L’ONUSIDA tire la sonnette d’alarme : la réduction drastique du financement américain pour la lutte contre le VIH/sida pourrait entraîner la mort de 6,3 millions de personnes au cours des quatre prochaines années. Cette décision, qui s’ajoute à un sous-investissement chronique dans l’aide humanitaire, menace l’accès aux traitements vitaux pour des millions de malades à travers le monde.
Selon Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA, le gel des financements américains risque de provoquer une recrudescence dramatique des infections et des décès liés au VIH, comparable aux niveaux des années 1990 et 2000. En 2023, le sida a causé 600 000 décès dans le monde. Ce chiffre pourrait être multiplié par dix en l’absence de correctifs. « Nous nous attendons également à 8,7 millions de nouvelles infections », a-t-elle averti lors d’une conférence de presse à Genève.
L’impact est déjà visible sur le terrain. La fermeture de nombreuses cliniques spécialisées prive les patients de traitements antirétroviraux, tandis que le licenciement massif du personnel de santé — médecins, infirmiers, techniciens de laboratoire, pharmaciens — aggrave encore la crise.

Les régions les plus touchées sont l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, qui concentrent 53 % du fardeau mondial du VIH. La fermeture des centres d’accueil pour les jeunes filles et les femmes est particulièrement préoccupante, alors qu’elles représentent plus de 60 % des nouvelles infections sur le continent.
Face à cette catastrophe humanitaire imminente, l’ONUSIDA exhorte Washington à revoir sa position. « Il est compréhensible que les États-Unis souhaitent réduire leur financement, mais un retrait brutal a des conséquences dévastatrices, surtout en Afrique, en Asie et en Amérique latine », a insisté Byanyima.
Avec environ 40 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde et 1,3 million de nouvelles infections en 2023, l’enjeu est majeur.
Médard CLOBECHI