Tests de sélection interne organisés au Port autonome de Cotonou : PAC, candidats inaptes, des boiteux déclarés admis
Malgré tout, le flou persiste. Les essais de justification de l’administration portuaire accusée sont loin de convaincre. Au Port autonome de Cotonou (Pac), les récents tests de sélection interne organisés ne sont pas exempts de soupçons de fraudes. L’appel à candidature a été lancé par note n° 1582/24/PAC/DG/DOPS/CP/ DAF/DRH/SPS/SEGPF. Il y a en effet de graves allégations de fraude portant atteinte à la transparence des procédures internes lors de la sélection des agents aux postes d’aspirants pilotes, cycle de capitaine au long cours (CLC), postes d’aspirants stagiaires, cycle de formation au diplôme de mécanicien; postes d’aspirants stagiaires, cycle d’officier chef de quai à la passerelle (capitaine de remorqueur) postes d’aspirants officiers, cycle de lieutenant au long cours (LLC) et postes d’aspirants maîtres de quai. Ces tests ont été organisés par les services du Pac les 3 septembre et 7 octobre 2024.
Avec récurrence, de graves accusations sont portées contre les plus hauts responsables de l’administration portuaire par nos sources. Les soupçons portent ici sur l’admission de deux (2) candidats. Selon nos sources, ces candidats inaptes sont sur la liste des personnes admises et actuellement envoyées à Abidjan pour suivre une formation. A cette étape, pour des raisons pertinentes, notre rédaction n’a pas voulu révéler les identités des deux candidats.
Cependant, Le Potentiel se réserve le droit de publier ces noms selon les évolutions du dossier. Dans cette affaire, nos sources renseignent que deux candidats admis sont frappés d’invalidités physiques au moment du test et portant à ce jour des séquelles visibles. Chose curieuse ! Ces deux candidats ont non seulement été admis à compétir mais se trouveraient actuellement à Abidjan suivant les cours en violation du critère d’obligation de validité physique prescrite dans l’appel à candidature. « Les candidats ont été déclarés aptes au niveau du PAC par les médecins qui en ont la compétence, et, à ce jour, le centre de formation n’a pas signalé une inaptitude quelconque les concernant. Nos obligations de protection de données personnelles ne nous permettent pas de fournir les documents médicaux les concernant », a écrit Bart Jozef Johan Van Eenoo, Directeur général du Port autonome de Cotonou en réponse au courrier de Le Potentiel.
Chose curieuse ! Alors que le DG/ Pac refuse de fournir les certificats médicaux des candidats supposés inaptes mais déclarés admis, il a fourni un autre certificat médical d’un autre candidat recalé. Une même structure pour un traitement différentiel des dossiers des candidats à un même concours. Ce traitement différentiel fonde les esprits éclairés à penser que dans l’administration portuaire il y a les uns et les autres.
Sinon, pourquoi faire main basse sur les certificats médicaux des deux candidats accusés d’inaptitude et dans le même temps rendre accessible le certificat médical d’un autre candidat recalé ? Sans parrainage peut-être, ce dernier candidat recalé n’a pas eu les mêmes clémences de la part de l’autorité portuaire. Les obligations de protection des données personnelles n’ont pas été évoquées pour faire main basse sur ce certificat médical. Hors du carré d’AS, les candidats à ce test supposé frauduleux seraient aussi privés de traitement différentiel. Dans le cas d’espèce où les certificats médicaux des »candidats supposés inaptes » sont inaccessibles, l’attitude du Directeur général du Pac laisse cours à des hypothèses.
Soit les candidats supposés inaptes n’ont pas fourni de certificat médical, mais leurs dossiers ont été validés. Soit ils ont fourni les certificats médicaux avec mention des informations qui devraient pousser à les recaler. Dans le dernier cas, aucune autorité ne se sentirait à l’aise pour mettre à disposition d’un média ces certificats médicaux. Il y a une nécessité de diligenter une double enquête judiciaire et administrative pour faire tomber l’échafaudage. Nos sources sont formelles.
« Les candidats concernés ont été victimes d’accident. Parmi eux, une personne boite et n’arrive même pas à tenir debout longtemps sans appui (…)», a confié une source contactée par notre rédaction. Or, la formation nécessite une formation théorique mais aussi physique. Dans quelle condition, des candidats boiteux et inaptes physiquement vont-ils suivre cette formation et être utiles plus tard à l’administration ?
Difficile d’y croire. Ou alors, le Port autonome de Cotonou est en sur-liquidité, auquel cas, le choix de vider les caisses serait d’envoyer des candidats »inaptes » en tourisme à Abidjan pour suivre une prétendue formation ? Les dessous de cette affaire sont encore flous. Et en l’état actuel des choses, l’ouverture d’une enquête s’impose.
La brigade économique et financière et la CRIET sont attendues pour tirer au clair ce dossier. Au nom des intérêts de l’Etat, Il y a lieu de déclencher une procédure d’enquête pour décourager certaines attitudes qui règnent en maître au Port autonome de Cotonou. Le Potentiel donne rendez-vous à ses lecteurs sur d’autres aspects de ce dossier.
À la suite des alertes de fraude liées à l’organisation de ces tests de sélection interne au PAC, le Département Enquête et Investigation (DEI) du Groupe de Presse Le Potentiel, a engagé des fouilles sur les allégations portant notamment sur des fuites des épreuves, la constitution de listes préétablies d’agents, la promotion d’agents non qualifiés, des disparités flagrantes dans le traitement des dossiers, avec des rejets, etc.
Par ailleurs, plusieurs sources parlent d’une violation présumée de l’article 45 de la convention collective du Port Autonome de Cotonou, qui stipule qu’un travailleur doit justifier d’au moins six (6) années de service consécutives pour bénéficier d’une formation de longue durée, tandis que des critères réduits (quatre années d’ancienneté sous un contrat à durée indéterminée) auraient été appliqués. D’autres accusations de fraude lors des tests des 3 septembre et 7 octobre 2024, ont été rapportées par nos sources.
Il s’agit des fuites d’épreuves, de la divulgation de résultats avant composition, et l’intervention présumée de réseaux d’influence pour privilégier des candidats. Par ailleurs, des informations sur des décisions jugées discriminatoires, telles que l’ajout de candidates non retenues initialement aux programmes de formation sous prétexte de « promotion de l’équilibre de genre », en violation des critères de présélection sont revenues avec acuité lors de l’investigation conduite par le Dei.
Enfin, des responsables clés du Port autonome de Cotonou seraient impliqués dans l’orchestration de plusieurs irrégularités telles que les nominations anticipées, la divulgation d’épreuves, etc.
Brivaël Klokpê Sogbovi