Coût de l’élection des professionnels des médias à la Haac/7e mandature : 35 millions FCFA, 1259 électeurs, 3 postes… la Cena, un gouffre financier

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Le coût des récentes élections professionnelles de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) pour le compte de la 7e mandature, reviendrait beaucoup plus cher au contribuable béninois que celles précédentes.

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Dans un souci d’optimisation des coûts des élections professionnelles à la Haac, la Commission électorale autonome (Cea-Haac) structure ad’hoc chargée souvent mise en place pour assurer l’organisation desdites élections a été dessaisie. La Commission électorale nationale autonome (Cena) a été chargée de procéder à l’organisation desdites élections.

Mais au terme des élections professionnelles tenues le 9 juin 2024 au terme desquelles, trois (3) représentants des médias ont été élus, une question cruciale demeure : à quel coût la Cena a-t-elle organisé ces élections professionnelles ?

Au Groupe de presse Le Potentiel, le Dei a entrepris une investigation sur le sujet. En général, les élections professionnelles ont coûté plusieurs dizaines de millions de francs CFA, dont plus de trente-cinq millions (35.000.000) francs CFA requis et affectés à la Cena.

Des premiers recoupements effectués pour récupérer les matières mortes, le 4 avril 2024, par courrier n°032/CENA/PT/RAP/DGE/DAF/SP adressé au Président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) et en réponse à la correspondance n°3424/HAAC/SG/SGA, le compte numéro 1022678/74 intitulé CENA 2014 ouvert dans les livres du Trésor public béninois a été communiqué.

Dans la même journée, par référence 2024000202 le numéro de compte de la Cena a été crédité d’un faramineux montant de trente-cinq millions quatre cent quatre-vingt-sept mille (35.487.000) F CFA pour l’organisation des élections professionnelles.

Quelques jours après l’organisation de ce scrutin, les bruits de couloir entretenus dans certains milieux laissent croire qu’il y aurait eu une gestion opaque de la cagnotte mise à la disposition de la Direction générale des élections (Dge) de la Cena.

Face à ces graves accusations qui se faisaient persistantes, le département enquête et Investigation (Dei) du Groupe de presse Le Potentiel a engagé une investigation obéissant au principe sacro-saint du contradictoire. En août 2024, Le Potentiel a saisi, par courrier, le Directeur général des élections (Dge), Boucary Abou Soulé Adam.

De lui, votre Quotidien attendait qu’il apporte des éléments qui justifient ce montant faramineux de plus de 35 millions francs CFA pour une élection de seulement trois (3) personnes et dont les électeurs ne sont que 1.259 répartis dans 15 bureaux de vote seulement. Le Dge Boucary Abou Soulé Adam devrait aussi dire si c’est le registre d’inscription, la confection du bulletin unique, le transport du matériel, la supervision du processus électoral… qui ont requis de telles dépenses.

La Cena, un budget salé et une déception générale

Au cours de la collecte des matières mortes lors de l’investigation, le Dei du Groupe de presse Le Potentiel a saisi et obtenu du Dge Boucary Abou Soulé Adam, certains éléments de réponse sur ce que l’on appelle désormais  »le gouffre financier » des élections professionnelles à la Haac. Boucary Abou Soulé Adam a justifié ce montant vertigineux (plus de 35 millions francs CFA) de l’organisation de l’élection.

Selon lui, « la préparation intellectuelle des élections professionnelles des médias devant siéger à la Haac a démarré en janvier 2024 et conduit à une première rencontre entre la Haac et la Cena le 5 Février 2024 ».

Le Dge poursuit en laissant entendre que « l’organisation d’une élection consiste à un processus complexe soumis à des échéances précises. De ce point de vue, l’ampleur de la mission électorale ne tient ni du nombre de personnes à élire, ni des ressources mises à disposition (…) ». Sauf qu’une analyse comparative des budgets alloués à l’organisation des élections professionnelles de la Haac suffit à raviver la déception dans les rangs des citoyens soucieux de la gestion efficience des ressources financières de l’État.

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En faisant de la Cena, une institution permanente, la réforme avait pour but d’optimiser la gestion des processus électoraux. Il s’agit concrètement de réaliser des économies substantielles dans l’organisation des élections en disposant d’un personnel formé et dédié aux élections et en éliminant tous les postes budgétivores (formation des agents, confection et/ou entretien de matériels, supervision et/ou coordination, location de moyens roulants…).

