Après l’attaque meurtrière au point triple à Banikoara : Généraux, officiers diplômés de guerre, soldats expérimentés au front
Le Bénin n’a pas encore fini de pleurer la trentaine de soldats tombés au front sous le feu des Individus armés non identifiés (Iani) au point triple le 8 janvier 2025. À Banikoara, commune abritant le point triple, l’ambiance est encore si lourde. L’odeur de l’intense combat de résistance des valeureux soldats béninois est encore là. Mais les populations portent encore les marques de frayeur à l’idée de se rappeler la fin tragique réservée aux corps des victimes par les Iani. Au-delà de Banikoara, c’est tout le Bénin qui est en pleurs. Hier 16 janvier 2025, la hiérarchie militaire a saisi l’occasion de la commémoration de la résistance à l’agression mercenaire du 16 janvier 1977. À la Place du Souvenir à Cotonou, l’instant du dépôt de gerbe en mémoire des vaillants soldats et civils décédés il y a 48 ans, Fructueux Gbaguidi, Chef d’état-major général des forces armées béninoises est revenu sur le drame du point triple.
Le patron de l’armée béninoise avait le visage attristé. Mais le ton est ferme et guerrier. Pas question de courber l’échine devant l’ennemi invisible, nomade et imprévisible au niveau des frontières béninoises. Alors que le deuil est lourd à porter, Fructueux Gbaguidi parle déjà des stratégies militaires susceptibles de permettre aux États de la sous-région de vaincre le mal terroriste. Une lutte »concertée » avec les autres pays voisins, dira-t-il. Mais en parallèle à cette stratégie qui peine pour le moment à être concrétisée en raison des brouilles diplomatiques entre les Etats, des mesures fortes doivent être prises dans l’urgence à interne.
Au point triple à Banikoara, la position victime de la razzia des Iani est composée, dans la quasi-totalité, de jeunes soldats très peu expérimentés. En dépit de leur courage et de leur vaillance, ces jeunes soldats n’ont pas encore capitalisé une riche expérience de la guerre. La situation ici est plus complexe. Il ne s’agit pas d’une guerre conventionnelle. Le mal terroriste est beaucoup plus complexe. Et pour y faire face avec efficacité, le courage seul ne suffit pas comme ingrédient de victoire. Il faut y ajouter de la stratégie surtout de l’expérience au front.
Depuis l’attaque barbare survenue au point triple, une question hante les esprits avertis : pourquoi les nombreux diplômés de guerre en fonction dans l’armée béninoise ne sont pas assez déployés ou n’étaient pas présents dans l’équipe de soldats au point triple ? La guerre est là. Il ne faut plus se cacher de le dire. Les Iani ont clairement déclaré la guerre au Bénin. L’armée béninoise compte dans ses rangs beaucoup d’officiers qui ont fait les meilleures écoles de guerre.

Ces derniers sont d’ailleurs les mieux expérimentés pour être en première ligne dans la riposte pratique (feu contre feu) sur le terrain. Dans la mise en œuvre de l’opération Mirador, pourquoi ne pas envoyer certains de ces officiers expérimentés sur des positions stratégiques ? Par ailleurs, les officiers supérieurs sont aussi un certain nombre actifs dans l’armée béninoise. Ces généraux capitalisent des savoirs théoriques avec une expérience de terrain.
Faire le choix d’envoyer au moins un général par zone rouge serait un atout d’appui stratégique et pratique dans la mise en œuvre de cette opération Mirador. Retrouver un officier supérieur dans le parc W avec son bureau, un autre dans le parc Pendjari, etc., permettrait de doper le moral de la troupe à chaque instant. Face à ce combat, il faut une mixité dans la composition des équipes au front. La vaillance des plus jeunes, la stratégie et l’expérience des plus anciens seront nécessaires pour mettre en déroute les incursions des Iani.
Le Bénin est en guerre contre le terrorisme. Le Chef suprême des armées, Patrice Talon et son ministre délégué à la défense nationale devront, de concert avec la hiérarchie militaire, scruter ces pistes pour endiguer le mal terroriste.
Brivaël Klokpê Sogbovi