Burkina Faso : 30 ans de prison requis contre un fonctionnaire d’un ministère pour détournement de fonds
Amidou Tiégnan, fonctionnaire du ministère de l’Action humanitaire au Burkina Faso est dans de beaux draps. Son procès a pris une tournure spectaculaire avec une réquisition de trente ans de prison ferme par le procureur de la République. L’homme est accusé d’avoir orchestré un détournement de plus de trois milliards de francs CFA. Il risque de payer une amende colossale de 13 milliards de francs CFA. Ses biens seront également confisqués. Le scandale, qui ébranle l’administration publique burkinabé, implique plusieurs autres accusés qui écopent s des peines de 11 à 20 ans de prison.
Les faits présentés au tribunal décrivent un stratagème complexe mis en place par les auteurs. Amidou Tiégnan aurait émis et encaissé de nombreux chèques, détournant des fonds publics pour acquérir des biens immobiliers et des véhicules de luxe. Ce dernier parvient à falsifier à chaque coup, les signatures de ses supérieurs. Les sommes soustraites, estimées à plusieurs milliards de francs CFA, ont alimenté un réseau qui pourrait inclure d’autres fonctionnaires du ministère, selon une liste remise au tribunal par le principal accusé. Pour Maître Prosper Farama, avocat du Réseau national de lutte anticorruption (REN-LAC), cette affaire met en évidence les failles structurelles de l’administration publique. De son côté, Geneviève Ouedraogo, avocate de la défense, a tenté de nuancer la responsabilité de son client en pointant du doigt un système érigé sur des pratiques illicites enracinées. « Amidou Tiégnan n’est qu’un maillon d’une chaîne plus vaste. Il est l’élève de maîtres qui échappent aujourd’hui à la justice », a-t-elle déclaré. Dans un rebondissement en fin d’audience, Tiégnan a transmis une liste de noms de présumés bénéficiaires des fonds détournés, incluant plusieurs fonctionnaires du ministère de l’Action humanitaire. Ces déclarations promettent de prolonger l’enquête et pourraient dévoiler de nouvelles complicités au sein de l’administration.
Médard CLOBECHI