité, saisie illégale et destruction de bien privé ».

Les faits sont d’ailleurs narrés par le commissaire lui-même dans une lettre de demande d’explication qu’il a adressée à l’un de ses collaborateurs, l’agent de police P. V. La lettre consultée par le Dei du Groupe de presse Le Potentiel date du 7 juillet 2024. Dans cette missive, le commissaire Camille Adjanohoun reproche à son collaborateur la  »manipulation insouciante de son téléphone », le port d’une  »tenue négligée » et le fait d’être  »débraillé, mais aussi chaussé de tapettes » aux heures de service.

Ce n’est pas tout ! Le commissaire Camille Adjanohoun est aussi en courroux parce que son collaborateur aurait utilisé des  »propos irrévérencieux » dans sa réponse. «Pendant que je vous réprimandais sévèrement, vous avez été surpris en train d’enregistrer mes propos dans une conversation WhatsApp sur votre téléphone, que j’ai immédiatement saisi et détruit sur place», lit-on dans la lettre de demande d’explication signée par le commissaire d’arrondissement de Bembèrèkè, Camille Adjanohoun.

Ce dernier estime par ailleurs que son collaborateur aurait violé les dispositions du décret n°2018-314 du 11 juillet 2018 portant règlement de service dans la police républicaine. Sauf que la lettre n’a jamais mentionné avec précision les articles qui auraient été violés par l’agent de police concerné.

La part de vérité du policier réprimandé

Dans ses éléments de réponse à la lettre de demande d’explication, l’agent de police P. V. a dressé un récit qui mérite attention. Selon le récit, le samedi 6 juillet, alors qu’ils sont dépêchés sur le terrain pour la patrouille pour 24 heures, l’équipe a été rappelée autour de 23h sur les instructions du commissaire. L’équipe de terrain devrait donc revenir à la base pour changer de véhicule de patrouille.

Dans les explications de l’agent de police, il ressort qu’aussitôt le changement de véhicule fait, l’équipe de patrouille s’apprêtait à repartir sur le terrain quand le comptable de la boîte leur a transmis une nouvelle instruction du commissaire : laver les deux véhicules de patrouille. «C’est ainsi que je me suis déchaussé afin d’apporter mon aide aux deux (02) civils commis à cette tâche. Quelques minutes, mon portable que j’ai mis en charge au poste sonna et à peine j’ai fini d’échanger avec mon interlocuteur que je vous vois venir avec votre femme et vos enfants», lit-on dans la réponse fournie par l’agent de police P. V.

La suite des échanges entre le policier et son commissaire est peu plaisante avec des propos peu courtois. «Tu te tais quand je parle. Impoli. Ou bien tu es fou ?», sont entre autres les propos désagréables qu’aurait tenu le commissaire Camille Adjanohoun dans les échanges virulents qu’il a eus avec son collaborateur P. V.

Les menaces de coller des paires de gifles au policier au motif qu’il serait un petit frère aux enfants du commissaire sont aussi des séquences des échanges peu plaisants ressortis. Selon les explications de l’agent de police P. V., cette violence verbale à nulle autre pareille se tenait devant l’épouse et les enfants du commissaire, les autres collègues policiers, les civils et même les personnes en garde à vue.

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Des photos du jeune policier auraient été prises sur instruction du commissaire. Sous le prétexte d’être enregistré, le téléphone portable de l’agent de police sera confisqué et détruit par le commissaire, privant du coup, un père de famille de continuer à communiquer avec sa famille. L’agent de police fait savoir qu’il a subi de graves préjudices dans cette affaire avec des traumatismes qu’il essaie de surmonter.

Excès, abus, violation des textes de loi

La lecture croisée des faits ci-dessus narrés permet de relever des abus d’autorité, un excès de zèle et une violation des textes de loi régissant le corps des flics au Bénin. Cette scène de violence verbale alimentée par le commissaire Camille Adjanohoun n’honore aucunement la police républicaine. De l’avis des experts du droit de travail et bien avisés des textes spécifiques relatifs à la police républicaine, le commissaire Camille Adjanohoun ne peut prétexter d’une faute d’abandon de poste. Puisque c’est lui-même qui a ordonné que les véhicules de patrouille soient lavés.

