La création d’un tribunal spécial pour juger les crimes commis sous la dictature de Yahya Jammeh en Gambie marque une avancée majeure dans la quête de justice pour les victimes. Cette initiative de la CEDEAO, annoncée lors du sommet à Abuja, répond à des années de revendications locales et internationales pour faire face aux abus commis pendant les 22 ans de règne de Jammeh.
Yahya Jammeh a dirigé la Gambie de 1996 à 2017 sous un régime autoritaire, caractérisé par des violations graves des droits humains, notamment des détentions arbitraires, des assassinats extrajudiciaires et des violences sexuelles. Sa chute a été précipitée par sa défaite à l’élection présidentielle de 2016, suivie d’une période de tension où il a refusé de céder le pouvoir avant de s’exiler en Guinée équatoriale. Cette décision s’inscrit dans le prolongement des recommandations de la Commission vérité, réconciliation et réparations (TRRC), qui a mené des auditions entre 2018 et 2021 pour documenter les atrocités du régime. La TRRC avait exhorté les autorités gambiennes à traduire en justice les responsables des crimes, citant explicitement Jammeh et ses complices.
Médard CLOBECHI