La Société Béninoise d’Énergie Électrique (SBEE) appelle une nouvelle fois les populations à libérer les emprises des lignes électriques à haute tension, un danger mortel trop souvent sous-estimé. Dans une interview accordée, Siméon Comlan Ahouissou, responsable du Département de Sécurité et Environnement du Travail a expliqué les dangers liés aux emprises de lignes électriques. Pour ne plus faire face à des risques d’électrocution, il est interdit aux populations de s’installer dans ces zones.
« Il est interdit de s’installer dans les emprises de lignes électriques, car ces zones sont de véritables pièges pour la vie humaine », informe Siméon Comlan Ahouissou. À l’en croire, les lignes exploitées par la SBEE, de 15 000 à 33 000 volts, représentent une menace directe pour les riverains. « Si une tension de seulement 24 volts peut tuer un adulte, imaginez l’effet de 15 000 volts », a-t-il averti.
En effet, les statistiques des emprises de lignes électriques effrayent. Selon la SBEE, 16 incidents électriques d’origine tierce ont été enregistrés depuis janvier 2022, causant 12 décès. « Ce sont autant de vies que nous aurions pu préserver si les distances de sécurité avaient été respectées » regrette Siméon Comlan Ahouissou
Les populations qui s’installent dans les emprises de ligne à haute tension s’exposent à quatre principaux dangers. Il s’agit de: l’Électrisation et électrocution : un simple contact accidentel avec les câbles peut être fatal ; arc électrique : le champ électromagnétique autour des câbles peut provoquer une décharge soudaine de plus de 3 000 °C ; explosion des transformateurs : les postes H61 peuvent éclater en cas de court-circuit, projetant de l’huile en ébullition sur les riverains ; risque mécanique : la chute d’un pylône ou d’un câble peut entraîner un écrasement mortel. « Nous avons déjà enregistré des drames, comme celui d’un homme et deux femmes électrocutés à Cotonou en manipulant une enseigne métallique à proximité d’une ligne », a rappelé Siméon Comlan Ahouissou. Le problème s’aggrave par l’occupation anarchique des emprises. Le marché de Bonou (Ouémé) et celui de Pahou (Atlantique) en sont des exemples criants. « Si un camion venait à percuter un poteau, les câbles sous tension tomberaient en plein marché, ce serait une catastrophe », a prévenu le responsable sécurité.
Par ailleurs, depuis l’arrêté interministériel du 4 novembre 2020, les zones de servitude des lignes électriques sont officiellement délimitées. Toute construction doit se situer à au moins deux mètres des câbles, mais la SBEE recommande davantage.
Les mairies sont désormais chargées de vérifier la conformité des constructions via les permis de bâtir. Mais malgré ces mesures, de nombreux riverains continuent d’ignorer les interdictions, faute de sensibilisation suffisante.
Pour la SBEE, l’électricité est un allié indispensable au développement, mais elle « ne pardonne pas l’imprudence ». L’entreprise réaffirme son engagement à intensifier la sensibilisation pour réduire les drames liés aux lignes à haute tension. « Nous demandons aux populations de libérer les emprises et de ne jamais s’y installer, ni pour une maison, ni pour un champ, ni pour un atelier », a martelé le responsable du Département de Sécurité et Environnement du Travail.
Médard Clobechi