Dans ses éléments de motivation, le commissaire Camille Adjanohoun argue de ce que son jeune collaborateur est habillé en tenue négligée et débraillée. Là-dessus le jeune policier n’a pas nié le constat et a d’ailleurs expliqué dans quelles conditions il s’est retrouvé dans une telle posture. Sur la question, le Dei du Groupe de presse Le Potentiel a essayé de comprendre le régime juridique applicable à une telle  »faute » si on peut même le considérer comme tel.

De l’avis de nos sources qui se réfèrent au cadre réglementaire, le port d’une tenue négligée ou sale est une faute professionnelle prévue et punie par le décret 2018-316 du 11 juillet 2018 portant barème de punition à la police républicaine. La sanction prévue par ce décret est « codifiée » SPD 6.12 et entraîne une réprimande. Si le commissaire Camille Adjanohoun devait agir sous le couvert de cette disposition, il devrait seulement faire une réprimande au jeune policier. «La réprimande est vive, verbale, suivie de conseils et n’a rien à voir avec les injures et l’humiliation que ce commissaire a servi à son agent en présence de sa famille», a laissé entendre une source du journal Le Potentiel.

Analysant les faits, certaines sources parlent d’une « crise émotionnelle » ayant poussé le commissaire Camille Adjanohoun à briser et saisir le téléphone de son collaborateur. Objet d’injures et de cette scène humiliante, le jeune policier pensait qu’il était au bout de ses peines. Mais le  »tout-puissant commissaire Camille Adjanohoun » comme l’appellent désormais certaines sources, a poussé le bouchon loin.

La raison du plus fort étant toujours la meilleure, le pauvre agent de police qui a déjà essuyé les injures et l’humiliation devant la famille du tout-puissant commissaire et autres civils sera conduit et enfermé au commissariat central de Parakou. Sommes-nous toujours dans un État de droit ? Sont-ce désormais les humeurs et les crises émotionnelles du commissaire Camille Adjanohoun qui remplace les textes de loi dans la police républicaine ?

En agissant tel qu’il l’a fait, nos sources renseignent que ce commissaire viole l’article 44 du décret N° 2018-314 du 11 juillet 2018 portant règlement de service dans la police républicaine. Cet article dispose clairement que : «Dans l’exercice du commandement, les chefs hiérarchiques de tous grades doivent accorder une attention particulière à leurs collaborateurs et s’abstenir de toutes brimades, toute humiliation et tous traitements dégradants.»

Les faits sont suffisamment graves et certains pensent que nonobstant une sanction administrative exemplaire, le commissaire Camille Adjanohoun et ses complices doivent être poursuivis au pénal pour saisie illégale, destruction de bien privé et détention illégale et arbitraire. Les différends entre  »chefs et subalternes » peuvent survenir dans une structure. Mais l’élégance administrative recommande que le chef prenne de la hauteur pour gérer, dans le respect de la dignité de ses collaborateurs, les incompréhensions. Visiblement, cette élégance administrative a été mise en veilleuse par le commissaire Camille Adjanohoun dans le cas de cette affaire.

Déjà, le commissaire reconnaît qu’il réprimandait sévèrement son collaborateur P. V. Les réprimandes sont-elles censées se faire entre chef et subalternes en public, devant les civils et les gardés à vue dans un commissariat ? Un policier humilié de la sorte aura encore quelle influence sur les civils et même les détenus qui sont des acteurs externes au commissariat ? En agissant de la sorte, le commissaire Camille Adjanohoun ne sait-il pas qu’il fragilise l’autorité de ses collaborateurs qui en ont besoin pour réussir leur mission ? Ou alors, il joue la carte solo, « je suis le seul maître à bord du navire » ? Une telle approche est d’ailleurs prohibée dans la gestion des ressources humaines.

Le procureur devra s’intéresser au dossier afin de mettre fin à l’abus de pouvoir et stopper les patrons zélés qui terrorisent les jeunes agents de police au sein des commissariats.

B. K. S

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