Extension du réseau électrique haute tension : Zogbodomey : une maison de Désiré Vodonou partiellement démolie
Déjà en prison, l’ancien député Désiré Vodonou n’est visiblement pas au bout de ses peines. Depuis quelques jours, des rumeurs se faisaient insistantes sur un projet de démolition de l’une des maisons de l’ex-député située à Cana, son village natal dans la commune de Zogbodomey, département du Zou.
Le vendredi 2 août 2024, l’équipe du journal Le Potentiel dépêchée sur le terrain a fait le constat d’une maison partiellement démolie située au bord de la voie. Cherchant à savoir de quoi retourne cette casse, un parent proche de Désiré Vodonou qui a requis l’anonymat s’est confié à notre équipe de rédaction. « Le domaine sur lequel le bâtiment est construit a un titre foncier. Mais ils ont détruit sans aucun échange préalable avec nous (…)», fait savoir ce parent à l’ex-député le visage plein de déception.
Selon lui, les occupants de la maison ont juste été sommés de vider les effets de la maison avant le »grand jour de la casse ». Désiré Vodonou, malgré ses déboires avec la justice, a-t-il eu l’information ? À cette question, le parent proche de l’ex-député répond non sans hésiter.
« S’il avait été informé, et qu’on l’avait rassuré des dispositions pratiques de ce qui allait se passer une fois la maison démolie, on serait tous informés. Pour ce que je sais, Désiré n’a pas été informé. C’est d’ailleurs nous qui l’avons informé qu’un projet de démolition de sa maison est en cours », fait savoir notre interlocuteur qui soutient que l’ex-député ne serait pas contre une expropriation qui s’inscrit dans la ligne des textes de loi de la République. L’ex-député aurait acquis le domaine avec toutes les formalités depuis plusieurs années. Il y a bâti sa maison aussi depuis longtemps.
Son entourage surpris par la démolition partielle garde aussi une dent contre les ministres sectoriels et autres autorités administratives. « Avec le statut de l’honorable, de façon formelle ou informelle, ces cadres et acteurs politiques natifs aussi par moment de la région auraient pu le tenir informé depuis plusieurs années si un projet public devrait emporter un jour sa maison. Mais rien », soutient le parent proche de Désiré Vodonou sous anonymat tout en se référant désespérément aux articles de la Constitution béninois qui stipulent qu’aucune personne ne peut être expropriée sans être dédommagée à sa juste valeur.
Pour la famille de l’ex-député, la valeur des titres fonciers est désormais en cause. « Je vous dis que toutes les formalités sont remplies. La mairie qui est une entité de l’État a confirmé par l’entremise du maire avec des conventions de vente et des certificats administratifs et des titres fonciers. On s’étonne qu’aujourd’hui parce que c’est au bord de la voie qu’on vienne casser », a dit le parent proche de Désiré Vodonou. Si l’entourage de l’ex-député est encore sous le choc et peine à digérer cette démolition partielle de la maison située à Cana, du côté de l’État central, des arguments sont avancés pour justifier la chose. Selon le préfet du Zou, Firmin Kouton, joint au téléphone par la rédaction, le gouvernement a décidé de l’extension du réseau électrique haute tension de Cotonou jusqu’à Malanville.
Des poteaux se disposent déjà pour la cause. Pour le préfet, il n’est pas possible de faire passer le réseau haut tension au-dessus de la maison d’une personne. Il s’agit d’une mesure de sécurité pour éviter de faire courir des dangers aux citoyens, argumente-t-il.
Ensuite, l’autorité préfectorale fait savoir qu’il y a un décret qui fixe la largeur des routes inter- État à 40m. La route qui passe devant la maison de l’ex-député Désiré Vodonou à Cana est la route inter État 2 du pays, renseigne-t-il. La maison de l’ex-député a été donc partiellement démolie pour occupation du »domaine public ». La partie cassée serait celle qui est implantée dans le périmètre des 40m de largeur. En de pareilles circonstances, l’État qui casse n’est pas tenu de faire une indemnisation, a expliqué le Préfet Firmin Kouton. Le préfet soutient par ailleurs que des démarches ont été menées pour informer l’ex-député afin qu’il prenne à son tour des dispositions pour libérer l’espace.
Ce qui n’a pas été fait en raison d’une attente »d’indemnisation » post démolition. Entre la douleur du propriétaire dont le bien vient d’être détruit et les arguments de l’État qui détruit au nom de l’intérêt général (ici l’extension de la haute tension), ce sont des sentiments de panique qui resteront. Même avec un titre foncier sur un domaine bâti, les citoyens sont-ils toujours à l’abri d’une expropriation ou d’une casse soudaine?
B. K. S