Désignation des membres du Conseil économique et social : Présidence du CES : un risque pour la mouvance

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Qui pour prendre la présidence du Conseil économique et social (CES) au Bénin ? La question aiguise, on peut le savoir, les appétits dans les cercles de pouvoir proches du Président de la République, Patrice Talon. Le 23 septembre 2024, l’Assemblée nationale a désigné ses représentants devant siéger au Conseil économique et social pour le compte de la 7ᵉ mandature.

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À ce stade, tous les regards sont tournés vers le gouvernement. L’exécutif doit à son tour désigner ses représentants qui devront siéger au CES, dont une personne au titre des personnes qui siègent au plan national et les autres au titre des personnes qui siègent pour le compte des 12 départements. À celles-ci viendront s’ajouter les représentants de la Chambre d’agriculture, des métiers, du commerce et de l’industrie.

Logiquement, la désignation de ces personnes ne devrait plus tarder. Dans les prochains jours, des noms seront connus du peuple béninois. Ensuite, la nouvelle équipe au complet sera installée. La vie de l’État ne s’arrête pas, et le fonctionnement des institutions suit son cours normal.

Mais qui parmi les représentants désignés sera à même de diriger le Conseil économique et social ? La loi organique du CES a tranché la question. Selon cette loi, le président du Conseil économique et social ne peut que provenir des représentants de l’Assemblée nationale ou du gouvernement. Une lecture rapide de la configuration politique au parlement renvoie l’image d’une majorité parlementaire favorable à l’action gouvernementale.

Le parti Union progressiste le renouveau (UPR) et le parti Bloc républicain (BR) forment un bloc majoritaire soutenant le gouvernement du Président Patrice Talon. Ainsi donc, si le futur président du Conseil économique et social doit provenir des représentants de l’Assemblée nationale ou du gouvernement, immanquablement, cela devient une affaire de la mouvance.

Patrice Talon devra donc composer avec le bon sens pour assurer un partage équitable des postes stratégiques dans l’appareillage d’État entre les partis qui le soutiennent. Patrice Talon tient à sa réforme du système partisan et souhaite d’ailleurs son renforcement continu. Par extension, l’espace institutionnel représente un pôle d’influence sur la consolidation ou non de ce système partisan.

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Un acteur politique convaincu du bien-fondé de ce système pourrait ainsi jouer un rôle clé dans son renforcement une fois installé à la tête du Conseil économique et social. Et cela, le Chef de l’État Patrice Talon le sait mieux que quiconque. Les choix des dirigeants des institutions en disent long. Le parti UPR contrôle, par exemple, le parlement avec Louis Vlavonou et la vice-présidence de la République avec Mariam Chabi Talata. Même si les présidents d’institutions comme celui de la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), de la Cour suprême et de la Haute Cour de justice n’ont pas de couleur politique claire, certains observateurs disent qu’ils sont proches du parti UPR.

Dans l’espace institutionnel, seul le Médiateur de la République est issu du parti Bloc républicain. Souci d’équité oblige, Patrice Talon devra pencher en faveur du parti Bloc républicain dans les discussions devant aboutir à la désignation du futur président du Conseil économique et social. Ce choix devra tenir compte du parcours académique, professionnel et de l’expérience du candidat choisi au sein du Bloc républicain.

Et Dieu sait, tout comme les hommes, qu’un tel profil existe au sein du BR. Il ne faudra donc pas chercher midi à quatorze heures pour le repérer. Le CES traite des questions économiques ; choisir un président du CES revient, à priori, à sélectionner parmi les hommes ayant une véritable expertise dans le domaine des finances.

À ce sujet, le Président de la République pourrait bien trouver ce profil parmi les « enfants » de l’une de ses épouses (ici, le parti Bloc républicain). Il s’agirait d’un principe d’équité dans la répartition des parts de pouvoir au sein d’une « famille polygamique », où l’autre épouse (ici, le parti UPR) a déjà reçu presque tout du mari.

Autrement dit, si le futur président du Conseil économique et social provient de l’UPR, Patrice Talon peut s’attendre à des critiques similaires à celles qu’on adresse à un homme polygame qui cajole et favorise trop une épouse au détriment de l’autre. Le dialogue au sein du parti UPR pourrait aussi les amener à renoncer, de facto, à la présidence du CES. Mais si l’avidité l’emporte, les clashs internes ne tarderont pas à se manifester.

Les risques de fragilisation accrue d’une mouvance déjà secouée par des faits présumés de tentative de coup d’État sont également à craindre. Cependant, Talon reste l’arbitre du jeu. Et le bon sens, teinté d’équité, devra primer sur toute autre considération.

SWEDD

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