Procès de l’ex-DGPN Houndegnon : des mandats de dépôt controversés, une exception de nullité avancée par les avocats
Le procès de l’ex-directeur général de la Police nationale, Louis Philippe Houndegnon, s’est ouvert ce lundi 16 décembre 2024 devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Dès les premières heures, la défense a soulevé des irrégularités majeures, accusant le parquet d’avoir antidaté des mandats de dépôt, en violation flagrante de la procédure pénale. Ces arguments, jugés cruciaux, ont conduit le tribunal à ajourner l’affaire au 27 janvier 2025 pour statuer sur les exceptions de nullité avancées par les avocats.
Des mandats de dépôt jugés irréguliers
Me François Kèkè et Me Charles Abouta, avocats des accusés, ont dénoncé des incohérences dans les mandats de dépôt émis par le parquet. Selon eux, le mandat concernant Camille Coffi Amoussou, co-accusé dans cette affaire, porte la date du 14 novembre 2024 à 16 h, bien avant sa présentation au parquet à 18 h le même jour. Une situation similaire aurait été observée pour Louis Philippe Houndegnon, alors en garde à vue à la Brigade criminelle au moment de l’émission de son mandat de dépôt.
Pour la défense, ces contradictions entre les procès-verbaux d’audition et les documents de détention constituent une entorse grave aux droits des accusés. Me Abouta a exigé la nullité de la procédure et la remise en liberté immédiate de ses clients.
La défense a également critiqué les conditions d’interpellation de l’ex-DGPN. Selon Me Kèkè, une équipe de 26 policiers aurait escaladé le mur du domicile de Houndegnon pour procéder à son arrestation, une intervention qualifiée d’excessive. Le prévenu aurait ensuite été menotté de 18 h jusqu’au lendemain matin à 6 h 50.
Durant sa garde à vue, Houndegnon aurait été interrogé sur des soupçons de complot contre l’autorité de l’État, une piste rapidement abandonnée. Les accusations se sont alors recentrées sur des faits présumés d’incitation à la rébellion et de harcèlement via un système électronique.
Le juge de la CRIET a décidé de renvoyer le dossier au lundi 27 janvier 2025. Lors de cette audience, il se prononcera sur la validité des arguments soulevés par la défense, une décision qui pourrait potentiellement faire basculer le procès.
Médard CLOBECHI