Importation et commercialisation du riz au Bénin : Les commerçants nationaux victimes de concurrence déloyale, les expatriés dans le faux

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Que se passe-t-il dans la filière riz au Bénin ? Plus précisément, sur la chaîne de la commercialisation du riz, les opérateurs économiques nationaux vivent difficilement la tricherie sur les règles du commerce. En cause, des expatriés désignés comme des  »preneurs d’otages » de toute une filière créant des manques à gagner pour le trésor public béninois. Selon nos sources, certains de ces expatriés étaient des fournisseurs en Inde et au Pakistan. Décidés à envahir par eux-mêmes le marché domestique béninois, ils sont venus s’installer sur place livrant du coup une  »concurrence déloyale » aux commerçants nationaux. La situation serait déjà alarmante dans la filière riz avec des impacts directs sur l’équilibre de l’économie nationale du Bénin. Dans les rangs des commerçants nationaux importateurs, les mots sont mis sur les maux. Alors que les Indopakistanais sont accusés des faits graves occasionnant l’appauvrissement des importateurs béninois, le Président de la République Patrice Talon, lui, est appelé pour  »sauver les commerçants nationaux » et protéger l’économie nationale. Dans la même dynamique, la régulation du commerce est élevée au rang de norme de protection des acteurs économiques nationaux. Selon nos sources, une vague innombrable d’opérateurs économiques d’origine indo-pakistanaise exerce des activités commerciales en dehors du cadre réglementaire établi. De façon méthodique, des précisions sont apportées. Par exemple de septembre 2024 à décembre 2024, plus de 50 nouvelles sociétés ont été créées exclusivement pour l’importation du riz dénommé« Parboiled ». Dans un premier temps, expliquent nos sources, « le stratagème mis en place est qu’après onze mois d’activité ceux-ci ferment les dites sociétés et en créent d’autres l’année suivante pour éviter de déposer un bilan et éviter de faire face à leurs obligations fiscales ». Ici, la perfidie derrière la stratégie ferait perdre  »beaucoup d’argent au trésor public béninois ». À en croire nos sources, le riz  »parboiled » est exclusivement en transit vers le Nigeria. Les commerçants nationaux se posent alors des questions sur les volumes de riz parboiled qui transitent sur le territoire béninois.  »Ce volume est démesuré » et laisse croire que ce riz ne serait plus forcément en transit. Par ailleurs, ce qui inquiète le plus est l’origine douteuse des financements et le rapatriement de ce flux financier qui ne passe nécessairement pas par le système bancaire béninois. Nos sources font remarquer comme impact sur l’économie nationale, une hausse des recettes douanières en raison du fait que la plupart des opérations de vente sont réalisées avec du cash ce qui permet aux commerçants expatriés de contourner le système bancaire béninois et de rapatrier les fonds par des canaux officieux. Dans de pareilles conditions, nos sources défendent l’idée que le flux financier est diverti vers l’Inde, le Pakistan et Dubaï.Importation et commercialisation du riz au Bénin : Les commerçants nationaux victimes de concurrence déloyale, les expatriés dans le faux
« Il est inconcevable qu’il y ait plus de 200 étrangers sur le territoire béninois qui sont importateurs après avoir écrasé tous les importateurs locaux. L’importation ne nécessite aucune expertise pour qu’on ait autant d’acteurs non nationaux, mais c’est plutôt le moyen le plus simple pour eux de blanchir l’argent et notre pays ne serait cautionner ce genre de pratique», soutient un leader d’organisation des commerçants nationaux importateurs de riz. La même source poursuit en expliquant qu’il n’y a aucun contrôle sur le prix de vente de ce riz : « En une seule journée, 5 différents prix peuvent être appliqués pour le même produit. Ce qui perturbe toute la chaîne jusqu’au Nigéria ». Ce cliché de fait ne rassure guère. Elle constitue d’ailleurs une menace pour les opérateurs économiques béninois et crée un manque à gagner significatif pour les finances publiques. En définitive, c’est le Bénin qui sort perdant de cette invasion étrangère et la prise en otage de la filière d’importation de riz par les expatriés qui, en plus, ne jouent pas carte blanche sur les règles du commerce. Les recettes fiscales qui devraient revenir dans les caisses du trésor public s’envolent ainsi sous l’action déloyale des indopakistanais dans le circuit de l’importation du riz.

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Des mesures urgentes pour stopper l’hémorragie

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Face à la tricherie fatale orchestrée par les importateurs expatriés, les commerçants nationaux ne lâchent pas du lest. Des mesures urgentes et adaptées sont proposées pour rétablir le cadre commercial équitable à l’effet de protéger l’économie nationale. Il s’agit de (1) l’instauration d’un agrément d’importation de riz pour connaître les vrais acteurs et pouvoir retracer les flux financiers. La condition première serait de justifier d’une existence fiscale de minimum de 3 ans au Bénin avec un chiffre d’affaire supérieur à 1 milliard de fcfa. Il s’agit (2) d’un dépôt d’une caution de 100 millions FCFA au Trésor public pour les importateurs étrangers. Il s’agit (3) de la fixation d’un quota d’importation par acteur économique. Il s’agit de (4) de l’enregistrement préalable à la chambre de commerce de la marque à importer, ceci permettra, en cas d’empoisonnement alimentaire de retracer l’importateur facilement. Il s’agit de (5) de la limitation du nombre de marques à deux par importateur. Il s’agit de (6) l’identification et de la localisation des bureaux de tout importateur, ceci fera qu’en cas de changement d’adresse, l’obligation sera faite de se déclarer à la chambre de commerce, (7) le règlement des factures fournisseurs pour le tonnage importé doit transiter impérativement par les banques de la place, (8) l’interdiction aux importateurs de se substituer en grossiste, revendeur ou détaillant, cela peut conduire au retrait de l’agrément, (9) l’interdiction formelle de transvider les marchandises directement des conteneurs sur le domaine public ou tout autre espace commun si ce n’est dans les magasins dédiés à la cause, (10) la réunion mensuelle du bureau de l’association des importateurs et celle des revendeurs avec la chambre de commerce pour faire les rapports et le suivi de l’activité. De l’avis de nos sources bien intégrées à la filière riz au Bénin, cette série de 10 mesures permettra de réguler ce secteur de l’importation et mettre fin aux pratiques  »noires » des expatriés. Au nom de l’impératif devoir de protection de l’économie nationale, les autorités béninoises sont appelées à agir au plus vite pour rétablir les équilibres en matière commerciale.

B. K. S

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