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Un héritage politique assumé… mais jamais reconnu: Nicéphore Soglo face à ses contradictions

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L’ancien président Nicéphore Dieudonné Soglo s’est exprimé ce lundi 10 mars 2025 sur RFI, livrant une critique à peine voilée du régime en place. Mais au-delà des mots, son discours révèle un paradoxe troublant, celui d’un homme qui voit, sans vouloir l’admettre, ses propres ambitions réalisées par son successeur Patrice Talon. Et lorsque Soglo prend la défense des « détenus et exilés politiques », c’est surtout son fils, Léhady Soglo, qu’il tente de réhabiliter.

Un héritier politique malgré lui ?

Il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître : Patrice Talon, qu’on l’aime ou non, incarne avec rigueur plusieurs idéaux que Nicéphore Soglo avait jadis portés. La modernisation de l’administration, la lutte contre la corruption, la restructuration économique et les infrastructures… Autant d’axes que l’ancien président avait esquissés, mais qu’il n’avait pu concrétiser.

Or, celui qui a réussi là où il avait échoué, c’est précisément l’homme qu’il critique aujourd’hui. Soglo voulait un État fort, mais il s’est heurté à une classe politique dévorée par ses propres intérêts. Talon, lui, a pris le pouvoir avec une vision claire et les moyens de l’imposer.

Un plaidoyer aux accents personnels

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Quand Nicéphore Soglo évoque les « détenus et exilés politiques », l’émotion semble sincère. Mais en creusant un peu, il apparaît clairement que son véritable combat n’est pas aussi universel qu’il veut le faire croire. Derrière ses grandes déclarations sur l’injustice, c’est d’abord le sort de son fils, Léhady Soglo, qui l’anime.

Condamné pour des affaires de gestion douteuse et contraint à l’exil, l’ancien maire de la ville de Cotonou est devenu le symbole du bras de fer entre l’État et une certaine élite politique. Mais peut-on vraiment parler d’acharnement lorsqu’un homme refuse d’assumer les conséquences de ses actes ? En défendant les exilés, Nicéphore Soglo défend avant tout un nom, un héritage familial.

Une mémoire à géométrie variable

Ce que l’ancien président ne dit pas, c’est que sous son propre mandat, l’exil politique existait déjà. Que les tensions entre pouvoir et opposition n’ont jamais disparu dans l’histoire du Bénin. Qu’en politique, les grandes causes cachent souvent des intérêts plus personnels.

Au fond, Nicéphore Soglo semble tiraillé entre deux vérités : celle d’un homme d’État qui voit ses idées enfin appliquées, et celle d’un père qui refuse d’admettre la chute politique de son fils. Mais l’histoire, elle, ne se trompe pas : les réformes qu’il rêvait de mener sont bel et bien en marche, portées par un successeur qu’il n’a jamais voulu reconnaître comme son héritier politique.

Joseph Sossou

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