Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a officiellement relancé le processus de mise à la retraite des agents publics, longtemps suspendu depuis 2023. Cette réforme d’envergure concerne plus de 300 000 fonctionnaires à travers le pays et s’inscrit dans une stratégie de modernisation de l’administration publique. Une décision en conformité avec les exigences du Fonds monétaire international (FMI).
Le projet, baptisé plan décennal 2025-2035 vise à rajeunir une administration vieillissante réduire la surcharge de l’effectif public, et assainir le fichier de la paie. L’exécutif mise sur une double approche : un mécanisme budgétaire traditionnel et un dispositif financier innovant, permettant un traitement progressif et durable des départs à la retraite.
Concrètement, 20 milliards de francs congolais (environ 7 millions de dollars) seront désormais alloués mensuellement à un sous-compte spécial logé à la Banque centrale du Congo. Dès 2026, les banques payeuses pourraient même avancer les indemnités aux retraités, remboursées ensuite par l’État à hauteur de l’ancienne rémunération, sans générer de surcoût pour le budget national.
La réforme vient corriger une série de pratiques administratives jugées peu responsables. Entre 2017 et 2018, en pleine période électorale, près d’un million de fonctionnaires avaient été recrutés sans couverture budgétaire, comme l’a rappelé Jean-Pierre Lihau, vice-Premier ministre en charge de la Fonction publique. « À l’époque, on a vendu du vent à des jeunes », a-t-il déclaré, dénonçant une gestion clientéliste ayant plombé les finances publiques.
En juin 2023, la RDC comptait 1,425 million d’agents publics. Ce chiffre, jugé excessif, rendait urgente une réforme structurelle, tant pour réduire la masse salariale que pour garantir la soutenabilité budgétaire.
La mise en œuvre de cette réforme ambitieuse sera encadrée par une commission technique interinstitutionnelle.
Médard Clobechi
