
Le gouvernement sénégalais projette de renforcer le contrôle des médias et des réseaux sociaux par la création d’une nouvelle autorité de régulation. L’annonce a été faite par le ministre de la Communication, Aliou Sall, à l’ouverture de la conférence des régulateurs des médias francophones, qui se tient les 27 et 28 janvier à Dakar.

L’actuel organe de régulation, le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA), est jugé obsolète et inefficace. Habibou Dia, directeur de la communication au ministère de la Communication, a souligné ses limites : « Le CNRA manque de moyens, tant humains que financiers, et n’est pas équipé pour une surveillance technologique performante. Il est, par exemple, incapable de réguler les radios au-delà de Dakar. »
Selon les informations, le constat n’est pas nouveau. En 2020, le projet d’une Autorité de régulation de la communication audiovisuelle (ARCA) avait déjà été évoqué, sans aboutir. Cette fois, les ambitions vont au-delà des médias audiovisuels traditionnels. Le nouveau régulateur sera chargé d’encadrer non seulement la presse écrite et les sites web, mais aussi les réseaux sociaux, où l’influence croissante de certains acteurs interpelle. « Il y a des influenceurs suivis par des milliers de personnes qui diffusent des informations, souvent assimilables à de la publicité déguisée. D’autres se comportent comme des journalistes en publiant des informations qu’ils prétendent recouper. Il est nécessaire de prévenir la désinformation, les propos haineux et les fake news, tout en offrant un accompagnement à ces acteurs », explique Habibou Dia.
Dans un contexte de prolifération des fausses nouvelles et de contenus haineux sur les réseaux sociaux, cette réforme vise à mieux protéger les citoyens tout en garantissant une plus grande transparence dans les pratiques médiatiques. Ce projet ambitionne de poser les bases d’un cadre juridique adapté aux nouveaux usages et aux défis posés par l’ère numérique.
Médard CLOBECHI
