Chaque année, le 15 août, les Béninois célèbrent avec ferveur la fête de l’igname, un événement riche en traditions et en symbolismes spirituels. La consommation de la nouvelle igname au Bénin est bien plus qu’un simple geste culinaire. Ce tubercule, profondément enraciné dans les traditions et croyances, est entouré de rituels et de sacrifices qui varient d’une région à une autre.
Pour certaines communautés, ignorer ces pratiques peut avoir des conséquences spirituelles. Au sein du peuple Mahi de Savalou, l’igname est particulièrement sacrée. Son importance est célébrée lors de la fête des ignames, où les prêtres du Fâ utilisent la nouvelle récolte pour revitaliser les noix sacrées du Fâ. Cette relation spirituelle entre l’igname et le Fâ est profonde. Le Fâ, système divinatoire, joue un rôle crucial dans la vie d’un individu, de sa naissance à sa mort. Les similitudes entre le cycle de l’igname et celui de la gestation humaine renforcent cette connexion. Tout comme un enfant passe 256 jours avant sa naissance, l’igname, elle aussi, prend 256 jours pour atteindre sa maturité. Offrir de l’igname au Fâ est perçu comme un geste sacré, une offrande de grande valeur spirituelle. Cela témoigne d’une volonté de se sacrifier pour recevoir la protection divine. Cette tradition n’est pas limitée au Fâ ; elle s’étend également au vodun, où chaque signe du Fâ est lié à un vodun spécifique. Ainsi, consommer l’igname devient un acte spirituel, un lien entre l’homme et le divin.Le 15 août 2024, cette tradition millénaire sera à nouveau respectée, marquant une fois de plus la célébration de la fête de l’igname, un moment de communion et de spiritualité pour les Béninois.
Kevin da-SILVA