Une affaire d’escroquerie secoue le Nigeria. Treize ressortissants chinois sont jugés pour une série de fraudes liées aux cryptomonnaies et à des stratagèmes romantiques visant à soutirer de l’argent à leurs victimes. L’enquête, menée par la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), a mis au jour un réseau sophistiqué employant des Nigérians et des étrangers pour exécuter ces fraudes.
En décembre dernier, un coup de filet spectaculaire a conduit à l’arrestation de près de 800 personnes dans un immeuble de bureaux à Lagos, où opérait l’organisation criminelle. Parmi les suspects figuraient 148 Chinois, 40 Philippins, un Pakistanais et un Indonésien. En janvier, 11 ressortissants chinois arrêtés à Lagos ont plaidé non coupables. Un mois plus tard, 40 autres ont reconnu leur implication dans des actes de cybercriminalité et d’usurpation d’identité.
« Les étrangers exploitent la réputation de notre pays comme un paradis des fraudeurs pour y dissimuler leurs activités criminelles », a déclaré Wilson Uwujaren, directeur des affaires publiques de l’EFCC, en réaction aux arrestations de décembre.

Avec plus de 100 millions d’internautes, le Nigeria figure parmi les pays les plus connectés d’Afrique. Cependant, la croissance rapide du numérique dépasse les capacités de surveillance des autorités, transformant le pays en un refuge pour les cybercriminels. Certaines organisations vont jusqu’à créer des académies clandestines, surnommées Hustle Kingdom, pour former de jeunes escrocs aux techniques de fraude en ligne.
D’après l’indice mondial de la cybercriminalité 2024, établi par l’Université d’Oxford, le Nigeria occupe la cinquième place mondiale en matière de cyberfraude. Une situation alarmante, qui coûterait au pays jusqu’à 800 millions de dollars chaque année. Face à cette menace croissante, les autorités nigérianes multiplient les opérations de répression, espérant enrayer ce phénomène qui ternit l’image du pays sur la scène internationale.
Médard CLOBECHI