La création de la Police républicaine constitue l’une des réformes phares initiées par le gouvernement de la Rupture dans le domaine de la sécurité en République du Bénin. Cette réforme ambitieuse, qui a fusionné les ressources de l’ancienne Police nationale et de l’ex-Gendarmerie nationale, continue, après plus de six ans, de susciter débats et critiques. Ces critiques émanent tant des agents en service, dont la motivation s’érode, que des anciens cadres aujourd’hui à la retraite.
Si remettre en cause l’ensemble de cette réforme serait une erreur générationnelle, il est essentiel de souligner qu’elle peut être sauvée. Ce sauvetage ne viserait pas à honorer uniquement l’initiateur de la réforme, Son Excellence Patrice Talon, mais mieux, il vise à garantir son succès pour le bien des citoyens béninois et des agents de la Police républicaine.
Cet article propose des actions simples mais hautement stratégiques, permettant, en l’espace d’un an, de relancer cette réforme afin qu’elle devienne, d’ici 2026, l’une des réalisations les plus réussies du gouvernement de la Rupture.
Il s’agit de :
1. S’inspirer de l’armée : promouvoir les agents méritants
La Police républicaine devrait s’inspirer de l’armée, qui a levé le verrou de la stagnation sur le même grade. Il est impératif que les députés introduisent des articles de loi permettant au DGPR d’envoyer à l’école tous ceux qui ont servi dans les zones rouges depuis 2018 de même que ceux qui sont restés plus de six ans au même grade sans une punition administrative.
Cette mesure relancera les carrières et redonnera aux agents l’envie de servir avec dévouement dans les zones rouges à l’image des militaires.
2. Régler les rappels des ex-policiers nationaux
Les rappels dus aux anciens policiers nationaux, résultant de la loi 2015-20 suspendue puis annulée à l’avènement de la Rupture, n’ont jamais été versés, contrairement à ceux des Douaniers et Forestiers. Cette situation nourrit des rumeurs selon lesquelles le Président Patrice Talon garderait rancune envers ces agents pour des différends sous le régime YAYI. Les fonctionnaires de police de l’ex police nationale nourrissent également ce même sentiment vis-à-vis du DGPR. Afin de dissiper ces rumeurs et de rétablir la justice, il est urgent d’instruire le paiement intégral de ces rappels.
3. Revenir à une gestion mixte des postes de commandement
Sous le leadership du Général Hounnonkpè, la pratique consistant à nommer conjointement un ancien policier et un ancien gendarme à la tête des structures de la Police républicaine avait permis un commandement apaisé. Aujourd’hui, la prédominance des ex-gendarmes dans les postes clés alimente frustrations et rivalités. Le DGPR, désormais civil et ancien fonctionnaire de police à la retraite, devrait corriger cette disparité pour rétablir l’équilibre.
4. Mettre en place une ligne budgétaire pour les primes de patrouille
L’annonce faite à la création de la Police républicaine concernant des primes de patrouille est restée lettre morte. Il est impératif que le gouvernement alloue une ligne budgétaire claire pour permettre le paiement de ces primes, même symboliques, afin de motiver les agents déployés sur le terrain.
5. Construire des commissariats modernes et des camps mixtes dans les zones rouges
Bien que la réforme ait renforcé le maillage territorial, les commissariats sont souvent installés dans des bâtiments vétustes ou inadaptés, au meilleur des cas dans les arrondissements. il importe la construction de nouveaux commissariats, beaux à l’image du chantre de la rupture et avec des structures qui renforçent la sécurité des fonctionnaires.
Par ailleurs,
Il faudra de mini-camps mixtes ( Police/armées) dans les zones rouges dont les clôtures seront de véritables forteresses pour les agents avec la mise a disposition d’un détachement militaire véritablement outillés pour renforcer la présence policière dans ces zones.
6. Suspendre ou revoir les conditions de mise à la retraite d’office pour garantir l’équité
Parmi les décisions qui freinent l’efficacité et l’adhésion à la réforme de la Police républicaine, la mise à la retraite d’office figure en bonne place. Pour garantir l’équité et éviter les tensions, il serait judicieux de suspendre cette mesure temporairement ou de la réviser en instaurant des critères clairs et consensuels. Ces critères pourraient inclure :
-Un quota équilibré entre les ex-policiers et les ex-gendarmes pour éviter tout favoritisme ;
-La possibilité pour les agents volontaires de manifester leur souhait de partir à la retraite anticipée ;
-La proposition des noms depuis la base par des chefs d’unités en concertation avec leurs équipes ;
-L’implication des délégués du personnel, qui pourraient examiner les listes avant leur validation par le DGPR.
Une telle approche participative et transparente renforcerait la confiance au sein des effectifs et permettrait de maintenir un climat de travail serein, essentiel pour le succès de la réforme.
En appliquant ces six mesures prioritaires, la Police républicaine pourra retrouver une dynamique positive et regagner la confiance des agents et de la population.
Ainsi, cette belle réforme pourra être comptée parmi les grandes réussites du Pdt Patrice TALON, Chantre de la rupture. Le Bénin sera dès lors un modèle de réussite de la création d’une force unique de sécurité intérieure par fusion de la gendarmerie et de la Police dans la sous région et dans le monde entier.
Komlavi L. APEGNAN