Hélas, avec l’élection des professionnels des médias devant siéger à la Haac, le résultat est loin d’être atteint. Le coût total de l’organisation du scrutin a été multiplié, à comparer aux précédentes élections organisées par la commission électorale Autonome (Cea-Haac) alors même que les charges n’ont pas triplé. À voir de près le budget de la Cena, les postes les plus importants ont été réservés aux frais censés disparaître (ou du moins considérablement réduits) avec la réforme.

Des primes aux montants vertigineux ont été payées aux hauts cadres de la maison, des frais de supervision, de coordination, de mission ont été alloués… alors même que chacun de ses agents est censé percevoir un salaire pour contribuer à l’organisation des élections. Face à ce tableau, l’on se demande si la gabegie financière, pourtant combattue par le chef de l’État n’a pas fait son retour en fanfare par la porte de la Cena.

Pis, si une élection impliquant 1.259 électeurs pour 3 postes a coûté des dizaines de millions, qu’en sera-t-il pour les élections générales et la présidentielle de 2026 qui concernent 4 ou 5 millions d’électeurs ? La facture risque d’être beaucoup trop salée pour le contribuable béninois. Les données parlent et sont révélatrices du gros trou financier creusé par les organisateurs des récentes élections professionnelles de la Haac. Sous l’ancienne formule, aucune élection organisée par les professionnels des médias eux-mêmes n’a jamais coûté 15 millions de francs CFA.

Pas plus qu’aucune de ces élections n’a donné lieu à des procédures de contestation devant une juridiction. Passer d’un plafond de 15 millions environ à plusieurs dizaines de millions (dont plus de 35 millions pour la Cena) est plus qu’un échec en termes de bilan d’efficience en matière de gestion financière.

Cena : un dispatching du « butin » qui laisse perplexe

La Cena a pris plus de 35 millions de francs CFA pour son appui à l’organisation des élections des professionnels des médias à la Haac/ 7e mandature.

Une lecture des lignes budgétaires permet d’avoir des éléments d’appréciation sur la pertinence ou non des dépenses. Il s’agit des chiffres qui parlent. Le Département enquête et investigation (Dei) a eu copie du rapport financier de la Cena. Pour l’entretien de l’équipe chargée de la conception et du toilettage des textes, 10 cadres auraient travaillé pendant 5 jours pour un coût évalué à 1.480.000 francs CFA, lit-on dans le rapport de la Cena.

Or, ces cadres sont payés chaque mois pour le travail en période électorale ou non. Comment est-il possible qu’ils facturent la prestation au contribuable ? Tenez ! L’équipe chargée de la réception et de l’étude des dossiers de candidature serait composée de 15 cadres. Ces 15 personnes disent avoir travaillé pendant 10 jours pour un montant faramineux de 1.125.000 francs CFA.

Alors qu’il y a moins de 15 candidatures pour les récentes élections professionnelles, c’est à croire qu’on réceptionne ou étudie moins d’un dossier par jour. Plus loin, ce qui crève l’œil, c’est le paiement à hauteur de 900.000F pour entretenir l’équipe chargée de la conception et de la réalisation des documents électoraux et de formation.

Par ailleurs, dans le cadre de l’enregistrement des électeurs, les chauffeurs et les gardes du corps de la Cena ont pris une somme s’élevant à 2.910.000F. Le même rapport de la Cena permet de se rendre compte que les mêmes personnes sus citées ont perçu, pour la mission de formation, une somme totale de 2.510.000 francs CFA. Dans le rapport, il y a une mission dénommée  »enregistrement des électeurs » qui a coûté 5.300.000F au contribuable béninois.

La mission de formation des membres de postes de vote et la mise en place du matériel électoral et la veille électorale ont coûté 2.375.000 francs CFA. Pêle-mêle, l’analyse du rapport reçu de la Cena laisse voir des chiffres liés à certaines missions qui sont particulièrement trop élevés. Un directeur stratégique à la Cena gagne environ quatre millions de francs CFA comme salaire par mois. Le nom de ce directeur figure sur la liste des personnes devant percevoir de l’argent dans le cadre de son appui à l’élection professionnelle à la Haac.

Suivant quelle logique ce directeur doit poser comme exigence de recevoir de l’argent avant de travailler alors même qu’il est payé pour participer aux activités électorales ? Patrice Talon, le Président de la République doit être chagriné par ces faits. Il est apparemment le seul à nourrir la volonté de faire des économies et de réduire des dépenses pour faire face aux besoins sociaux. À bord du navire République, les organisateurs des récentes élections professionnelles de la Haac viennent de prouver que le son de la fanfare de la gabegie financière est loin de s’éteindre. À suivre…

Brivaël Klokpê Sogbovi

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